Chronique

«Colonialisme chimique» : la chaîne Youtube Histoires Crépues plonge au cœur du scandale du chlordécone

Dans le premier épisode de sa série sur le racisme environnemental, Histoires Crépues revient sur les problématiques liées à ce pesticide utilisé dans les cultures de bananes en Martinique et en Guadeloupe. Une vidéo qui permet de mieux saisir les enjeux autour de ce scandale sanitaire et environnemental.
  • Par

En 1968, un rapport alerte sur la potentielle dangerosité du chlordécone, un pesticide utilisé pour lutter contre un coléoptère qui s’attaque aux bananiers, le charançon. Pourtant, de 1972 à 1993, et alors qu’il est interdit en France hexagonale dès 1990, il est abondamment déversé dans les cultures de bananes de Martinique et de Guadeloupe, entraînant des conséquences dramatiques sur plusieurs générations.

Dans le premier épisode de sa nouvelle série sur le racisme environnemental, la chaîne Youtube Histoires Crépues revient sur ce scandale néocolonial. Le journaliste Rémi-Kenzo Pagès (qui collabore ponctuellement avec Vert) nous explique face caméra les responsabilités politiques et les conséquences en termes de santé et d’écologie. Une analyse rendue poignante par les témoignages des militant·es afrocaribéen·nes Théo Lubin et Lilith.

Un scandale sanitaire et environnemental

Histoires Crépues aborde un angle mort de ce scandale sanitaire, la question de la reconnaissance des maladies professionnelles. Aujourd’hui, seules trois maladies sont reconnues comme telles pour les ancien·nes ouvrier·es exposé·es au chlordécone : le cancer de la prostate (notre article), la maladie de Parkinson et les lymphomes non hodgkiniens. Alors que de nombreuses femmes ont travaillé dans les plantations de bananes, les maladies qui les concernent exclusivement n’entrent pas dans ce champ. Le Collectif des ouvriers et ouvrières agricoles antillais·es (Coaadep) se bat ainsi pour faire reconnaître le cancer de l’utérus, l’endométriose ou encore les troubles de la procréation comme maladies professionnelles.

© Histoires Crépues

L’utilisation du chlordécone a également eu des conséquences majeures sur l’environnement. Sols, végétaux, animaux et océans : la pollution est généralisée, on estime aujourd’hui qu’elle persistera pendant 4 000 à 11 000 ans. Pourtant, l’État nie toujours sa responsabilité (notre article).

Racisme environnemental et colonialisme chimique

Pour Rémi-Kenzo Pagès, ce scandale est l’illustration même du racisme environnemental : «C’est une notion développée aux États-Unis dans les années 1980. Elle désigne des pratiques ou des politiques différenciées à l’égard d’individus ou de communautés sur des bases raciales face à des catastrophes ou des pollutions écologiques.»

Lilith utilise quant à elle le terme de «colonialisme chimique» : «Il n’y a pas eu de vote démocratique comme pour la loi Duplomb, la population n’a pas eu voix au chapitre. Un petit groupe social de personnes a décidé pour l’ensemble d’une population.»

À travers cette vidéo, Histoires Crépues nous incite à prendre conscience de la dimension raciale de ce scandale et du procédé colonial en place. Une analyse essentielle et percutante.

⏰​ J-2 : soutenez Chaleurs actuelles avant le 21 décembre !

Chaleurs actuelles, c'est le grand projet de Vert pour gagner contre la désinformation climatique et l'extrême droite.

Avec votre aide, nous allons pouvoir vous offrir encore plus de décryptages et d'enquêtes en 2026, vous révéler des solutions pour savoir comment agir et donner à tout le monde les bons outils pour ne plus se laisser piéger par les discours climatosceptiques.

👉 Si vous le pouvez, faites un don à Vert sans perdre une seconde et recevez les avantages que nous avons prévus pour vous remercier. Chaque don compte ❤️‍🔥