Chères toutes et chers tous,
Voici la dernière quotidienne de la saison !
A partir de la semaine prochaine, Vert passe à l'heure d'été.
Vous recevrez, chaque mercredi, un condensé de l'actualité des sept derniers jours. Nous espérons que ce format vous plaira.
Pour lutter contre le réchauffement, pas besoin de monter des usines à gaz, il suffirait de commencer par fermer les robinets de méthane.

Les fuites de méthane de l'industrie fossile européenne
La fuite a fuité. Une enquête de l'ONG Clean air task force (CATF) révèle d'importantes fuites de méthane sur des dizaines de sites gaziers ou pétroliers en Europe.
Le méthane (CH4) est un puissant gaz à effet de serre au pouvoir de réchauffement 86 fois supérieur au dioxyde de carbone (CO2) lors des 20 premières années passées dans l'atmosphère. On estime qu'il est responsable d'un quart de l'élévation actuelle des températures. Il est principalement émis par le secteur agricole (dont les fameux « pets de vaches »), par les décharges à ciel ouvert, mais aussi par l'industrie fossile : l'extraction de pétrole ou de gaz « naturel » (dont le principal composant est le CH4) libère de grandes quantités de méthane.
Les enquêteur·rice·s de la Clean air task force ont promené une caméra infrarouge dernier cri sur quelque 200 sites d'extraction à travers l'Europe, de l'Allemagne à la Hongrie, en passant par l'Italie ou la Pologne. Elles et ils ont détecté des fuites sur 123 installations, qui s'ajoutent au relargage habituel dû à l'extraction elle-même. La CATF a comptabilisé 271 incidents, certains sites comportant plusieurs fuites.

Problème : en Europe, l'industrie n'est pas tenue de s'occuper de ces fuites. Mais la Commission européenne prépare un projet de règlement sur ce sujet qui pourrait entrer en vigueur au dernier trimestre 2021 (Actu-environnement).
En raison de la courte durée de vie de ce gaz, la détection et la réparation des fuites de méthane de l'industrie serait l'une des manières les plus simples et rapides d'enrayer le réchauffement, comme l'avait souligné, en mai dernier, un rapport optimiste des Nations Unies (Vert).

• Mercredi, le ministre brésilien de l'environnement, Ricardo Salles, a annoncé sa démission. Il est visé par deux enquêtes pour son implication présumée dans des affaires de contrebande de bois. Au cours de l'année de sa nomination, en 2019, la déforestation avait explosé : +34% par rapport à 2018. Ce pilier du gouvernement de Jair Bolsonaro était l'une des bêtes noires des associations écologistes. - Le Monde
• Jeudi, lors de l'examen de la loi « climat et résilience », le Sénat à majorité LR a acté le principe de la suppression de certaines lignes aériennes intérieures, en cas d’alternatives en train de moins de 2h30. Mais les sénateur·rice·s ont introduit des dérogations telles que seule la liaison Orly-Bordeaux devrait être concernée. - Le Parisien (AFP)
• Entre juillet 2020 et mars 2021, le parti conservateur au pouvoir au Royaume-Uni a reçu au moins 419 000£ (488 000€) de la part de l'industrie fossile alors que son gouvernement préparait l'attribution de nouveaux permis d'exploration visant à extraire du pétrole et du gaz en Mer du nord. C'est ce que révèle une enquête du Guardian et de l'ONG d'investigation DeSmog publiée jeudi. Ces nouveaux permis avaient été vivement critiqués alors que le gouvernement de Boris Johnson a récemment annoncé son nouvel objectif climatique ultra-ambitieux (-78% de CO2 d'ici 2035) et doit accueillir la COP26 en novembre. - The Guardian (anglais)


Un manifeste pour réinventer la ville sans l'étaler
On s'en friche (pas du tout). Dans Manifeste pour un urbanisme circulaire, l'urbaniste Sylvain Grisot sonde l'impasse dans laquelle la fabrique des villes s'est emmurée et propose un nouveau modèle pour continuer à bâtir la cité sans l'étaler.
30m² à chaque seconde : c'est le rythme démentiel auquel sont artificialisées les terres agricoles en Europe. Les villes s'étirent. Même celles qui perdent habitant·e·s et emplois. Car, depuis cent ans, la cité s'est organisée autour de la voiture qui lui a permis de repousser sans fin ses limites et d'ingurgiter les terres disponibles à sa ceinture. « Le principal défaut de la ville étalée, avance l'auteur, n'est pas l'esthétique douteuse et interchangeable des entrées de villes mais le caractère discontinu du tissu urbain qui lui fait perdre cette proximité qui permet le frottement et la rencontre : ce qui fait la ville ».

Bâtiments vacants, friches industrielles, consommation boulimique de sols, fragmentation sociale : les mésusages de la ville étiolée sont pléthoriques. Pour mettre un terme à l'artificialisation intempestive tout en continuant à construire la ville, Sylvain Grisot applique à l'urbanisme les principes de l'économie circulaire : intensifier les usages, transformer l'existant et recycler l'espace.
Une cantine qui se mue en espace de coworking après manger ? Un immeuble et des services qui poussent entre deux maisons ? Des rues libérées des encombrantes places de stationnement automobile ? Ce manifeste limpide et joyeux permettra aux urbanistes, aux élu·e·s locaux·ales et aux simples citoyen·ne·s de penser des solutions alternatives à l'étalement urbain et de remettre l'humain et la nature au cœur de nos villes.
Manifeste pour une économie circulaire, Sylvain Grisot, Éditions Apogée, janvier 2021, 224p, 15€
Une chronique signée Juliette Quef



La Beauce, le glyphosate et moi
Glypho tendre l'oreille. On entend beaucoup de choses sur le glyphosate, cet herbicide-phare de l'agriculture « conventionnelle », considéré comme un cancérogène probable par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais qu'en disent celles et ceux qui s’en servent tous les jours ?
« C’est pas le produit le plus dangereux », « c'est la dose qui fait le poison », « c'est l'arbre qui cache la forêt »... Habitante de la Beauce, la journaliste Isabelle Vayron a tendu son micro à de nombreux producteur·rice·s de cette région agricole de l'Île-de-France, à l'écoute de leurs arguments de plus ou moins bonne foi. Un documentaire sans préjugés qui ne s'empêche pas, toutefois, de songer à d'autres modèles.
La Beauce, le glyphosate et moi, Isabelle Vayron, 2021, disponible en replay sur la chaîne Youtube de Public Sénat
