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La voiture autonome, un enfer écologique (mais du futur !)

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Voiture vio­lente. Si elle séduit le gou­verne­ment et les technophiles, la voiture autonome promet d’ag­graver le bilan envi­ron­nemen­tal des trans­ports

En décem­bre, l’exé­cu­tif a pub­lié sa feuille de route 2020–2022 sur la « mobil­ité routière automa­tisée ». Le texte énumère 30 actions pour « faire de la France le lieu priv­ilégié en Europe de déploiement de ser­vices » liés aux véhicules autonomes. Et aucune men­tion de l’éventuel impact envi­ron­nemen­tal de ce nou­veau mode de trans­port. Mis­sion­né par le forum Vies mobiles de la SNCF, La fab­rique écologique a ten­té de répon­dre à cette ques­tion que le gou­verne­ment a choisi d’ig­nor­er.

Tout d’abord, indique le think tank dans son rap­port pub­lié le 9 mars : le véhicule autonome ne sera pas néces­saire­ment élec­trique. Si notre imag­i­naire est façon­né par les voitures futur­istes issues de films comme Minor­i­ty report, rien ne garan­tit que les con­struc­teurs fer­ont le choix de ce type de motori­sa­tion.

L’un des bolides autonomes impec­ca­bles du film Minor­i­ty report (2002)

« Trois scé­nar­ios sont aujourd’hui envis­agés pour le développe­ment du véhicule autonome, note l’é­tude : celui d’une mobil­ité indi­vidu­elle avec des voitures à usage privé, porté par les con­struc­teurs auto­mo­biles ; celui d’une mobil­ité à la demande s’appuyant sur des flottes de robots-taxis, porté par les acteurs du numérique ; celui enfin d’une mobil­ité col­lec­tive avec des navettes autonomes, porté par les acteurs publics. »

Si la troisième piste per­me­t­trait de répon­dre à cer­tains besoins, comme celui d’un redé­ploiement des trans­ports col­lec­tifs en milieu rur­al, ce n’est pas celle que priv­ilégie le gou­verne­ment. Seuls 2 des 16 expéri­men­ta­tions menées dans le cadre de l’ap­pel à pro­jet nation­al « Expéri­men­ta­tion du véhicule routi­er autonome » con­cer­nent des véhicules col­lec­tifs (min­istère de l’é­colo­gie). 

En ren­dant les déplace­ments plus attrayants, les deux pre­miers types d’usage présen­tent de nom­breux risques pour l’en­vi­ron­nement : « aug­men­ta­tion des dis­tances par­cou­rues et étale­ment urbain, pro­duc­tion en masse de véhicules high-tech, cir­cu­la­tion à vide », etc. Selon les pistes, la con­som­ma­tion d’én­ergie du parc auto­mo­bile pour­rait être divisée par deux, ou être mul­ti­pliée par trois.

Cap­teurs, infor­ma­tions de local­i­sa­tion, envoi de fichiers… ces véhicules seront des usines à don­nées, pou­vant pro­duire un gigaoctet chaque sec­onde, et jusqu’à 1,3 mil­lion de go par an, alerte le rap­port. Par-delà le fan­tasme de la voiture du futur, le think tank craint « le très prob­a­ble scé­nario d’une entre­prise éner­gi­vore, pol­lu­ante, con­som­ma­trice de ressources et d’espaces, coû­teuse et risquée pour les lib­ertés publiques ».