C’est chaud. Alliée à une forte humidité, l’élévation des températures risque de rendre invivables les régions tropicales habitées par des milliards d’êtres humains.
La température normale de notre corps se situe autour de 37°C. Celle de la peau est plus fraîche (environ 35°C), afin de permettre la régulation de notre chaleur interne. Mais, si l’humidité de l’air augmente trop, les corps ne peuvent plus se refroidir en évacuant la chaleur par la transpiration. Au-delà d’une « température du thermomètre mouillé » (un rapport entre chaleur et humidité que l’on peut calculer avec ce simulateur) de 35°C, le corps humain cesse de fonctionner correctement et risque la mort. Cette marque est par exemple atteinte avec une humidité de 80% et une chaleur de 38°C.
Pour le corps humain, l’augmentation d’un degré « thermomètre mouillé » (wet bulb temperature ou TW) équivaut à plusieurs degrés « classiques ». Or, les prévisions montrent que si la planète se réchauffe de 1,5°C, les tropiques subiront une augmentation des températures extrêmes de 1,33 à 1,49°C TW, alertent les auteur•rice•s d’une étude parue lundi dans Nature geoscience. Des pics de chaleur seront donc beaucoup plus intenses dans ces latitudes situées entre 20° nord (Mexique, Inde) et 20° sud (Brésil, Madagascar).
Ce qui promet des conséquences dramatiques alors que 43% des humains vivent dans les pays de ces régions chaudes et humides (ONU), et que la population doit encore y croître au cours des prochaines décennies. Les scientifiques sont catégoriques : « limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C permettra d’éviter à la plupart des tropiques d’atteindre une TW de 35°C, la limite de l’adaptation humaine. »
Les émissions actuelles mettent le monde sur la voie d’un réchauffement de 3 à 4°C d’ici 2100. En mai 2020, une précédente étude avait montré que si l’humanité venait à poursuivre ses activités comme si de rien n’était, un tiers de la population mondiale serait vouée à habiter des régions aux températures extrêmes et 3,5 milliards de personnes seraient poussées à l’exil d’ici 2070 (Vert).