Ses céréales ont du bol. Dans Deux mains dans la terre, Jacques Caplat et Laetitia Rouxel dessinent la quête de sens et d’autonomie d’un homme-exploitant à travers sa transition vers des pratiques plus respectueuses du vivant.
C’est un rêve, où sa fille Thémis meurt sous des monceaux de poubelles, qui finit de hâter la prise de conscience de Fred. En pleine introspection, alors que les fédérations le pressent pour qu’il accroisse ses rendements et que sa coopérative veut qu’il pulvérise des pesticides « en préventif », le céréalier part à la recherche de nouvelles manières de travailler. De conférences – notamment celles du « grand Jacques », qui n’est autre que l’auteur du livre –, en visites de paysan·nes bio, c’est le pragmatisme qui sert de boussole à Fred. Poussé par sa femme Mel, il détricote « l’exploitation » que son père avait bâtie sur la monoculture et le rachat de terres pour retrouver l’esprit de « la ferme » de son grand-père.
Sous les traits fins, en noir et blanc, de Laetitia Rouxel, naît une trajectoire intime. Celle de Fred, marquée par le doute et les petits pas pour trouver un modèle économique viable, éponger les dettes et sortir d’un système agricole qui les laisse, ses terres et lui, hagards. Replantation de haies et d’arbres, pâturage de bêtes, diversification des cultures et usage de semences anciennes : dans sa ferme, peu à peu, la vie reprend ses droits. Une bande-dessinée d’espoir sans chimères où la solidarité fait revenir l’amour du métier.
Deux mains dans la terre, Jacques Caplat, Laetitia Rouxel, Actes Sud BD, novembre 2021, 144p, 19€.