Dans l'actu

Le mouvement écologiste appelle à plus de soixante «marches des résistances» en France ce dimanche : «Il faut qu’on relance la mobilisation» 

La rue hèle. En pleine rentrée sociale, près de 300 associations et syndicats relancent les marches pour le climat ce 28 septembre. Une soixantaine de manifestations sont prévues dans tout la France, avec une volonté : faire converger les luttes sociales et environnementales.
  • Par

Les marches pour le climat font leur grand retour en France ce week-end. Après trois ans d’absence, ces mobilisations – qui avaient porté sur le devant de la scène la lutte contre le réchauffement climatique – reviennent en force à l’appel d’un collectif élargi d’organisations défendant la justice sociale et environnementale.

Une des premières grandes marches pour le climat, le 13 octobre 2018 à Paris. © Jeanne Menjoulet/Flickr

«Un silence médiatique s’est imposé depuis qu’on ne bat plus le pavé, mais en plus un déni climatique s’est structuré par et pour l’extrême droite, regrette Gabriel Mazzolini, chargé de mobilisation aux Amis de la Terre et coordinateur historique des marches pour le climat. Il faut qu’on relance la mobilisation, qu’on remette la question sur la table.»

Si la date du 28 septembre a été fixée il y a des mois, elle se veut désormais une poursuite de la rentrée sociale explosive de ce mois de septembre, marquée par le mouvement «Bloquons tout» du 10 septembre et la mobilisation intersyndicale initiée le 18 septembre.

Une mobilisation internationale initiée par des populations autochtones

Associations écologistes (Greenpeace, France nature environnement, Banlieues Climat, Extinction Rebellion…) et de défense des droits sociaux (Attac, Ligue des droits de l’Homme, Oxfam…) ou encore syndicats (CGT, Confédération paysanne) : plus de 290 organisations ont signé l’appel à ces «marches des résistances»«Nous, organisations de la société civile, travailleur·euses, paysan·nes et citoyen·nes engagé·es, marcherons le 28 septembre partout en France pour le respect des droits humains et du vivant, pour une écologie populaire, pour la justice sociale», promet le texte.

Des représentant·es de plusieurs organisations participant à la «marche des résistances» : Les Amis de la Terre, Banlieues climat, la CGT, Les Impactrices… © Fanny Noret / Greenpeace

Cette mobilisation est d’abord internationale, explique à Vert Fanny Petitbon de la branche française de l’ONG de lutte contre le changement climatique 350.org : «Elle s’inscrit dans le mouvement Draw the line [«Fixons les limites» en anglais, NDLR], lancé par des leaders autochtones d’Amérique latine et du Pacifique avec le soutien de nombreuses associations». De multiples mobilisations ont déjà été organisées partout dans le monde depuis le 15 septembre. «Un pic a été atteint le week-end dernier, avec plus de 600 actions dans plus de 85 pays, qui ont réuni 150 000 personnes, salue Fanny Petitbon. Et on espère que nous serons très nombreuses et nombreux à descendre dans la rue le 28 septembre partout en France !»

À l’heure actuelle, 64 mobilisations sont organisées partout en France, dans les grandes villes comme les moins grandes : Paris, Lyon (Rhône), Marseille (Bouches-du-Rhône), Lille (Nord), Toulouse (Haute-Garonne), Poitiers (Vienne), Quimper (Finistère), Montélimar (Drôme), Guebwiller (Haut-Rhin), Saint-Pierre (La Réunion), Montbrison (Loire), Lons-le-Saunier (Jura), Tarbes (Hautes-Pyrénées)… Si quelques marches sont organisées dès samedi, la plupart auront lieu le dimanche.

