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Le plan pour protéger les pollinisateurs ne convainc personne

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Il ne fait pas le bzzz. Le gou­verne­ment vient de dévoil­er plusieurs mesures visant à mieux pro­téger les insectes pollinisa­teurs, qui ne sat­is­font ni les apicul­teurs ni les syn­di­cats agri­coles.

Dimanche, le min­istère de la Tran­si­tion écologique a enfin présen­té son « plan nation­al en faveur des insectes pollinisa­teurs et de la pollini­sa­tion » pour la péri­ode 2021–2026. Il était atten­du depuis la réau­tori­sa­tion, à l’au­tomne dernier, des insec­ti­cides néon­i­coti­noïdes dans les cul­tures de bet­ter­aves à sucre. Ces « tueurs d’abeilles » avaient été inter­dits en 2018 en rai­son de leur dan­gerosité pour l’ensemble du vivant. 

Sujet majeur, la pro­tec­tion des pollinisa­teurs, au pre­mier rang desquels fig­urent les abeilles, doit per­me­t­tre de « garan­tir les capac­ités de pro­duc­tion ali­men­taire d’un grand nom­bre de cul­tures » et « préserv­er la diver­sité des espèces ani­males et végé­tales essen­tielles à l’équili­bre des écosys­tèmes ». Or, le déclin est mon­di­al. Cer­taines années, 30% des colonies d’abeilles domes­tiques peu­vent dis­paraître, tan­dis que 30% des espèces sauvages de pollinisa­teurs sont en déclin et 9% en voie d’ex­tinc­tion, selon l’In­rae.

Le plan prévoit d’amélior­er les con­nais­sances sci­en­tifiques sur le sujet ou d’en­cour­ager le développe­ment d’él­e­vages api­coles. Il s’ac­com­pa­gne aus­si de la pub­li­ca­tion d’un nou­v­el arrêté, qui instau­re une éval­u­a­tion des risques pour l’ensem­ble des pro­duits phy­tosan­i­taires et impose des horaires d’é­pandage. Ceux-ci ne seront autorisés que deux heures avant le couch­er du soleil et jusqu’à trois heures après.

« Nous sommes très déçus, a déclaré au Monde Hen­ri Clé­ment, porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française. Autoris­er les traite­ments deux heures avant le couch­er du soleil ne pro­tégera pas les abeilles, d’autant que la tem­péra­ture n’est pas prise en compte dans l’arrêté. » La fil­ière api­cole souhaitait que les épandages soient inter­dits au-dessus de 12°C, tem­péra­ture au-delà de laque­lle les butineuses s’activent. L’A­gence nationale de sécu­rité san­i­taire de l’al­i­men­ta­tion, de l’en­vi­ron­nement et du tra­vail (Ans­es) avait pour sa part recom­mandé qu’ils ne puis­sent être appliqués qu’après le couch­er du soleil.

Le plan ne s’in­scrit « dans aucun pro­jet à grande échelle visant à accom­pa­g­n­er tech­nique­ment et finan­cière­ment les agricul­teurs dans un proces­sus de tran­si­tion qui leur per­me­t­trait de se pass­er des pes­ti­cides de syn­thèse et de met­tre enfin sur pied un mod­èle agri­cole durable et respectueux de la bio­di­ver­sité », fustige en out­re Polli­nis, une ONG de défense des pollinisa­teurs.

Pas plus de sat­is­fac­tion du côté des représen­tants de l’a­gri­cul­ture « con­ven­tion­nelle ». Le syn­di­cat majori­taire FNSEA et les Jeunes agricul­teurs dénon­cent une « sur­trans­po­si­tion des règles com­mu­nau­taires » de l’U­nion européenne qui « met les agricul­teurs français en sit­u­a­tion de dis­tor­sion de con­cur­rence pour la pro­tec­tion de leurs cul­tures ». Ils dénon­cent eux aus­si « l’in­suff­i­sance des moyens financiers » accordés.