François Bayrou est tombé. Pour la première fois dans l’histoire de la Vème République, l’Assemblée nationale a décidé de ne pas accorder sa confiance à un premier ministre.
À l’issue d’une session extraordinaire convoquée ce 8 septembre, les député·es ont désapprouvé la déclaration de politique générale de François Bayrou par 364 voix contre 194. L’ensemble de la gauche et de l’extrême droite, ainsi qu’une partie des Républicains et des indépendants, ont voté contre la confiance au gouvernement.
En conséquence, le premier ministre présentera sa démission au président de la République mardi matin, selon son entourage cité par Le Monde. Dans la foulée du vote, Emmanuel Macron a annoncé «[prendre] acte» et nommer un nouveau premier ministre «dans les tout prochains jours».
Fin août, acculé face aux critiques contre son plan budgétaire, François Bayrou avait indiqué solliciter un vote de confiance à l’Assemblée nationale – une première depuis Jean Castex à son arrivée à Matignon en juillet 2020. Et un véritable hara-kiri, puisque l’opposition de gauche comme l’extrême droite avaient aussitôt annoncé leur volonté de voter contre.
La loi Duplomb, «symbole très fort de son entêtement à détricoter les normes»
Son discours d’à peine trois quarts d’heure, prononcé dans un hémicycle rempli, s’est concentré sur la «maîtrise de nos dépenses». Le surendettement est selon lui la «question d’urgence vitale dont tout dépend» : éducation, crise du logement, problèmes de sécurité, déséquilibre entre la métropole et les territoires ruraux…
L’environnement y aura été quasiment absent, si ce n’est pour mentionner quelques instants le «défi de mobilisation générale» autour de l’«enjeu écologique», ou encore la «déstabilisation climatique» qui renforcerait selon lui les problématiques d’immigration.
Un «néant», à l’image de la politique environnementale du gouvernement, estime la députée de gauche Clémentine Autain, interrogée par Vert dans les couloirs du Palais-Bourbon. Selon elle, le bilan écologique de François Bayrou, nommé à Matignon en décembre 2024, restera marqué par la loi Duplomb, «symbole très fort de son entêtement à détricoter les normes».
«L’écologie n’a pas été son fil conducteur, confirme à Vert Julien Dive (Les Républicains), qui reconnaît lui aussi devoir «se creuser la tête» à l’heure du bilan du gouvernement auquel son parti a participé. Rapporteur à l’Assemblée nationale de la proposition de loi Duplomb, l’élu de l’Aisne note la discrétion du premier ministre sur ce texte d’initiative parlementaire.
Incertitudes sur la suite
Les porte-parole des onze groupes parlementaires qui composent l’Assemblée nationale (ainsi que le non-inscrit Philippe Bonnecarrère) ont eux-mêmes assez peu parlé d’écologie lors de leurs prises de parole qui ont précédé le vote de confiance final, préférant se concentrer sur leur réponse aux alertes économiques du premier ministre et sur l’avenir politique du pays.
Premier à monter à la tribune, le socialiste Boris Vallaud a rappelé que son parti était prêt à gouverner «avec la gauche et les écologistes» : «Qu’Emmanuel Macron vienne nous chercher», a-t-il lancé. Une option refusée par la droite, le chef des Républicains et bientôt ex-ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a affirmé dimanche dernier qu’il est «hors de question» d’accepter un premier ministre socialiste.
«Nous engagerons la planification et nous respecterons nos engagements : baisse de 65% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, baisse de 90% d’ici à 2040», a proclamé à la tribune la cheffe du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, à l’occasion de l’une des rares tirades de la journée consacrées à l’urgence écologique. Auprès de Vert, Clémentine Autain s’est aussi projetée et a promis un «nouvel ISF [Impôt sur la fortune, NDLR] avec un volet climat», ainsi qu’une «loi de programmation climatique».
De son côté, La France insoumise a répété sa volonté de destituer Emmanuel Macron – «lui aussi doit partir» a martelé Jean-Luc Mélenchon sur les réseaux sociaux après l’annonce du vote ce confiance, auquel il assisté depuis le balcon des invités. Par la voix de Marine Le Pen, le Rassemblement national a quant à lui préféré appeler le chef de l’État à «convoquer de nouvelles élections» par une dissolution de l’Assemblée. Deux options qui restent encore incertaines, à deux jours de la mobilisation «Bloquons tout» du 10 septembre.
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