Brouillard épais, odeur de brûlé, air irrespirable… Depuis deux semaines, l’Espagne est en proie à de violents incendies qui ont déjà ravagé plus de 100 000 hectares et provoqué la mort de quatre personnes. Ce lundi, un triste record a été battu dans le pays : selon le Système européen d’information sur les incendies de forêt (EFFIS), 343 000 hectares ont été calcinés depuis le début de l’année, dépassant le précédent record de 2022 (306 000 hectares). Entre lundi et ce mercredi 20 août, 30 000 hectares supplémentaires sont partis en fumée.

«Nous avons actuellement 23 incendies actifs de niveau 2», des feux représentant une menace grave et directe pour la population, a résumé lundi matin à la télévision publique TVE Virginia Barcones, directrice générale de la Protection civile et des urgences en Espagne. Au cours des dernières heures, les sinistres ont fait une nouvelle victime : un pompier, dont le véhicule est tombé dans un ravin.
«C’est une situation très difficile, très compliquée», a abondé sur la même chaîne la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, évoquant la «virulence» et l’«ampleur» des incendies, ainsi que la fumée, visible depuis l’espace et qui complique «les interventions par voie aérienne».
«On ne voit pas les montagnes»
Dans les régions de Castille-et-León (nord-ouest de l’Espagne), de Galice (nord-ouest) et de l’Estrémadure (ouest), les habitant·es sont contraint·es d’évacuer leur maison et de porter des masques pour supporter la fumée. «Il y a comme un brouillard, on ne voit pas les montagnes qui sont à un kilomètre», a décrit Andrea Fernandez, 29 ans, une habitante de Ribadelago (Castille-et-León) jointe par téléphone.
Dans la zone, les éleveur·ses ont descendu leurs bêtes des pâturages pour les mettre à l’abri. Et à une centaine de kilomètres, à Benavente, José Carlos Fernandez, lui, n’a pu apercevoir le soleil qu’à partir de onze heures tant la fumée était épaisse. «L’air est irrespirable, très dense, l’odeur de brûlé entre dans les maisons», explique ce masseur de 47 ans, lui aussi joint par téléphone.
José Carlos Fernandez ressent «une immense indignation» face au manque de moyens : «C’était prévisible : nous avons eu un printemps très pluvieux, avec une explosion de la nature», autant de combustible pour qu’un feu s’embrase rapidement une fois l’été arrivé et la sécheresse installée.
Un pompier aussi décédé au Portugal
Le Portugal est lui aussi en proie aux flammes depuis fin juillet. Dans ce pays, c’est l’incendie d’Arganil, dans le centre, qui préoccupe le plus. La moitié des 2 000 pompiers mobilisés sur le terrain y sont déployés. L’un d’entre eux est décédé dimanche dans un accident de la route alors qu’il était en service.
Le Portugal détient le record européen depuis le début des relevés en 2006, avec 563 000 hectares brûlés en 2017, lors d’incendies ayant fait 119 mort·es.
La vague de chaleur, carburant des incendies, touche à sa fin, selon l’Agence météorologique espagnole (Aemet). La baisse des températures – qui ont atteint jusqu’à 45°C dans le sud de l’Espagne – promet d’être bénéfique pour toute la péninsule ibérique.
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