L’épisode de fortes chaleurs commencé le 19 juin se poursuit et s’intensifie en ce début de semaine. Il devrait même atteindre son paroxysme mardi, avec des températures quasi généralisées entre 38 et 40 degrés (°C), et la barre des 40°C dépassée localement dans plusieurs régions.
Ces maximales très élevées, combinées avec des minimales particulièrement hautes – qui ne redescendront pas en dessous de 20 à 24°C sur une bonne partie du pays –, représentent «autant d’éléments qui ont justifié l’émission de la vigilance canicule rouge mardi», détaille Damien Griffaut, directeur adjoint des opérations pour la prévision à Météo-France.

Mardi, à partir de midi, 16 départements seront placés en vigilance rouge canicule. Cela concerne tous les départements d’Île-de-France, plusieurs du Centre-Val de Loire (Cher, Loir-et-Cher, Loiret, Indre, Indre-et-Loire) et l’Aube, l’Yonne et la Vienne. Le seuil de vigilance rouge (le plus élevé sur l’échelle de la vigilance) n’avait pas été atteint depuis l’été 2023. Si le nombre de départements en vigilance orange ce lundi était record (84), ce ne sera pas le cas pour la vigilance rouge, puisque 20 d’entre eux avaient été simultanément classés à ce niveau d’alerte en 2019.
«Une canicule exceptionnelle»
Qu’est-ce qui a justifié un tel basculement entre lundi et mardi ? Le passage en niveau de vigilance rouge est collectivement décidé par Météo-France, Santé publique France et la Direction générale de la santé. Une vigilance rouge correspond à «une canicule extrême, exceptionnelle par sa durée, son intensité et son extension géographique, et présente un fort impact sanitaire potentiel sur la population», précise Damien Griffaut.
Ce seuil intègre également d’éventuels impacts sociétaux comme l’approvisionnement en eau potable, la sécheresse, l’aménagement ou l’arrêt de certaines activités (la fermeture des écoles, par exemple), précise Météo-France. Il n’existe donc pas de critères spécifiques : les autorités évaluent la situation au cas par cas, en considérant le caractère exceptionnel de l’épisode. Lorsqu’un territoire est en vigilance rouge, les autorités locales (préfectures, mairies…) sont chargées de décider de l’annulation de manifestations publiques (sportives ou culturelles, notamment).

Le basculement en vigilance rouge indique surtout que «tout le monde doit se sentir concerné par les gestes à adopter, car la vulnérabilité à la chaleur ne se limite pas aux personnes âgées, aux adultes surexposés à la chaleur ou aux enfants», souligne Agnès Verrier, chargée de prévention Santé et environnement pour Santé publique France. Un certain nombre de gestes doivent être adoptés pour limiter le risque de coup de chaud, dont une hydratation complète et variée (eau, fruits et légumes gorgés d’eau, yaourt, etc.).
Ce mardi bouillant intervient au treizième jour d’une vague de chaleur particulièrement précoce et durable – elle devrait durer 15 jours au total. «La dernière vague de chaleur la plus longue en juin remonte à 1976 et avait duré 14 jours, soit la même durée, mais avec des niveaux de chaleur bien inférieurs. Le changement climatique est passé par là», commente Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France.
Avec le changement climatique, les vagues de chaleur seront plus fréquentes, précoces et intenses. Par rapport à la période de référence qui s’étend de 1976 à 2005, le nombre de jours de vagues de chaleur devrait être multiplié par cinq à horizon 2050, et par dix en 2100, anticipe d’ores et déjà Météo-France.