Ils l’ont fait pour de bon. Les députés viennent de voter la loi qui va entraîner de graves reculs écologiques. Mardi, après de longs mois de débat, les député·es devaient trancher un projet de loi fourre-tout censé «simplifier la vie économique». Un texte qui devait alléger la paperasse des entreprises ou des agriculteur·ices, et auquel des député·es de droite et d’extrême droite ont ajouté des amendements qui entraînent de lourds retours en arrière.

La droite a ajouté un article pour supprimer les zones à faibles émissions (ZFE) : un dispositif très imparfait, mais qui essayait de lutter contre la pollution de l’air en ville qui tue des milliers de personnes chaque année. Un autre ajout, la mort du zéro artificialisation nette (ZAN) : l’idée qu’on ne peut pas plus bétonner que ce qu’on rend à la nature. Ce qui devait protéger la biodiversité et nos espaces naturels.
Ces ajouts sont tellement scandaleux que même le groupe macroniste, qui était à l’origine de la loi, a fini par appeler à voter contre. Toute la droite, l’extrême droite et le centre ont voté pour, ce mardi : Rassemblement national (RN), Les Républicains (LR), Union des droites pour la République (UDR) – le parti de l’ancien chef des Républicains Éric Ciotti –, Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), Horizons, MoDem. Résultat : 275 pour, 252 contre
«Victoire culturelle»
Le texte doit encore passer en commission mixte paritaire (7 députés et 7 sénateurs) pour être définitivement validé, mais l’issue ne fait plus vraiment de doute. Le seul espoir : que le Conseil constitutionnel finisse par censurer ces articles qui n’ont rien à voir avec la loi initiale. Le carnage que l’on craignait est en train d’arriver.
Un député RN l’a parfaitement résumé : c’est une «victoire culturelle contre les écologies punitives». La droite et l’extrême droite ont gagné parce qu’elles ont réussi à faire accepter que les mesures de protection de l’environnement (et des personnes les plus fragiles) étaient de «l’écologie punitive», au mépris du réel.
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Elles y sont parvenues parce qu’elles nous ont inondé avec cette rhétorique dangereuse. Parce qu’elles ont investi massivement dans les médias depuis des années, avec l’aide de milliardaires (Bolloré, Stérin, etc.). Ce député RN confirme ce qu’on se tue à dire au quotidien : les médias contribuent à forger l’opinion du public sur les sujets les plus importants. Pas le choix : si vous voulez changer la «culture» de la société, il faut absolument investir dans les médias qui portent vos idées.