Haute Valeur Environnementale : le gouvernement accusé de greenwashing

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Trop bio pour être vrai. Le gou­verne­ment se félicite de la forte hausse des exploita­tions agri­coles cer­ti­fiées Haute valeur envi­ron­nemen­tale (HVE) et souhaite y adoss­er de nou­velles aides finan­cières; les asso­ci­a­tions dénon­cent un « enfu­mage ».

Le 18 novem­bre dernier, le min­istre de l’a­gri­cul­ture Julien Denor­mandie a présen­té à la presse des chiffres mir­i­fiques con­cer­nant la cer­ti­fi­ca­tion HVE, neuf ans après son lance­ment à la suite du Grenelle de l’En­vi­ron­nement. Au cours du pre­mier semes­tre 2020, le nom­bre d’ex­ploita­tions cer­ti­fiées à bon­di de 52,2% pour attein­dre 8 218 exploita­tions français­es (sur env­i­ron 430 000).

Fort de ce con­stat, le gou­verne­ment prévoit d’in­tro­duire le label HVE comme critère d’at­tri­bu­tion des nou­veaux éco-régimes européens, des primes ver­sées aux exploitants pour leurs efforts écologiques. Il a égale­ment annon­cé un crédit d’im­pôt de 76 mil­lions pour les exploita­tions cer­ti­fiées.

Avec 6 699 exploita­tions cer­ti­fiées, la viti­cul­ture reste de loin la fil­ière la plus représen­tée au sein de la cer­ti­fi­ca­tion HVE. ©Flickr/Jean-Pierre Pron

Pour les asso­ci­a­tions écol­o­gistes et le syn­di­cat Con­fédéra­tion paysanne, ces annonces relèvent de la « haute valeur d’enfumage » (com­mu­niqué). La cer­ti­fi­ca­tion HVE, « conçue ini­tiale­ment comme une marche vers le bio » devient pro­gres­sive­ment une fin en soi alors qu’elle n’est « pas un gage de tran­si­tion agroé­cologique », dénon­cent les organ­i­sa­tions.

Cette cer­ti­fi­ca­tion repose aujour­d’hui sur trois niveaux, dont le pre­mier implique unique­ment le respect des régle­men­ta­tions en vigueur. Le troisième niveau, le plus exigeant, com­prend deux options. L’option A « pose prob­lème », selon la Con­fédéra­tion paysanne, car elle per­met, grâce à un sys­tème de points, de cer­ti­fi­er des exploita­tions qui utilisent des pro­duits can­cérigènes, mutagènes et repro­tox­iques (CMR).

Quant à l’option B, elle s’avère « ridicule » puisqu’il s’ag­it de lim­iter le coût des intrants (engrais et pes­ti­cides) à 30% du chiffre d’af­faires. Les pro­duc­tions à forte valeur ajoutée, comme la viti­cul­ture, ont un chiffre d’affaires suff­isam­ment impor­tant pour obtenir la cer­ti­fi­ca­tion sans chang­er leurs pra­tiques.