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Le gouvernement va reconnaître le cancer de la prostate lié au chlordécone comme maladie professionnelle

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Ordon­nance sur décret. Le gou­verne­ment s’apprête à recon­naître le can­cer de la prostate comme une mal­adie pro­fes­sion­nelle pour celles et ceux qui ont util­isé le chlordé­cone, ce pes­ti­cide inter­dit depuis les années 1990 qui con­tin­ue d’empoisonner les habitant·es des Antilles.

Invité de l’émis­sion « Dimanche en poli­tique » dif­fusée hier sur France 3, le min­istre de l’A­gri­cul­ture, Julien Denor­mandie, a détail­lé le futur plan du gou­verne­ment pour « répar­er l’en­vi­ron­nement pol­lué par le chlordé­cone » dans les Antilles français­es. Celui-ci sera doté de 92 mil­lions d’eu­ros étalés « sur plusieurs années ». Par­mi les mesures annon­cées : un décret pub­lié « avant la fin de l’année » devrait recon­naître le can­cer de la prostate lié à l’usage de chlordé­cone comme mal­adie pro­fes­sion­nelle. Ce qui devrait ouvrir la voie à des indem­ni­sa­tions. Il s’agis­sait de répon­dre à « une demande légitime, tenue depuis fort longtemps par les pro­fes­sion­nels », a jus­ti­fié le min­istre.

Plus de 90 % de la pop­u­la­tion en Guade­loupe et en Mar­tinique est con­t­a­m­inée au chlordé­cone, selon San­té Publique France. Les taux d’im­prég­na­tion sont toute­fois très vari­ables en fonc­tion des indi­vidus, cer­tains d’en­tre eux accu­mu­lant de plus forts taux sus­cep­ti­bles de déclencher des mal­adies. En juil­let, l’Institut nation­al de la san­té et de la recherche médi­cale (Inserm) avait jugé « vraisem­blable » la « causal­ité de la rela­tion entre l’exposition au chlordé­cone et le risque de sur­v­enue de can­cer de la prostate ». Le taux d’in­ci­dence de ce can­cer est en effet plus élevé dans les Antilles français­es qu’en France mét­ro­pol­i­taine (San­té Publique France).

Man­i­fes­ta­tion pour une meilleure prise en charge des vic­times du chlordé­cone © Col­lec­tif Chlordé­cone — Décon­t­a­m­i­na­tion, Rimèd, Répa­ra­tion

Util­isé à par­tir des années 1970 pour lut­ter con­tre le cha­rançon de la banane, le chlordé­cone a été inter­dit d’usage en France mét­ro­pol­i­taine en 1990 en rai­son de sa tox­i­c­ité large­ment doc­u­men­tée. Son autori­sa­tion a toute­fois été pro­longée par déro­ga­tion min­istérielle dans les Antilles français­es jusqu’en 1993.

La recon­nais­sance et la prise en charge plus large des impacts du chlordé­cone sur la pop­u­la­tion antil­laise font par­tie des reven­di­ca­tions qui s’a­joutent à la con­tes­ta­tion en cours depuis plusieurs semaines en Guade­loupe et en Mar­tinique. Les 17 syn­di­cats qui ont appelé à la grève générale la semaine dernière en Mar­tinique récla­ment notam­ment la prise en charge totale des tests de chlordé­conémie, qui mesurent sa con­cen­tra­tion dans le sang (ARS).