220 millions d’hectares de forêts tropicales détruits en 30 ans

  • Par

Forêt se calmer. Une nou­velle étude révèle l’am­pleur, incon­nue jusqu’alors, de la destruc­tion des forêts trop­i­cales humides du globe par les activ­ités humaines. 

Par­mi les plus vieilles de la planète, les forêts trop­i­cales héber­gent une bio­di­ver­sité unique et stock­ent des quan­tités phénomé­nales de car­bone. Mais, sous la pres­sion des activ­ités forestières et agri­coles, elles subis­sent des destruc­tions sans précé­dent. Entre 1990 et 2020, env­i­ron 7 mil­lions d’hectares – la super­fi­cie de l’Ir­lande — ont été arrachés chaque année. C’est ce que dévoile une impor­tante étude, pub­liée le 5 mars dans la revue Sci­ence Advances. 

En s’ap­puyant sur de nom­breuses obser­va­tions satel­lite, les sci­en­tifiques ont décou­vert que l’am­pleur de la cat­a­stro­phe avait été ample­ment sous-estimée jusque-là. En Amérique latine, en Afrique équa­to­ri­ale, ou en Asie du Sud-est, au total, 220 mil­lions d’hectares ont été détru­its en 30 ans. Soit 17% de toutes les forêts trop­i­cales humides du globe. Les don­nées sont acces­si­bles dans une carte inter­ac­tive mise à dis­po­si­tion du pub­lic.

Une carte com­pile les obser­va­tions réal­isées à par­tir du satel­lite européen Sen­tinel 2 © Cen­tre com­mun de recherche

Une part impor­tante des zones encore boisées est dans un piteux état, en rai­son de l’exploitation du bois, de feux de faible ampleur et de per­tur­ba­tions naturelles — comme les tem­pêtes. Sur les 1070 mil­lions d’hectares de forêt trop­i­cale humide qui sub­sis­taient en 2020, 10 % sont dégradés et risquent forte­ment de dis­paraître dans un futur proche. 

Plus inquié­tant encore, la ten­dance est à une accéléra­tion du phénomène : « Sur les cinq dernières années, de 2015 à 2019, on observe une forte aug­men­ta­tion de la dégra­da­tion des forêts : 2,6 mil­lions d’hectares en plus par rap­port à la péri­ode 2010–2014 »indique Chris­telle Van­cut­sem, spé­cial­iste en télédé­tec­tion et autrice de l’é­tude. Si ce rythme ne faib­lit pas, aler­tent les sci­en­tifiques, « les forêts intactes pour­raient entière­ment dis­paraître dans les vastes régions trop­i­cales humides d’i­ci 2050 ».