Le casting a été dévoilé, reste à savoir combien de temps le film durera. Sébastien Lecornu, de nouveau nommé premier ministre vendredi soir, a dévoilé la liste de ses ministres, dimanche 12 octobre. Pour rappel, il avait déjà présenté une équipe gouvernementale dimanche 5 octobre, 26 jours après sa première nomination à Matignon, le 9 septembre. Mais, parce que «les conditions n’[étaient] pas remplies» pour qu’il reste en poste, selon ses propres mots, il avait démissionné le 6 octobre. Finalement, il a donc accepté une seconde nomination, «par devoir».
L’équipe du gouvernement dit «Lecornu II», composée de ministres reconduit·es, de membres de la société civile ou de jeunes élu·es de droite, pourrait rapidement être contrainte à démissionner. Le Rassemblement national et La France insoumise ont annoncé le dépôt d’une motion de censure dès ce lundi.
Mardi, le premier conseil des ministres de ce gouvernement devrait avoir lieu. Ensuite, Sébastien Lecornu tiendra son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Il devrait aussi présenter un projet de budget. Du ministère de la transition écologique à celui des transports, en passant par celui de l’aménagement du territoire et de la décentralisation, Vert vous présente les ministres nommé·es aux postes clés de la transition écologique.
Monique Barbut, ministre de la transition écologique
Ancienne présidente du WWF France de 2021 à 2023, Monique Barbut succède à Agnès Pannier-Runacher à la tête du ministère de la transition écologique. Elle aura des marges de manœuvre réduites à cause des récents reculs environnementaux, des coupes budgétaires et des attaques contre les énergies renouvelables – largement dénoncés par sa prédécesseure.
L’intitulé exact de ses fonctions en dit long : ministre de la «transition écologique», de la «biodiversité», mais aussi des «négociations internationales sur le climat et la nature». Monique Barbut sera notamment chargée de représenter la France dans les négociations de la conférence mondiale (COP30) sur le climat à Belém (Brésil), qui s’ouvre dans moins d’un mois.
Monique Barbut a un riche passé dans des postes internationaux au service de la protection de l’environnement : participation aux négociations financières du Sommet de la Terre de Rio en 1992, directrice du Fonds pour l’environnement mondial (qui finance les projets de transition écologique dans les pays en voie de développement), secrétaire exécutive de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification…
Mathieu Lefèvre, ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé de la transition écologique
Le député (Ensemble pour la République) du Val-de-Marne Mathieu Lefèvre est nommé ministre délégué chargé de la transition écologique, un portefeuille aux marges de manœuvre financières réduites, malgré l’urgence climatique. À 38 ans, ce cadre macroniste proche du ministre de la justice Gérald Darmanin rentre une nouvelle fois au gouvernement, après sa nomination le 5 octobre comme ministre éphémère en charge des relations avec le parlement.
C’est désormais sur un autre terrain que ce partisan de la fin des 35 heures est envoyé, aux côtés de la ministre de la transition écologique Monique Barbut. «La transition écologique est l’affaire de tous les Français dans leur quotidien. J’aurai à cœur de la rendre concrète et populaire sous l’autorité de Monique Barbut et aux côtés de Catherine Chabaud», ministre déléguée chargée de la mer et de la pêche, a affirmé dimanche le ministre sur le réseau social X.
En tant que député (élu en 2022), Mathieu Lefèvre a voté contre la loi Duplomb. Il s’est montré favorable au maintien d’une forme de zone à faibles émissions (ZFE) réservée aux véhicules les moins polluants, un dispositif que l’Assemblée nationale a abrogé. Le texte d’abrogation doit encore être débattu entre sénateur·ices et député·es en commission mixte paritaire avant d’être définitivement adopté.
Catherine Chabaud, ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la mer et de la pêche
L’ancienne navigatrice Catherine Chabaud est nommée ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la mer et de la pêche. Âgée de 62 ans, elle a été journaliste de 1982 à 1991, avant de se consacrer à la course au large et de devenir la première femme à réaliser un tour du monde à la voile en solitaire, comme le rappelle L’Équipe.
Entre 2010 et 2015, elle est conseillère au Conseil économique, social et environnemental. À l’occasion de la Journée mondiale de l’océan de 2014, elle cofonde la plateforme Océan et Climat pour «maintenir la qualité fonctionnelle des écosystèmes marins et de restaurer ceux qui se dégradent, pour “un Océan en bonne santé, un climat protégé”». Elle est aussi la cofondatrice de la Fondation de la mer, en 2015, destinée «à promouvoir la dimension maritime de la France». Elle est ensuite déléguée à la mer et au littoral (2016-2017) au sein du ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer.
