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Engrais, pesticides, déforestation et vol d'eau... L'agriculture industrielle mérite des noms d'oiseaux.

Définitivement adoptée, la nouvelle Politique agricole commune prolonge les errements du passé
Pas cap'. Mardi, après plus de trois ans de négociations, le Parlement européen a entériné la future Politique agricole commune (PAC), qui promet de profiter toujours autant à l'agriculture industrielle.
Avec un budget de 387 milliards d'euros pour la période 2023-2027, la PAC reste – de loin - le premier poste de dépenses de l'Union européenne. Parmi les nouveautés de cette mouture : les écorégimes. Environ 25% des subventions aux agriculteurs (le premier pilier de la PAC), seront alloués aux exploitations aux pratiques vertueuses pour l'environnement. Hélas, cette notion floue est laissée à l'appréciation des Etats. La France, par exemple, a choisi de rendre éligible à ces paiements les exploitations estampillées « haute valeur environnementale » ; un label très décrié pour sa complaisance envers l'usage de pesticides (Vert).
Ce sont désormais les Etats qui, au travers de « plans stratégiques nationaux », décideront d'une large part de la répartition des aides. De quoi laisser craindre des grands écarts entre pays dans l'attribution des subventions, ou l'évaluation des conséquences environnementales de la PAC.
Porté depuis la fin 2019 par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le pacte vert européen prévoit notamment de diviser par deux les pesticides ou de porter le bio à 25% des surfaces agricoles. Des dispositions qui n'ont pas été incluses dans la nouvelle PAC. « On va continuer à distribuer 80 % de l’enveloppe à 20 % des agriculteurs, qui sont les plus gros utilisateurs de pesticides et d’engrais de synthèse », a tancé l'eurodéputé écologiste Benoît Biteau, opposé à la nouvelle PAC, comme une large part des formations de gauche au parlement européen.
En juin, la cour des comptes européenne avait déjà déterminé que les 100 milliards d'euros investis par la PAC (version 2014-2020) pour le climat n'avaient eu aucun effet sur la baisse des émissions (Vert). L'agriculture, a fortiori industrielle, est l'une des principales sources du réchauffement climatique. Or, les aides de la PAC sont attribuées en majorité aux plus grandes exploitations, ce qui ne change pas dans cette version.
Parmi les autres mesures, 10% des aides directes seront réservées aux petites et moyennes exploitations ; au moins 3% de la PAC devra soutenir les jeunes exploitant·es ; une réserve permanente de 450 millions d'euros sera constituée pour faire face aux crises des prix.

· Samedi dernier, en Ariège, un chasseur a été grièvement blessé par une ourse qu'il a finalement abattue. De quoi relancer les débats ardents sur la présence du plantigrade dans les Pyrénées. « On voit bien que la cohabitation, c’est compliqué ! », s'est empressée d'indiquer à l'AFP Christine Tequi, la présidente (PS) du Conseil départemental de l'Ariège, qui veut « retirer » des ours de la région.C'est la première fois qu'une attaque de ce type se produit depuis la réintroduction de l'ours dans la région, il y a 25 ans cette année. - Vert
· Dimanche, le ministère de la Transition écologique a présenté son « plan national en faveur des insectes pollinisateurs » pour la période 2021-2026. Celui-ci instaure une évaluation des risques pour l'ensemble des produits phytosanitaires et impose des horaires d'épandage. Ceux-ci ne seront autorisés que deux heures avant le coucher du soleil et jusqu'à trois heures après. Des mesures qui ne satisfont ni les apiculteurs, ni les syndicats agricoles. - Vert
· Mercredi, la nouvelle union « feu tricolore » entre les sociaux-démocrates, les libéraux et les Verts allemands a dévoilé son programme pour les quatre ans à venir. Très ambitieux sur l'énergie, le nouveau gouvernement prévoit de passer de 40 à 80% d'électricité renouvelable d'ici à 2030, contre un objectif de 65% jusqu'ici. À cette date, la chaleur devra venir à 50% des renouvelables contre 15% en 2020. L'équilibre entre ambition écologique et sociale, libéralisme et productivisme promet d'être périlleux. - Vert
· Au cours de leurs trois débats télévisés, longs de neuf heures en cumulé, les candidat·es à la primaire des Républicains (LR) n'ont parlé de biodiversité que pendant dix secondes, révèle un décompte réalisé par le Pacte du Pouvoir de vivre. En tout, 16 minutes ont été consacrées au climat, 2 minutes 20 à la pauvreté et trois au logement. La sécurité, elle, a accaparé une heure et 24 minutes et l'immigration cinquante minutes. - Reporterre

Glaçante prouesse. « Historique : un Airbus A340 se pose en Antarctique », applaudit Air Journal. Jeudi 25 novembre, la compagnie Hi fly a fait atterrir un de ses avions sur le sol gelé du continent de glace. Avec ses 275 tonnes, l'appareil doit pouvoir transporter une vingtaine de personnes et devrait « être utilisé régulièrement pour transporter vers le continent blanc des scientifiques, des marchandises essentielles – et « un petit nombre de touristes » » ajoute prudemment le titre spécialisé. « Aller en avion voir les glaciers qui fondent parce qu'on prend l'avion. Masterclass. » a résumé, moins enthousiaste, l'activiste Camille Etienne sur Twitter.

