Voilà deux semaines que le thermomètre dévisse. Vous avez chaud, et votre logement aussi. En 2024, la France comptait quelque 5,8 millions de passoires énergétiques – ces appartements ou maisons dotés d’une piètre isolation thermique (généralement classés F ou G dans le diagnostic de performance énergétique, le fameux «DPE»). On parle plus souvent de cet enjeu-là l’hiver, quand les factures de chauffage des habitant·es explosent. Mais il devient de plus en plus important l’été : les logements se transforment vite en de véritables bouilloires.
Dans ces habitations, les gens n’ont pas toujours les moyens (financiers ou logistiques) de mener une rénovation thermique – d’autant que le gouvernement a récemment suspendu, puis annoncé la relance, du dispositif MaPrimeRénov’. Mais «il y a quelques grands principes qui s’adaptent à peu près à tous les logements», amorce auprès de Vert Guénolé Conrad, coordinateur de l’association Low-tech lab, qui vise à valoriser des techniques sobres, accessibles et à faible impact environnemental (le low tech, ou «technologies douces»).
Empêcher le soleil de rentrer
Parmi ces grands principes : bloquer les apports solaires dans l’habitat. Idéalement, cela doit être fait à l’extérieur des fenêtres, pour éviter que le rayonnement infrarouge du soleil pénètre les vitres et réchauffe le logement.
Il s’agit de fermer ses volets ou ses brises-soleil, de déplier son auvent pour ombrager ses fenêtres, ou de poser un film anti-chaleur sur ses vitres (facilement trouvable en magasin de bricolage, entre 15 et 50 euros, selon la taille à couvrir).
Si vous êtes plutôt amateur·ices du système D, plusieurs options s’offrent à vous. Vous pouvez fixer du carton sur votre fenêtre pour limiter l’entrée du soleil. Pour éviter de vous retrouver dans le noir, privilégiez plutôt la couverture de survie (entre cinq et dix euros environ) scotchée à l’extérieur de la fenêtre (avec la face argentée exposée au soleil pour réfléchir les rayons) pour un effet pare-soleil efficace. Un tuto explicatif est disponible sur le site du Low-tech lab.

Vous pouvez aussi installer des rideaux thermiques (idéalement aux couleurs claires, pour refléter les rayons), qui fonctionnent aussi bien l’hiver que l’été. Ils sont posés à l’intérieur du logement et n’interceptent pas tous les rayons, mais sont une solution facile à mettre en œuvre. «L’essentiel est d’éviter que le soleil charge son énergie dans la masse de la maison, c’est-à-dire les planchers et les murs, car c’est ça qui va maintenir la température élevée le soir», souligne Guénolé Conrad.
Aérer son logement dès que possible
Pour faire retomber le mercure, une solution : l’aération. «Il n’y a pas de secret, explique Guénolé Conrad, du Low-tech lab. Il faut évacuer la chaleur en créant une circulation d’air.» Dès que la température extérieure redescend (le soir ou tôt le matin), toutes les fenêtres doivent être ouvertes pour renouveler l’air intérieur – c’est encore mieux si le logement est traversant.
Plusieurs solutions sont envisageables pour favoriser la circulation, dont l’utilisation de linge mouillé. On peut le mettre devant la fenêtre ou face à un ventilateur – une bassine d’eau ou un pain de glace fonctionnent également. C’est le principe de l’évaporation : la chaleur environnante servira à évaporer l’eau qui s’évacuera et rafraîchira l’air ambiant. «Ça peut faire gagner quelques degrés», estime Guénolé Conrad.
Sur son site Vivre avec la chaleur, l’organisme Santé publique France recense des techniques pour sensibiliser le public aux températures élevées. Il conseille d’orienter son ventilateur vers l’extérieur devant une fenêtre ouverte, au petit matin, pour faire sortir l’air chaud et le renouveler. Une astuce «utile dans un logement qui n’est pas traversant, et lorsqu’il est impossible de faire des courants d’air».

Végétaliser son environnement
Les plantes, c’est joli, et ça peut être un allié pour lutter contre la chaleur. Concrètement, le phénomène d’évapotranspiration (qui combine l’évaporation de l’eau dans les sols et la transpiration des feuilles des plantes) peut participer au rafraîchissement de l’air ambiant – dans des proportions limitées. Un arbre mature évapore quelque 450 litres d’eau par jour, soit l’équivalent de cinq climatiseurs en marche pendant 20 heures, évoque Santé publique France.
Attention, ce n’est pas une technique miracle pour autant : «Il faudrait une grande surface de terre bien humidifiée pour que ça puisse vraiment rafraîchir l’air», nuance Guénolé Conrad, pour qui cette technique reste «anecdotique» sur le plan des températures. L’intérêt de la végétalisation repose surtout dans la couverture qu’elle permet, puisque tout ce qui peut faire de l’ombre sur la façade, et principalement sur les fenêtres, est bon à prendre.
Vous pouvez ainsi planter des végétaux dans votre jardin, sur votre balcon ou même sur vos rebords de fenêtres. Les façades végétalisées peuvent améliorer le confort des habitant·es en protégeant le bâtiment du rayonnement solaire, détaille l’Agence de la transition écologique (Ademe) dans un guide pratique à destination du public. Attention toutefois à choisir des espèces résistantes à la sécheresse, pour limiter les besoins en eau. Dans certaines villes (Lille, Paris, Toulouse, etc.), il existe des «permis de végétaliser» que les habitant·es peuvent demander pour pouvoir jardiner dans leur rue et leur quartier, et ainsi contribuer à la création d’îlots de fraîcheur urbains.

Repeindre les surfaces extérieures en blanc
Une autre technique, celle de la peinture blanche, est moins accessible que les autres selon le type de logement, mais permet de rafraîchir l’habitat. Quand une surface est claire, elle réfléchit le rayonnement du soleil et absorbe donc moins de chaleur – c’est ce qu’on appelle l’effet d’albédo. Depuis plusieurs années, des entreprises se spécialisent dans la peinture des toits de bâtiments en blanc pour améliorer le confort thermique. Vous pouvez aussi le faire vous-même grâce à ce tutoriel disponible sur le Low-tech lab, inspiré par l’entreprise Cool roof France. Attention, «peindre les toits en blanc n’aura qu’un effet limité si la toiture est bien isolée», prévient l’Ademe. Cette technique est plutôt indiquée pour les passoires thermiques.
Les règles d’urbanisme empêchent parfois de repeindre sa toiture. Sachez que le principe fonctionne également sur d’autres surfaces qui accumulent la chaleur. «Si on a une cour en bitume noire chez soi, ne serait-ce que peindre en blanc, ça peut être une option intéressante», suggère Guénolé Conrad, du Low-tech lab.
Une question «de bon sens»
Au-delà de ces astuces, il faut adapter au maximum son quotidien pour limiter tout apport de chaleur supplémentaire, c’est-à-dire éviter d’allumer ses plaques de cuisson et son four, ou d’utiliser son aspirateur trop longtemps. L’impact de ces appareils semble anecdotique, pourtant ils peuvent ajouter quelques dixièmes de degrés. «Ces conseils sont basiques, estime le coordinateur de l’association, mais la démarche low tech est avant tout une démarche de bon sens, et elle peut faire la différence quand l’isolation thermique n’est pas une solution accessible.»