Bas les Musk. Des employé·es du département américain de l’«efficacité gouvernementale» – structure décrétée par Donald Trump et placée sous la coupe d’Elon Musk -, sont entré·es de force dans les locaux de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, ce mercredi. Leur objectif : mettre la pression sur les scientifiques.
«Poussez-vous !» Des employé·es du département américain de l’«efficacité gouvernementale» (Doge, en anglais) ont fait irruption dans le siège de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (ou Noaa), à Silver Spring (Maryland, États-Unis) ce mercredi, a indiqué le quotidien britannique The Guardian.
Le Doge est un organisme créé par le président Donald Trump le premier jour de son second mandat, et à la tête duquel il a placé le milliardaire libertarien Elon Musk, au poste de «conseiller». Depuis plusieurs jours, le patron de la tech et ses subordonné·es font la tournée des organisations gouvernementales jugées «nuisibles à la prospérité des États-Unis». Parmi elles : l’agence pour le développement international ou le bureau de ressources humaines de l’État fédéral.
«Ils font ce qu’ils veulent»
Cette fois, c’est donc l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (Noaa) qui a payé les pots cassés ; elle regroupe plusieurs services, dont l’agence météorologique américaine, chargée entre autres d’informer sur les événements extrêmes comme les ouragans.

Les employé·es du Doge ont cherché «à accéder aux systèmes informatiques de l’agence, a confirmé au Guardian Andrew Rosenberg, un ancien fonctionnaire de la Noaa devenu chercheur. Ils auront accès à l’ensemble du système informatique, dont une grande partie contient des informations confidentielles.» Donald Trump souhaite «démanteler» cette agence «nuisible» en raison de ses recherches en sciences du climat, qui risqueraient selon lui de gêner la croissance américaine.
Mais le Doge, qui n’est pas un ministère à proprement parler, n’a pas le pouvoir de supprimer une telle structure – il faudrait pour cela passer par le Congrès. L’intrusion de ses agent·es dans les bureaux des scientifiques vise donc surtout à les intimider. «Ils se présentent où ils veulent, font ce qu’ils veulent», décrit encore Andrew Rosenberg, auprès du journal britannique. Je pense que leur stratégie est la suivante : “Nous allons le faire et défier quelqu’un de nous arrêter, et le temps qu’ils nous arrêtent, nous aurons tout détruit”.»
«Obscurantisme»
Ce coup de force est «une atteinte gravissime aux sciences, à la démocratie, à l’avenir», a réagi sur Bluesky Pierre Charbonnier, chargé de recherches au CNRS. «Refuser le savoir au grand public, ça s’appelle de l’obscurantisme», a jugé de son côté la climatologue Valérie Masson-Delmotte, sur le même réseau social.
Incroyable. Les sbires de Trump et Musk sont entrés de force au sein de l'agence météorologique nationale (NOAA), pour lui couper les vivres et bloquer l'information climatique. Une atteinte gravissime aux sciences, à la démocratie, à l'avenir. www.theguardian.com/us-news/2025…
— Pierre Charbonnier (@picharbonnier.bsky.social) 5 février 2025 à 11:03
[image or embed]
Quelques heures plus tôt ce mercredi, le président des États-Unis a nommé un certain Neil Jacobs au poste d’administrateur de la Noaa. Ce dernier avait dirigé l’agence par intérim lors du premier mandat de Donald Trump. Et, comme le rappelle le média public étasunien NPR, il avait à l’époque exercé des pressions sur des scientifiques pour qu’ils modifient les prévisions météo, afin de les aligner sur des déclarations erronées du milliardaire. Outre-Atlantique, les faits scientifiques n’ont pas fini d’être menacés.
👉 Cliquez ici pour vous abonner à Chaleurs actuelles, notre nouvelle newsletter mensuelle gratuite sur la désinformation et les climatosceptiques.
À lire aussi
-
La liberté d’expression transformée en «arme de guerre idéologique», la chronique de Loup Espargilière dans la Terre au carré
Censure prise. Cette semaine, le rédacteur en chef de Vert revient sur le piège de la «liberté d'expression» telle qu'elle est présentée par l'extrême droite et sur le risque que cette conception fait peser sur la démocratie. Cliquez ici pour (ré)écouter cette chronique diffusée sur France inter, mercredi 29 janvier 2025. -
Quand la désinformation de Trump et Musk se déverse dans les médias français
Tout part à Bollo. Les fausses informations de Donald Trump traversent les frontières pour s’ancrer dans le débat public français, avec l’aide de médias permissifs. Emmanuelle Ducros, chroniqueuse à Europe 1, en a fait une belle démonstration.