Chères toutes et chers tous,
🕵️♂️ A l'occasion de la campagne présidentielle, l'équipe de Vert s'étoffe. Dès lundi, nous aurons le plaisir de compter une nouvelle journaliste, dont il nous tarde de vous annoncer le nom ! D'ici-là, nous vous laissons vous perdre en spéculations.
📓 Vous l'avez peut-être remarqué, ce numéro vous est envoyé depuis une nouvelle adresse : [email protected]. Pour vous assurer de recevoir tous les numéros correctement, pensez à l'ajouter à votre carnet d'adresses ! (Si vous utilisez Gmail et que vous avez des difficultés, cliquez ici pour voir comment faire).
Un numéro où l'on verra que le temps passe et passe et passe, et peu de choses ont changé.

Bilan climatique d'Emmanuel Macron : le sacre des petits gestes
Il y a de quoi se biler. Le Réseau action climat, qui représente une trentaine d'associations, vient de publier une vaste analyse du quinquennat finissant d'Emmanuel Macron ; si quelques mesures ont marqué les esprits, le compte n'y est pas (du tout).
Un style : cause toujours
« Make our planet great again » ! Ces mots plein d'entrain sont ceux d'Emmanuel Macron, alors qu'il venait de prendre l’Élysée. États généraux de l'alimentation, assises de la mobilité... Anne Bringault se souvient d'un président qui multipliait, dans les premiers mois, les concertations avec les associations. « La société civile a construit de nombreuses propositions, mais les projets de loi [qui ont suivi - Ndlr] n'étaient pas du tout en cohérence avec ces mesures », déplore la Coordinatrice des programmes au Réseau action climat.
Puis, face à la crise des Gilets jaunes, mouvement né de l'augmentation de la taxe sur les carburants, le président s'est tourné vers la consultation directe des citoyen·nes : en 2019, il a mis sur pied la Convention citoyenne pour le climat. Les 150 Français·es tiré·es au sort avaient un mandat : trouver comment réduire de 40% les émissions nationales d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990, le tout « dans un esprit de justice sociale ». Là encore, « malgré son engagement répété de les transmettre « sans filtre » au Parlement, les 149 propositions de la Convention ont été largement détricotées, décalées, voire carrément supprimées », tance Anne Bringault.
Le Président a également créé le Conseil de défense écologique – réunion restreinte des ministres en lien avec la transition écologique. Hélas, celui-ci ne s'est plus réuni depuis l'été 2020. Le Haut-Conseil pour le climat (HCC), comité d'expert·es également installé par Emmanuel Macron, rend des avis extrêmement documentés depuis trois ans, qui sont généralement peu suivis d'effets.
Climat : le compte n'y est pas du tout
Si les confinements successifs ont entraîné une baisse notable des émissions de CO2 en 2020, le bilan du quinquennat est peu flatteur. Entre 2018 et 2019, les émissions françaises n'ont baissé que de 0,9%, alors que le rythme promis par la Stratégie nationale bas-carbone, qui fixe les objectifs climatiques de la France jusqu'en 2050, était de -1,5% par an. Se sachant hors des clous, le gouvernement avait choisi de modifier ses objectifs de baisse, pour reporter l'essentiel de l'effort à après 2024. Ce qui n'a pas échappé au Haut-Conseil pour le climat, qui écrivait, en juin dernier : « En raison du retard accumulé par la France, le rythme actuel de réduction annuelle devra pratiquement doubler, pour atteindre au moins 3,0 % dès 2021 (-13 Mt éqCO2) et 3,3 % en moyenne sur la période du troisième budget carbone (2024-2028) ».
Le dépassement du budget carbone pour la période 2015-2018 de 62 millions de tonnes de CO2 (HCC), puis l'ambition réduite du suivant (2019-2023), placent la France hors d'une trajectoire raisonnable pour atteindre les -40% d'émissions d'ici 2030. Pis, le nouvel objectif européen – qui sera bientôt celui de la France - s'élève désormais à -55%.
Résultat : dans le cadre de l'« Affaire du siècle », le gouvernement a été condamné par la justice à rattraper 15 millions de tonnes de CO2 émises en trop par rapport à la SNBC (Vert). Autre procès : plusieurs ONG se sont jointes à l'action intentée contre l'exécutif par la commune côtière de Grande-Synthe, qui s'estime mise en danger par la montée des eaux née du réchauffement. En juillet dernier, le Conseil d'Etat a enjoint au Gouvernement « de prendre des mesures supplémentaires d’ici le 31 mars 2022 pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % ».
Ce mercredi, le Réseau action climat publie un bilan détaillé, secteur par secteur, de l'action d'Emmanuel Macron. Nous vous détaillons les principaux enseignements dans la version (très) enrichie de cet article à retrouver sur vert.eco