· Black friday, black week, black époque. Critiquée de toutes parts pour ses lourds impacts sociaux et écologiques, cette grand-messe de la surconsommation continue son essor dans nos échoppes et, surtout, en ligne. Alors même qu'elle est contraire à la loi antigaspillage, votée en 2020, que le gouvernement se refuse de faire appliquer. - Vert
· Une étude bidoche ? Plus riches en viande et en boissons, les régimes alimentaires des hommes émettent 41% de gaz à effet de serre en plus que ceux des femmes. C’est le résultat d’une étude publiée cette semaine dans la revue scientifique PlosOne. Tous sexes confondus, les émissions d'un régime alimentaire incluant des produits d'origine animale sont 59% plus élevées que celles d'un régime végétarien, explique l'étude. Elle révèle aussi qu'un quart des émissions proviennent d'aliments « facultatifs », tels que le café, l'alcool, les gâteaux et les bonbons. - The Guardian (anglais)
· C'est complètement fringue. La valeur marchande des produits fabriqués « pour rien » a atteint 4,3 milliards d'euros en 2019, selon l'Agence française de la Transition énergétique. Les vêtements représentent un tiers du gaspillage industriel, devant les biens culturels - dont les livres et les équipements pour la maison. Ces invendus résultent principalement de l’obsolescence marketing (changement de gamme ou de saison, fins de séries), de la surproduction, ou encore de la présence de défauts mineurs, selon l'Agence.

« L’écoféminisme est une arme de déconstruction massive »
Jeanne Burgart Goutal est philosophe, enseignante et spécialiste de l’écoféminisme. A l'occasion de la sortie de son roman philosophique ReSisters (éditions Tana), illustré par Aurore Chapon, elle raconte à Vert les origines de l'écoféminisme, le lien de nos sociétés avec la spiritualité et l'importance de concevoir de nouveaux récits pour transformer notre système extractiviste. Entretien à lire en intégralité sur vert.eco.


· Ils ne sont plus Modi. Après un an de lutte, les paysans et paysannes indiennes ont obtenu le retrait d'une réforme agricole qui visait à déréglementer le secteur agricole en supprimant des tarifs minimum d'achat garantis par l'État. C'est la première fois que le Premier ministre indien cède face à un conflit social. Il faut dire que la mobilisation fut sans précédent et que les agriculteur·rices mobilisé·es proviennent en majorité d'États où des élections législatives sont prévues en 2022. - Vert
· Voie sans suie. Après les jeux olympiques (JO) de 2024, une voie entière du «périph’» sera réservée aux transports en commun, au covoiturage et peut-être aux véhicules électriques. Une idée à laquelle s’est opposée la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse. - Vert
· Eau secours ! Dans une tribune au Monde, 200 personnalités issues du monde syndical, associatif, politique, scientifique ou artistique, demandent « l'arrêt immédiat » du développement des « méga-bassines » ; ces vastes retenues artificielles d'eau qui pullulent dans le Marais poitevin (lire notre reportage à ce sujet). Elles et ils dénoncent l'« accaparement » et la « privatisation » de la ressource en eau par l'agriculture industrielle, une « question vitale ».
· Sur proposition du président des États-Unis, le sénat a confirmé la nomination du premier Amérindien à la tête du service national des parcs américains. Porte-parole des tribus confédérées de la réserve d'Umatilla, située dans l'Oregon, Charles Sams a effectué une partie de sa carrière dans l'armée avant d'occuper divers postes, dans le monde associatif ou dans l'administration, liés aux problématiques autochtones. - Vert

« Deux mains dans la terre » : la transition d’un agriculteur conventionnel vers l’agroécologie
Ses céréales ont du bol. Dans Deux mains dans la terre, Jacques Caplat et Laetitia Rouxel dessinent la quête de sens et d’autonomie d’un homme-exploitant à travers sa transition vers des pratiques plus respectueuses du vivant. Une chronique à lire sur vert.eco.


À qui profite le chocolat ?
Chaud cacao. À l'approche de Noël, les tentations se multiplient. Mais comment le chocolat est-il produit, et dans quelles conditions sociales et environnementales ? L'émission « Le dessous des cartes » d'Arte fait le point, en revenant sur l'histoire de cette denrée. Originaire d'Amérique du Sud, la fève de cacao prisée par les Occidentaux a été implantée dans leurs colonies, dont le Golfe de Guinée, à coup de défrichage de forêts primaires. Aujourd'hui, la déforestation explose en même temps que la demande, entraînant l'effondrement de la faune et de la flore. La fève est amère.

+ Mathilde Doiezie, Anne-Claire Poirier et Juliette Quef ont contribué à ce numéro