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En Allemagne, la nouvelle coalition teste « l’économie de marché socio-écologique »

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Y a Rhin à voir. Mer­cre­di, la nou­velle union « feu tri­col­ore » entre les soci­aux-démoc­rates, les libéraux et les Verts alle­mands a dévoilé son pro­gramme pour les qua­tre ans à venir. L’équili­bre entre ambi­tion écologique et sociale, libéral­isme et pro­duc­tivisme promet d’être périlleux.

Près de deux mois après les élec­tions lég­isla­tives alle­man­des (Vert), les trois par­tis arrivés en tête – qui n’ont jamais gou­verné ensem­ble – se sont finale­ment enten­dus sur une feuille de route com­mune de 177 pages (en alle­mand). L’é­colo­gie et le cli­mat y fig­urent en bonne place, dans un flam­boy­ant chapitre con­sacré à l’« économie de marché socio-écologique ». Leur pos­tu­lat : l’ex­cel­lence envi­ron­nemen­tale per­me­t­tra de stim­uler l’in­no­va­tion, la com­péti­tiv­ité, l’emploi et la pro­mo­tion sociale.

Des man­i­fes­tants masqués représen­tant les dirigeant.es des Verts (Annale­na Baer­bock) des soci­aux-démoc­rates du SPD (Olaf Scholz) et des libéraux du FDP (Chris­t­ian Lind­ner). © Flickr/ Cam­pact

Très ambitieux sur l’én­ergie, le nou­veau gou­verne­ment prévoit de pass­er de 40 à 80% d’élec­tric­ité renou­ve­lable d’i­ci à 2030, con­tre un objec­tif de 65% jusqu’i­ci. A cette date, la chaleur devra venir à 50% des renou­ve­lables con­tre 15% en 2020. Pour cela, la coali­tion revoit sen­si­ble­ment à la hausse le cadence­ment des appels d’of­fres pour l’at­tri­bu­tion de pro­jets d’én­er­gies renou­ve­lables. « Toutes les sur­faces de toit appro­priées doivent être util­isées à l’avenir pour l’én­ergie solaire », explique le pro­gramme, et l’in­stal­la­tion de solaire pho­to­voltaïque sera ren­due oblig­a­toire sur toutes les nou­velles con­struc­tions.

Le char­bon, qui représente encore 24% du mix élec­trique, dis­paraî­tra « idéale­ment » en 2030, con­tre 2038, l’objectif hérité du gou­verne­ment précé­dent. Dans l’in­ter­valle, « des cen­trales à gaz seront néces­saires jusqu’à ce que la sécu­rité d’ap­pro­vi­sion­nement par les éner­gies renou­ve­lables soit assurée ». Celles-ci devront toute­fois être con­stru­ites de façon à pou­voir fonc­tion­ner ultérieure­ment avec des gaz pré­ten­du­ment « neu­tres pour le cli­mat ».

Le gou­verne­ment prévoit aus­si de pass­er de 1 à 15 mil­lions de véhicules élec­triques sur les routes d’i­ci à 2030 et de « devenir un pio­nnier du vol neu­tre en CO2 » — une fan­taisie démon­tée de longue date par Valérie Mas­son-Del­motte, vice-prési­dente du Giec. Pour aider les indus­tries à se verdir, la coali­tion prévoit la créa­tion de nou­veaux out­ils tels que des « con­trats cli­mat », sorte d’a­vances finan­cières des­tinées à combler l’é­cart de prix entre les pro­duits plus vertueux et leurs équiv­a­lents con­ven­tion­nels. Enfin, la coali­tion prévoit d’adopter rapi­de­ment une loi sur l’adap­ta­tion au change­ment cli­ma­tique. Les inon­da­tions meur­trières de l’été dernier ont révélé de larges insuff­i­sances dans ce domaine.