«Revenir à l’essence même du carnaval, un jour où le peuple prend la place des puissants et s’en moque»

Les cortèges se veulent «joyeux et déterminés» en reprenant l’imaginaire du carnaval. Un clin d’oeil à la 30e conférence mondiale (COP30) sur le climat, qui se tiendra au Brésil du 10 au 21 novembre. «Mais c’est aussi pour revenir à l’essence même du carnaval, un jour où le peuple prend la place des puissants et s’en moque», ajoute Fanny Petitbon.

«Plus d’alliances, plus d’intersections»

À Paris, le cortège s’élancera de la gare du Nord à 14h30 et sera décomposé en trois parties correspondant aux trois mots d’ordre de cette mobilisation : «Climat, justice, libertés». Pour cette renaissance du mouvement climat, les revendications iront au-delà des questions de températures et d’émissions de gaz à effet de serre. «Le logement, l’alimentation ou les retraites sont des questions profondément écologiques, on se mobilise parce que nos vies sont en jeu, martèle auprès de Vert Gabriel Mazzolini. De la même manière, on ne peut pas aujourd’hui se prétendre écologiste sans se mobiliser pour Gaza.»

En avril 2022, une des dernières manifestations pour le climat avait déjà réuni des figures extérieures au mouvement écologiste classique, à l’image d’Assa Traoré et son combat contre les violences policières (notre reportage). Les marches nouvelle génération de ce dimanche mettrons au jour «plus d’alliances, plus d’intersections», confie le militant. Une convergence des luttes qui se retrouve dans les revendications portées par le mouvement : fin des énergies fossiles, abrogation de la loi Duplomb, mais aussi taxe Zucman sur les ultrariches, fin des exportations d’armes à Israël…

Dans les cortèges, la parole sera donnée aux associations écologistes traditionnelles, mais aussi à des collectifs féministes, antiracistes ou encore de défense de la Palestine. Le 28 septembre, certains cortèges pour le climat convergeront aussi avec ceux pour la défense du droit à l’avortement, célébrée le même jour.

«On a l’habitude de voir des marches où on ne se sent pas représentés, avec ce traumatisme de voir toujours les mêmes figures parler à notre place.»

«On salue une nouvelle façon de faire ensemble pour le climat», souligne Hala Bounaidja-Rachedi, porte-parole du mouvement des Impactrices, qui milite pour «une prise de conscience globale qui allie femmes et justice climatique»«Pour nous c’est une première convergence des luttes, complète Sanaa Saitouli, co-fondatrice de Banlieues climatOn a l’habitude de voir des marches où on ne se sent pas représentés, avec ce traumatisme de voir toujours les mêmes figures parler à notre place.»

Autre nouveauté : la CGT se joindra pour la première fois à ces manifestations. «Nous sommes extrêmement fiers de pouvoir participer à ces marches climat de dimanche, salue Fabienne Rouchy, secrétaire confédérale en charge des questions environnementales et économiques. Il faut absolument qu’on soit très nombreux à participer car ça va compter dans le paysage en ce moment.» Une prochaine date de mobilisation intersyndicale est déjà fixée le 2 octobre prochain.

Dans le chaos actuel, plus de 12 000 personnes ont fait le choix de soutenir Vert avec un don mensuel, pour construire la relève médiatique à nos côtés. Grâce à ce soutien massif, nous allons pouvoir continuer notre travail dans l’indépendance absolue.

Alors que l’objectif de contenir le réchauffement à moins de 1,5°C est un échec, les scientifiques le martèlent : chaque dixième de degré supplémentaire compte. Dans le contexte médiatique que nous connaissons, chaque nouveau membre du Club compte. Chaque soutien en plus, c’est plus de force, de bonnes informations, de bonnes nouvelles et un pas de plus vers une société plus écologique et solidaire.

C’est pourquoi nous voulons désormais atteindre les 13 000 membres du Club. Ces membres supplémentaires nous permettront de nous consolider, alors que la période est plus incertaine que jamais, d’informer encore plus de monde, avec du contenu de meilleure qualité.

Rejoignez les milliers de membres du Club de Vert sans perdre une seconde et faisons la différence ensemble.