Dans l'actu

TotalEnergies quitte la dictature birmane

  • Par

Myan­marre. Après trente années à fray­er en eaux trou­bles, la major pétrolière se retire finale­ment du pays où la répres­sion mil­i­taire fait rage.

Arrivée dans la région en 1992 pour y exploiter le champ gazier de Yadana, Total­En­er­gies a com­posé pen­dant de longues années avec des pou­voirs autori­taires de Bir­manie. Mais depuis le coup d’État de févri­er 2021, auquel ont suc­cédé chaos et répres­sions sanglantes, la présence de Total­En­er­gies était de plus en plus con­testée par les ONG de défense des droits de l’homme.

La major pétrolière a longtemps jus­ti­fié son main­tien dans le pays par la néces­sité d’ap­pro­vi­sion­ner en énergie les habi­tants de Bir­manie et de la Thaï­lande voi­sine. Le champ de Yadana pro­duit six mil­liards de mètres cubes de gaz chaque année, dont 70% sont exportés vers la Thaï­lande. Les 30% à des­ti­na­tion du marché bir­man représen­tent env­i­ron la moitié de l’électricité con­som­mée par la cap­i­tale, Ran­goon.

Pagode de Shwedagon à Ran­goon © Anne-Claire Poiri­er

Mais Total­En­er­gies était surtout accusée de financer la répres­sion mil­i­taire, en partageant ses revenus avec les généraux bir­mans (Vert). En mai dernier, l’ONG Dis­trib­uted denial of secrets avait révélé que les béné­fices s’échappaient en par­tie vers un par­adis fis­cal, au béné­fice des mil­i­taires désor­mais au pou­voir.

Après avoir d’abord inter­rompu ses activ­ités d’ex­plo­ration dans le pays, Total­En­er­gies a finale­ment décidé de se retir­er com­plète­ment d’i­ci six mois. L’améri­cain Chevron, son parte­naire dans l’ex­ploita­tion de Yadana, lui emboîte d’ailleurs le pas. Les deux entre­pris­es passeront le relais à la société d’État bir­mane MOGE et à PTTEP, une fil­iale de la société nationale d’énergie thaï­landaise.

Tout en salu­ant la nou­velle, le jour­nal Libéra­tion n’a pu s’empêcher de remar­quer que l’exploitation de Yadana était de toute façon prévue pour s’achever dans trois petites années, après de lucra­tives ren­trées. « Et est-ce un hasard si la déci­sion de Total­En­er­gies est prise juste avant que l’Union européenne annonce de prob­a­bles nou­velles sanc­tions ? », inter­roge inno­cem­ment le jour­nal.