Après un an de lutte, les paysans et paysannes indiennes ont obtenu le retrait d’une réforme agricole qui visait à déréglementer le secteur agricole en supprimant des tarifs minimum d’achat garantis par l’État.
En septembre 2020, le gouvernement indien avait mis un coup de canif dans le système des « mandis », les marchés régulés qui assuraient la vente, à un prix minimal, de certaines denrées essentielles comme le riz ou le blé. Avec sa réforme agricole, l’exécutif promettait aux agriculteur·rice·s de pouvoir « négocier les prix de leurs récoltes avec qui ils l’entendent et où ils veulent » dans le pays. Une décision qui n’était pas du goût des principaux intéressés. Plusieurs milliers d’entre elles et eux s’étaient alors rassemblé·es autour de la capitale New Delhi pour protester contre cette réforme imposée sans réelle consultation.
Les paysan·nes estimaient que cette déréglementation les mettait en danger, en les soumettant aux fluctuations des prix du marché et pouvant les obliger à brader leurs marchandises. Elles et ils réclamaient le retour des tarifs minimum d’achat garantis par l’État sur certaines cultures. Face à une grève historique qui a rassemblé jusqu’à 250 millions de personnes, la Cour suprême avait suspendu cette réforme en janvier. Un comité d’experts avait alors été créé pour consulter des représentant·es des agriculteur·rices et du gouvernement afin d’aboutir à une réforme mettant fin aux protestations.
Mais celles-ci ont perduré jusqu’à contraindre le Premier ministre, Narendra Modi, à faire officiellement volte-face. Vendredi, il a annoncé que les trois lois de la réforme agricole seraient abrogées au cours de la session parlementaire prévue à la fin du mois. C’est la première fois que le Premier ministre indien cède face à un conflit social, analysent deux spécialistes de l’Inde pour RFI. Il faut dire que la mobilisation fut sans précédent et que les agriculteur·rices mobilisé·es proviennent en majorité d’États où des élections législatives sont prévues en 2022. Le secteur agricole assure la subsistance de près de 70 % de la population indienne, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Il contribue aussi à environ 15 % du PIB, selon les statistiques du ministère indien de l’Économie.