L'hebdo

Catapostrophe nucléaire

Le drame de Fukushima nous interpelle pour nous rappeler que le risque zéro n'existe pas.


Voici l'actu qu'il ne fallait pas rater cette semaine. 

Dix ans après, la catastrophe de Fukushima reste un problème insondable

S'il est compliqué de dresser un bilan de la catastrophe survenue, il y a dix ans, dans la centrale nucléaire de Fukushima, il est suffisamment tôt pour dire que les choses ne seront plus jamais comme avant dans sa région

Le 11 mars 2011, la côte pacifique du Japon est balayée par un puissant tsunami, conséquence d'un séisme de magnitude 9.1 dont l'épicentre est en mer. 18 000 personne périssent dans ce désastre.

Une vague de 15 mètres de haut s'abat sur la centrale de Fukushima Daiichi, située en bord de mer. Au cours d'une série de destructions et de défaillances, le système électrique de refroidissement des réacteurs cesse de fonctionner (récit à lire sur le site de France Info). Finalement évité, le scénario d'une catastrophe nucléaire majeure, née de la fusion total du coeur de réacteurs, se dessine alors. L'évacuation d'une zone de 20 kilomètres autour de la centrale est prononcée. Au total, plus de 300 000 personnes sont forcées à quitter la région.

Les réacteurs 1, 2 et 3 sont entrés en fusion entre le 11 et le 14 mars. 50 employés sont restés sur place pour empêcher la fusion du coeur de ces réacteurs, synonyme de cataclysme © DR

Publié mardi 9 mars, un bilan de l'ONU indique que l'accident dans la centrale n'aurait causé ni décès ni cancers précoces. En 2018, toutefois, le Japon a reconnu pour la première fois qu’un des employés atteint d’un cancer du poumon était mort après une exposition aux radiations, raconte le Monde. Restés pour enrayer la catastrophe, des dizaines d'entre eux ont subi des radiations à des doses importantes. 

Les conséquences psychologiques de l'exil sont plus difficiles à mesurer. En 2015, l'Organisation mondiale de la santé déplorait les effets sur la santé mentale des personnes déplacées qui ont perdu maison et emploi, les liens familiaux rompus, la stigmatisation, le stress post-traumatique. 

Reste la question des déchets. Pour permettre le retour des populations, l'Etat a fait retirer plus de 17 millions de mètres cubes de terre irradiée sur une zone de 50 kilomètres autour de la centrale. Un lieu de stockage définitif reste à trouver. Par ailleurs, la centrale est toujours refroidie par de l'eau – 1,2 million de mètres cubes à ce jour. Une fois le stockage saturé, d'ici 2022, il est probable que le Japon déverse le trop-plein dans l'océan.

On se refait le fil de cette folle semaine : 

• Mardi, des député•e•s ont dénoncé les conditions d’examen du projet de loi climat et résilience, étudié en commission spéciale depuis lundi. 55% des amendements déposés jusqu’alors auraient été déclarés irrecevables. Par ailleurs, la salle qui accueille la commission est trop petite pour recevoir tous ses membres relevé Damien Abad (LR). Le texte sera débattu dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale à la fin du mois. - 20 Minutes (AFP)

• Mercredi, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat, John Kerry, a été reçu par Emmanuel Macron à l’Elysée. Une rencontre organisée dans le cadre de sa tournée en Europe pour oeuvrer au renforcement de la coopération dans la lutte contre la crise climatique. - 20 Minutes (AFP)

• Des centaines d’organisations, de collectifs, de fermes et de personnalités appellent à des occupations de terres et des blocages à partir du 27 mars pour lutter contre le bétonnage, l’usage d’engrais et de pesticides. Leur appel est à retrouver dans Bastamag

• Mercredi soir, les député•e•s ont voté en faveur du projet de loi visant à inscrire la protection de l’environnement dans l’article premier de la constitution. La formulation retenue est la suivante : la constitution « garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique ». Après un vote solennel le 16 mars, le texte devra être adopté dans les mêmes termes au Sénat, à majorité LR, avant un éventuel référendum. - 20 Minutes (AFP)

• Jeudi, l’association Générations futures a décerné ses glyph’awards, des trophées pour récompenser - ironiquement - les départements qui utilisent le plus de pesticides. Sur le podium: la Gironde, qui a acheté 3 037 tonnes de pesticides en 2019, suivie de la Marne (2 430 T) et du Loiret (2 282 T). Les département viticoles sont sur-représentés. - France info

220 millions

C'est la surface, en hectares, de forêts tropicales humides détruites depuis 30 ans, en Amérique latine, en Afrique de l'ouest ou en Asie du sud-est ; un chiffre largement supérieur aux précédentes estimations. C'est ce que révèle une nouvelle étude, publiée le 5 mars dans Science advances. Basées sur des observations satellites, les découvertes des scientifiques sont visibles sur une carte interactive mise à disposition du public. A lire dans Vert

Cette semaine encore, nous avons appris tout un tas de choses. Par exemple : 

Pour se débarrasser des centaines de milliers de veaux issus de son industrie laitière, l'Irlande songe désormais à les expédier par avion. - Vert

De nombreux maires utilisent une nouvelle astuce pour bannir les pesticides de leur commune : les considérer comme des déchets dangereux. - Vert

Alliée à une forte humidité, l'élévation des températures risque de rendre invivables les régions tropicales habitées par des milliards d'êtres humains. - Vert

• Afin de réduire l'impact lié à l'importation de produits émetteurs de CO2, l'Europe prépare une taxe carbone à ses frontières. - Vert

• Si elle séduit le gouvernement et les technophiles, la voiture autonome promet d'aggraver sérieusement le bilan environnemental des transports. - Vert

L'explosion du bitcoin - la plus célèbre des cryptomonnaies – entraîne une surconsommation d'énergie phénoménale à travers la planète. - Vert

Le plein de bonnes nouvelles et de bonnes idées pour ne pas désespérer :

Le développement de la culture du chanvre en France permettrait d'offrir une matière première écologique, abondante et de qualité, pour l'habillement et la rénovation thermique des bâtiments. - Vert

• A Lyon, la première « Société protectrice des végétaux » veut offrir une seconde vie aux plantes délaissées. - Vert

• 16 associations - dont L214 - demandent la création d'un poste de commissaire européen•ne au bien-être animal pour en faire un sujet politique à part entière. - Vert

• La SNCF lance un outil pour comparer le bilan carbone des différents modes de transports à travers la France. - Vert

• En Gironde, un amoureux du vivant a acheté des bouts de forêts qu'il a sanctuarisés grâce à un nouveau type de contrats : l'« obligation réelle environnementale . - Vert

Regonflé•e•s par cette bolée de bonnes nouvelles, vous voici prêt•e•s à vous remonter les manches. Cette semaine, une recette simplissime pour adoucir l'amertume des temps qui courent : celle d'un lait d'avoine maison.

Fast fashion, les dessous de la mode à bas prix

Ubérisation à outrance, catastrophes sanitaires et écologiques, esclavage moderne jusque dans les ateliers d'Europe... La mode jetable n'a pas de prix, mais elle a un coût exorbitant, raconté par Edouard Perrin et Gilles Bovon dans leur documentaire Fast fashion.

Fast fashion, les dessous de la mode à bas prix, Edouard Perrin et Gilles Bovon, 2020, disponible en replay sur le site d'Arte

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