Vert au carré

Des agences environnementales ciblées par la droite : la chronique de Juliette Quef dans la Terre au carré

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Duplomb dans l’aile. Après s’en être pris à l’Ademe et à l’Office français de la biodiversité, Les Républicains ont lancé une nouvelle offensive contre l’Agence bio, raconte la présidente de Vert dans sa chronique pour l’émission La Terre au carré sur France inter.

Mathieu Vidard : Le Sénat veut supprimer l’Agence bio, qu’est-ce que c’est que cette histoire, Juliette ?

Eh oui Mathieu, la droite française semble partager avec le milliardaire américain Elon Musk une passion pour les coupes budgétaires. Dans leur quête d’économies, Les Républicains (LR) ont trouvé leur cible idéale : l’environnement.

Dernière attaque en date, celle contre l’Agence bio. Dans la nuit de vendredi à samedi, le Sénat a voté un amendement porté par l’élu LR Laurent Duplomb. Celui-ci supprime purement et simplement les crédits de l’agence et regroupe ses missions au sein de l’établissement public FranceAgriMer. La ministre LR de l’Agriculture, Annie Genevard, n’a rien trouvé à redire, et compte sur la «sagesse» des sénateurs.

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Mais ce choix en a fait sauter plus d’un au plafond, car l’agence bio est une petite structure. Ses dépenses de fonctionnement s’élèvent à 2,9 millions d’euros par an, une goutte d’eau dans le budget de l’État. Et elle joue un rôle essentiel : elle promeut l’agriculture biologique auprès des consommateurs, analyse le marché et soutient les filières.

Alors même que la bio traverse une crise majeure, beaucoup sont sous le choc. Philippe Camburet, le président de la Fédération nationale d’agriculture biologique, a exprimé son «incompréhension». Même la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs – pourtant plus proches de l’agriculture dite conventionnelle – jugent «indispensable» de soutenir la bio et ses filières.

Et ce n’est pas la première fois qu’une agence environnementale est menacée par la droite, n’est-ce pas ?

Exactement, ce n’est que le dernier épisode de la nouvelle série Netflix de ce début d’année, intitulée Les Républicains contre les agences vertes.

Déjà, à la mi-janvier, le président LR du Sénat Gérard Larcher questionnait l’efficacité de l’Agence de la transition écologique (Ademe), et Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, proposait carrément de la supprimer. Simple, basique.

Par ailleurs, la semaine dernière, dans sa déclaration de politique générale, censée donner le cap du gouvernement, notre nouveau premier ministre François Bayrou s’en est pris à l’Office français de la biodiversité (OFB). Cette «police de l’environnement» est chargée de veiller à ce que nos sols, nos eaux et notre air ne deviennent pas des décharges toxiques. Bayrou a qualifié les contrôles de l’OFB auprès des agriculteurs de «fautes», puis François-Xavier Bellamy et Laurent Wauquiez ont plaidé pour sa dissolution pure et simple. Voilà, ça s’appelle le comique de répétition !

Bien sûr, tout cela n’a pas manqué d’agacer l’OFB, déjà sous tension : en 2024, 55 agressions contre des agents avaient été recensées. Résultat : les inspecteurs de l’environnement se sont mis en retrait depuis la fin de semaine dernière et une grève se prépare pour ce vendredi.

Alors, comment expliquer cette offensive ?

Ces attaques contre l’Ademe, l’OFB et l’agence bio révèlent une incohérence criante. D’un côté, le gouvernement et ses alliés Républicains se disent engagés pour la transition écologique. De l’autre, ils veulent affaiblir les institutions qui rendent cette transition possible.

En voulant séduire des électeurs opposé·es à des normes perçues comme contraignantes, la droite privilégie une stratégie court-termiste, que l’on pourrait qualifier de populiste. Une posture qui met en danger une transition écologique déjà bien fragile.

Affaiblir ces agences, qui pèsent bien peu dans le budget de l’État, c’est compromettre notre capacité à répondre aux défis immenses que sont la perte de biodiversité, les crises climatiques, l’adaptation de nos modèles agricoles ou encore la raréfaction des ressources.

Ne serait-il pas temps, au contraire, de réaffirmer notre engagement collectif en faveur d’une société plus sobre, plus résiliente et plus solidaire ?

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