Désarroi du pétrole. Climatosceptique, misogyne et raciste, Donald Trump fait son retour à la Maison-Blanche, ce lundi 20 janvier. Pour son nouveau mandat, le 47ème président des États-Unis a promis de développer les énergies fossiles et de se débarrasser des réglementations environnementales.
«Les éoliennes sont un désastre économique et environnemental». C’est ce qu’a proclamé Donald Trump sur son réseau Truth social, le 15 janvier dernier. «Je ne veux pas en voir ne serait-ce qu’une construite sous ma présidence», a-t-il lancé. Il promet de bloquer toute subvention en ce sens durant son mandat. En pratique, tous les projets éoliens n’ont pas besoin de financement de l’État, ni d’autorisation fédérale. Alors qu’il les qualifie «d’énergie la plus chère», de nombreuses études ont montré qu’aux États-Unis ils coûtent moins cher en moyenne que plusieurs autres sources d’énergie, telles que le charbon, hors aides publiques.
«Drill baby, drill» («Fore chéri, fore»). Donald Trump a promis deux grandes mesures dès le premier jour de son nouveau mandat : fermer la frontière avec le Mexique et «forer à tout-va». Le milliardaire américain n’a jamais caché son obsession pour le pétrole (notre article). C’est l’objet de ce slogan, scandé lors de la campagne présidentielle. Il dénonce les restrictions «paralysantes» qui pèsent sur la production domestique d’énergie et promet de «libérer l’énergie américaine», pour détruire l’inflation et faire chuter les prix. Il compte pour cela s’appuyer sur les énergies fossiles – dont le pétrole et le gaz –, ainsi que sur le nucléaire, afin d’assurer l’indépendance du pays. «Nous allons forer chéri, forer et nous redeviendrons indépendants en énergie, voire dominants», insiste son programme. Reconnaissantes, les entreprises pétrolières et gazières ont donné plus de 75 millions de dollars (soit plus de 72,7 millions d’euros) à la campagne de Trump.
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Chris Wright, un ministre de l’énergie défenseur des énergies fossiles. Il y a un an, le président-directeur général de l’entreprise Liberty energy avait affirmé dans un post LinkedIn qu’il n’y avait «pas de crise climatique et qu’[on n’était] pas non plus en pleine transition énergétique». Lors de son audition par la commission sénatoriale à l’énergie et aux ressources naturelles, la semaine dernière, il a nuancé ses propos, parlant du changement climatique comme d’un «fait». Il reste déterminé à développer les énergies fossiles, au moins autant que les renouvelables. Parmi celles-ci, il met l’accent sur le solaire et la géothermie. Chris Wright prône aussi la construction de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), perspective que Joe Biden a essayé de freiner avant son départ. Ce dernier avait décrété, en janvier 2024, un moratoire sur la construction de nouveaux terminaux.
J.D. Vance, un vice-président grand partisan du fracking. Alors que l’état de santé et de fatigue de Donald Trump (78 ans) est souvent pointé du doigt, le vice-président pourrait être amené à prendre de la place sur le plan politique, au cours des quatre prochaines années. Lors d’un débat face à Tim Walz, le colistier de la candidate démocrate Kamala Harris, J.D. Vance avait qualifié les sciences du climat de «weird» («bizarres», en anglais) et ouvertement questionné le lien entre les émissions de gaz à effet de serre et le dérèglement climatique.
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Sortie de l’accord de Paris. Dès le début de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait sorti les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Il promet de faire de même cette année, malgré l’annulation de cette décision par Joe Biden, et alors que les pays signataires doivent présenter leurs nouvelles feuilles de route climatiques – réévaluées tous les cinq ans – d’ici au mois de février. Anticipant les velléités de son successeur, Joe Bien a déjà publié le nouvel objectif des États-Unis : une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 61 à 65% par rapport à 2005 d’ici à 2035.
Son précédent mandat est marqué par plus de 176 mesures contre le climat, d’après les calculs de scientifiques de l’université de Columbia. Parmi les nombreux reculs, il avait cessé de financer le fonds vert pour le climat des Nations unies, qui doit permettre aux pays en développement de s’adapter aux dérèglements climatiques (notre article). Énergie, transports, pollution, industrie, adaptation… des changements de législation ont aussi amoindri la protection de la biodiversité, comme l’autorisation de chasser des prédateurs dans la réserve naturelle de l’Alaska.
Un détricotage en règle des agences environnementales. Le milliardaire aura la mainmise sur les agences fédérales, dont plusieurs institutions clés pour l’environnement : l’Administration nationale océanique et atmosphérique (NOAA), spécialiste du climat, le Bureau de gestion du territoire (BLM), qui gère les terres publiques – et notamment les parcs nationaux, riches en hydrocarbures -, ou encore l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Pour administrer cette dernière, Donald Trump a choisi l’ancien représentant républicain Lee Zeldin, qui prévoit de diminuer les réglementations environnementales pour «libérer la prospérité économique du pays», tout en garantissant «un air et une eau propres».
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