· Malgré l’annonce faite par le gouvernement en février 2021 (Vert), le projet d’un nouveau terminal (T4) à l’aéroport Roissy pourrait n’être pas tout à fait enterré. Ouvert à la consultation depuis la semaine dernière, le projet de plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle prévoit une hausse de 180 000 mouvements entre 2019 et 2025. Soit la hausse du trafic initialement attendue avec l’ouverture du T4, indique Reporterre.
· Les 8 000 établissements scolaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes dépassent les seuils de pollution aux particules fines PM2,5 et au dioxyde d’azote (NO2) recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon une nouvelle étude de l’association Respire publiée mardi. Ces seuils ont été abaissés en septembre 2021, conduisant à des dépassements quasi-systématiques. L'association Airparif avait ainsi noté que « L’ensemble des Franciliens [étaient] exposés à des niveaux de pollution en ozone et en particules fines PM2,5 qui dépassent ces nouveaux seuils ».
· Mercredi, une union intersyndicale a appelé à la grève pour dire « stop au saccage d’EDF et du service public » et s’opposer aux mesures mises en place par le gouvernement pour contenir la hausse des tarifs de l’électricité. EDF est tenue de céder à ses concurrents une partie de son électricité plus importante qu'auparavant à ses concurrents. - Le Monde
· Mercredi encore, l'exécutif a publié des textes censés répondre à l'injonction faite par le Conseil d'Etat, qui réclamait une meilleure protection de la population contre les pesticides. Le gouvernement s'est notamment refusé à allonger les distances minimales entre zones d'épandages et habitations pour certains produits suspectés d'être cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR).Provoquant la colère des associations. - Vert


· Bas les steaks ! Publicités, kits pédagogiques pour enfants et influenceur·ses... Les lobbies de la viande dépensent des dizaines de millions d'euros chaque année et multiplient les astuces pour nous inciter à manger davantage de bidoche, comme le révèle Greenpeace dans un rapport saignant. - Vert
· Moulins à vent. En 2020, les énergies renouvelables ont compté pour 19,1 % de la consommation française d'énergie finale contre les 23% prévus, faisant de la France le seul pays d'Europe à n'avoir pas atteint ses objectifs en matière de changement de son mix énergétique, a dévoilé le service européen Eurostat, la semaine dernière.
· La quille ! Le 24 janvier 1992, la Standard oil of Indiana était définitivement condamnée pour la marée noire causée par son navire, l’Amoco Cadiz, en 1978. Une éclatante victoire pour les communes bretonnes victimes de la catastrophe et un procès hors-norme qui a définitivement changé le droit en matière de protection de l’environnement. Le récit de cette folle épopée avec les témoignages des acteurs de l'époque est à lire sur notre site.

Atome avis ? S’il est un sujet qui tend la société française comme peu d’autres, c’est bien celui du nucléaire. Or, à l’heure où la France doit faire certains choix pour son avenir énergétique, les débats autour de l’atome sont nécessaires. Mais entre les faits, les petits arrangements avec la réalité voire, les gros mensonges, il est difficile de s’y retrouver.
Pour vous permettre d’y voir plus clair et de démêler les infos des intox, nous vous avons mitonné un riche décryptage de certaines des idées reçues que l’on entend le plus souvent. A lire sur vert.eco

« Une majorité de personnes aspire à aller vers des modes de vie plus conviviaux. La décroissance a cette vertu qu’en nommant bien les choses, en arrivant avec un diagnostic lucide et en refaisant vivre l’utopie, elle permet d’aborder sereinement des questions extrêmement stressantes. »
A Vert, il raconte comment les idées de la décroissance, porteuses, selon lui, d’alternatives concrètes et joyeuses, sont entravées par un système médiatique miné par les intérêts financiers. Mais aussi les nombreuses raisons d’espérer les voir émerger dans toutes les sphères de la société.

· Myanmarre. Après trente années à frayer en eaux troubles, TotalEnergies a finalement annoncé son retrait de Birmanie, où la répression militaire fait rage. - Vert
· Giec compris ! Présenté en fin de semaine dernière, le nouveau gouvernement chilien compte bon nombre de femmes, de jeunes et d'expert·es, dont la climatologue émérite Maisa Rojas, autrice du dernier rapport du Giec. - Vert
· La petite reine reste sur son trône. Les chiffres de fréquentation cyclable pour 2021 affichent les mêmes niveaux que 2020, lorsque tous les records avaient été battus en pleine pandémie. Le réseau Vélo et Territoires a constaté une stabilité de la fréquentation en 2021 par rapport à 2020, soit une progression de 28% par rapport à 2019. - Vert

Sur la piste des chimpanzés
Finies les singeries. À la manière de son illustre aînée Jane Goodall, la primatologue française Sabrina Krief s'est faite accepter parmi une communauté de chimpanzés dans une forêt tropicale d’Ouganda. En immersion sous les feuillages, un documentaire de France 2 suit ses pérégrinations parmi ses compagnons Ulysse, Aragon ou Grizou. Certains d'entre eux ont le visage malformé et la scientifique mène l'enquête, avant d’établir un lien avec des terres grignotées par l'agriculture à proximité, où du maïs enrobé d'insecticides est planté et parfois mangé par les chimpanzés.

+ Tudi Crequer, Mathilde Doiezie, Anne-Claire Poirier et Juliette Quef ont contribué à ce numéro