Bats les steaks. Les Français·es disent manger moins de viande et attendent davantage d’efforts de la part des pouvoirs publics pour accompagner cette dynamique, dévoile le Réseau action climat dans une enquête parue ce mardi.
53% des citoyen·nes attestent avoir diminué leur consommation de viande au cours des trois dernières années, révèle un baromètre publié ce mardi par le Réseau action climat (RAC) — qui regroupe des dizaines d’ONG écologistes — et Harris interactive. Cette enquête, déjà réalisée en 2021 et en 2023, explore le rapport des Français·es à la viande et leurs attentes vis-à-vis du gouvernement sur ce sujet.
Ce résultat est similaire à celui observé en 2023 — un signal positif, d’après le RAC. «C’est dans la continuité de notre précédent baromètre, où déjà plus de la moitié des consommateurs affirmaient avoir réduit leur consommation. Cela montre que ce résultat n’est pas exceptionnel ou uniquement lié au contexte d’inflation qui marquait la dernière enquête en 2023, mais qu’il est le signe d’une évolution plus large», analyse Benoît Granier, responsable alimentation au Réseau action climat, auprès de Vert.

Parmi les raisons invoquées, on retrouve en premier le facteur économique (52%), puis les raisons sanitaires (38%) et environnementales (35%), et enfin des préoccupations pour le bien-être animal (33%). Malgré cette dynamique, près d’un·e Français·e sur trois (30%) continue de manger de la viande chaque jour. Depuis vingt ans, la consommation moyenne de viande par habitant·e a reculé de 5,8%, d’après des chiffres du ministère de l’agriculture de juin 2024. «La baisse est légère mais continue», tempère Benoît Granier.
«Moins mais mieux»
Autre élément à retenir : «La santé est un argument prioritaire pour les gens qui aimeraient baisser leur consommation à l’avenir», note Benoît Granier. La semaine dernière, l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses) a publié une étude qui montre qu’un régime végétarien réduit le risque de développer certaines maladies (notre article).
Parmi les répondant·es qui ne souhaitaient pas réduire leur consommation, plus de 75% se disaient tout de même prêt·es à le faire si cela leur permettait d’acheter des produits de meilleure qualité, de faire baisser les importations ou de soutenir les filières d’élevage durables. «Ce narratif sur le “moins mais mieux”, c’est-à-dire une viande de meilleure qualité, porte et convainc même les personnes qui, a priori, n’auraient pas envie de réduire leur consommation», précise Benoît Granier, du RAC.
Plus d’implication des pouvoirs publics
Enfin, six personnes sur dix considèrent que l’État n’agit pas suffisamment pour inciter la population à réduire sa consommation de viande — un grief récurrent depuis le premier baromètre du RAC sur le sujet en 2021. Près d’un tiers estime que les pouvoirs publics ne font rien du tout pour sensibiliser le public sur ces questions.
«Manger plus végétal et de meilleure qualité suscite une adhésion massive, mais les Français ont besoin de politiques publiques pour les encourager à remplacer la viande par autre chose», détaille Benoît Granier, qui souligne le rôle des acteurs de la restauration collective, des restaurants et de la grande distribution pour proposer des alternatives de qualité, appétissantes et abordables.
Pour contrer ce manque d’action, le Réseau action climat porte une douzaine de recommandations, dont l’encadrement et l’amélioration de la transparence sur les marges des produits vendus par la grande distribution, ou encore l’interdiction de la publicité pour des aliments trop gras, sucrés et salés qui cible les enfants. Enfin, le RAC plébiscite la mise en œuvre d’un étiquetage environnemental sur les produits — à l’instar du Nutri-Score — pour assurer une meilleure information des consommatrices et consommateurs.
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