Milite planétaire. Tantôt critiqué, tantôt admiré, le mouvement Extinction rebellion est souvent mal compris. Un documentaire de 52 minutes veut déjouer les clichés pour explorer ce qui pousse ses militant·es à s’engager. Il est diffusé ce jeudi soir sur France 3 Paris Île-de-France, puis sera accessible sur le site de France télévisions.
L’une sort d’école de commerce, l’autre travaille dans un ministère… Elle et il ont des profils variés, mais un point commun : leur soif d’agir pour la planète. Dans Extinction rebellion : amour et rage, un documentaire de 52 minutes réalisé par Charlotte Espel, on suit le parcours de quatre activistes du groupe Paris-nord d’Extinction rebellion (XR) pendant plusieurs mois. Fondé en 2018 au Royaume-Uni, ce mouvement écologiste prône la désobéissance civile non violente.
Qui sont ces écolos ? Pourquoi s’engagent-ils ? Quel impact a leur activisme sur leur quotidien ? Autant de sujets qu’explore la réalisatrice Charlotte Espel auprès de Pandragon, Pépin, Panthère et Goupil — les pseudonymes adoptés par les militant·es. «Je voulais cerner ce qui les anime, ce qui les pousse à sortir de leur canapé et à passer à l’action», raconte à Vert Charlotte Espel. Dans ce film, on les voit dans des réunions, au cœur d’actions sur le terrain, au tribunal, et devant les commissariats.

Colère, peur, tristesse, doute, joie… Ce récit touchant raconte le grand huit émotionnel de l’activisme. «L’enjeu, c’est de transformer cette rage en énergie», témoigne l’un des activistes. On suit aussi des personnes prêtes à tout pour s’engager, y compris à sacrifier un peu de leur santé mentale. Le film explore la notion de burn-out militant (un épuisement psychique et émotionnel lié à l’engagement), ressenti par beaucoup. «Ils sont tous éco-anxieux et agissent pour oublier un temps cette angoisse. Mais ils vont tellement loin dans leur engagement qu’ils finissent par s’oublier eux-mêmes, c’est le côté extrême de leur action», remarque la réalisatrice.
Culture du soin et violence
Dans le documentaire, les activistes témoignent de «la culture du soin» présente lors des réunions et des actions, et du «sens de communauté» qui différencie XR d’autres mouvements militants. «Ce que j’aime le plus chez XR c’est l’importance que l’on accorde à la beauté et à l’art», avance Pépin, qui fait partie des Red rebels («les rebelles rouges») — des performeurs silencieux qui représentent les espèces menacées ou disparues lors d’actions militantes.

«J’avais envie de saisir cette dichotomie qui existe entre l’image d’eux dans les médias, c’est-à-dire des terroristes écolos qui font des actions chocs, et de l’autre côté le discours non violent, bienveillant, un peu “bisounours” que les militants portent entre eux», décrypte la réalisatrice.
Le film n’ignore pas pour autant la violence que sous-tend parfois l’activisme : la répression judiciaire qui s’intensifie, les limites entre les atteintes aux biens et aux personnes, et les débats sur la question : «Jusqu’où faut-il aller dans la lutte ?».
«J’arrêterai quand il n’y aura plus de problème, donc il y a moyen que je n’arrête jamais. Tant pis», lâche Goupil, qui appelle les téléspectateur·ices à la mobilisation à la fin du film. «Faites ce que vous voulez, mais engagez-vous !»
«Extinction rebellion : amour et rage», Charlotte Espel, 10.7 Productions, 52 minutes. Diffusé jeudi 20 mars à 22h50 sur France 3 Paris Île-de-France et disponible dès ce vendredi en replay sur le site de France télévisions.
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