En 2019, elle devient eurodéputée (élue sur la liste Renaissance, au titre du MoDem, dont elle est membre) et s’investit dans les commissions du développement, de l’environnement et de la pêche. Elle ne se représente pas au Parlement européen en 2024.
Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire
Malgré la décision de son parti, Les Républicains, de ne pas participer au gouvernement Lecornu II, Annie Genevard reste au ministère de l’agriculture. «J’ai un devoir envers nos agriculteurs qui attendent des réponses immédiates», a-t-elle justifiée sur X dimanche soir. Conséquence : l’ex-députée du Doubs, pilier de LR, a été exclue du parti de Bruno Retailleau.
En poste depuis septembre et le gouvernement Barnier, la Franc-comtoise s’est fait connaître du grand public par ses positions controversées sur les pesticides ou l’agriculture biologique (notre portrait). En tant que ministre en exercice, elle a soutenu la très controversée loi Duplomb qui visait à «lever les contraintes du métier d’agriculteur» et à la réintroduction de pesticides. Auprès de Vert, elle avait déclaré que ces produits «sont les médicaments des plantes». Elle défend une vision productiviste de l’agriculture, proche de celle du syndicat agricole majoritaire FNSEA.
Roland Lescure, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et énergétique
Nommé à l’économie lors de l’éphémère gouvernement Lecornu I, le macroniste Roland Lescure a été reconduit à Bercy. C’est lui qui aura la tâche difficile de faire adopter le budget 2026 au parlement (exercice qui avait entrainé la chute du gouvernement Bayrou). Également en charge de la souveraineté industrielle et énergétique – un portefeuille qu’il avait déjà en tant que ministre de l’industrie (2022 à 2024) – il devra aussi promulguer l’épineuse Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui doit définir la feuille de route énergétique pour les années à venir.
Économiste de formation, l’homme de 58 ans – qui a aussi la nationalité canadienne – est un proche d’Emmanuel Macron depuis son élection en tant que député en 2017 sur la première circonscription des Français de l’étranger (États-Unis et Canada). Considéré plutôt à «l’aile gauche de la macronie», il faisait partie des candidats potentiels au poste de premier ministre avant la nomination de Gabriel Attal en janvier 2024, puis avant celle de François Bayrou en décembre dernier.
Philippe Tabarot, ministre des transports
Ancien sénateur Les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes, Philippe Tabarot a été reconduit au ministère des transports, un poste qu’il occupe depuis le gouvernement Bayrou, nommé en décembre dernier. Lui aussi déroge à la consigne de son chef de parti, Bruno Retailleau, de ne pas participer à ce gouvernement.
Il est favorable au chantier controversé de l’autoroute A69 qui doit relier Toulouse (Haute-Garonne) à Castres (Tarn). Lors de l’annonce de la reprise des travaux, il avait déclaré vouloir «avancer encore plus rapidement». Début septembre, il s’est rendu sur place pour constater la reprise du chantier et annoncer une mise en service «d’ici 12 à 13 mois». «Ce chantier est pratiquement réalisé aux deux tiers et ce serait un drame pour ce territoire de le laisser en plan», a-t-il estimé, selon La Dépêche.
Françoise Gatel, ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation
Vice-présidente du parti centriste Union des démocrates et indépendants (UDI) depuis 2018, Françoise Gatel est au gouvernement depuis sa nomination par Michel Barnier en septembre 2024 en tant que ministre déléguée à la ruralité. L’ex-sénatrice d’Ille-et-Vilaine, âgée de 72 ans, a été cette fois nommée à l’aménagement du territoire et de la décentralisation dans le gouvernement Lecornu II.
La centriste, qui se présente comme «une élue locale avant tout», a été en tant que sénatrice à la tête de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation à partir de 2020. Elle y a notamment travaillé sur l’application du zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, qui vise à limiter la bétonisation.
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Pratique Sébastien. Après plus de quatre jours de tergiversations, le président de la République Emmanuel Macron a de nouveau nommé Sébastien Lecornu premier ministre, démissionnaire ce lundi après avoir été nommé une première fois le 9 septembre dernier. L’ex-ministre des armées, fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron, figure de la droite, est le seul à avoir été de tous les gouvernements depuis 2017. On rembobine.