Le parc naturel régional des Ballons des Vosges pourra continuer son programme de sauvetage du grand tétras. Telle est la décision rendue ce mardi par le tribunal administratif de Nancy (Meurthe-et-Moselle) concernant le plan de renforcement de la population locale de ce gros oiseau de montagne (notre article).
La justice avait été saisie par plusieurs associations de défense de l’environnement et du patrimoine régional, qui souhaitent l’annulation de l’arrêté du 16 avril 2024 signé par la préfecture des Vosges. Ce dernier autorise le transfert sur cinq ans de 200 spécimens norvégiens dans le massif des Vosges, où l’espèce est au bord de l’extinction.
Une nouvelle décision de justice en faveur du parc des Ballons des Vosges
Les associations SOS massif des Vosges, Vosges Nature environnement, Oiseaux nature, Avenir et patrimoine 88 et Paysage nature et patrimoine de la montagne vosgienne avaient déjà vu leur recours en référé examiné en urgence et rejeté par la justice le 28 mars dernier.
Conforté par cette décision, le parc des Ballons des Vosges a relâché sept nouveaux grands tétras entre fin avril et début mai (contre une quarantaine attendue). Lors de la première étape du programme l’an dernier, au moins sept oiseaux sur les neuf introduits sont décédés à cause de prédations.
«Le tribunal a dit le droit, mais ça n’enlève pas toutes les critiques sur une série d’éléments, notamment les considérations écologiques», réagit auprès de Vert Dominique Humbert, président de SOS massif des Vosges. Son association et les autres, qui dénoncent depuis plusieurs mois «un projet voué à l’échec», envisagent de faire appel de la décision.
«Il n’y aura plus de grand tétras dans les Vosges, pourquoi s’acharner ?», interrogeait le militant en mai dernier. Dégradation des forêts anciennes, changement climatique, surtourisme… les principales causes de la disparition de ce fragile oiseau n’ont pas été résolues, dénoncent les opposant·es au sauvetage du grand tétras.
Deux nouveaux oiseaux relâchés en 2025 sont décédés
Pour appuyer sa décision sur le fond de l’affaire rendue ce mardi, le tribunal administratif de Nancy a «estimé que le renforcement de spécimens norvégiens présente un intérêt général suffisant», rappelant qu’il s’inscrit dans le cadre d’un plan national d’actions en faveur de l’espèce.
Le juge a rappelé que «la conservation [du grand tétras] dans le massif des Vosges était particulièrement critique». D’après le groupe Tétras Vosges, chargé du suivi de l’espèce, il reste aujourd’hui moins de cinq individus dans le massif (contre 500 au début des années 1970).
Le tribunal a également jugé que l’arrêté préfectoral «ne portait pas une atteinte excessive aux autres intérêts en présence», notamment concernant le risque sanitaire des oiseaux déplacés depuis la Norvège et le coût financier de l’opération, estimé à 230 000 euros par an.
Deux nouveaux oiseaux relâchés ce printemps par le parc des Ballons des Vosges sont décédés, selon les opposant·es au projet. Une information confirmée par le parc des Ballons des Vosges : «Les oiseaux semblent avoir été prédatés de nuit sur leur secteur de lâcher, dans des zones favorables, plutôt calmes», décrit Fabien Diehl, qui pilote le programme de renforcement de l’espèce dans les Vosges.
Ce printemps, deux nouvelles couvaisons ont également été prédatées, d’après le parc des Ballons des Vosges. Pour faire face à ces attaques de prédateurs (renard, martre…), le parc a été autorisé, le 27 mai dernier, à mettre en place «à titre expérimental» des dispositifs d’«effarouchement par ultrasons», dont le but est d’éloigner les prédateurs pour protéger les nids.
