L'édito

Après un été infernal et le hara-kiri de François Bayrou, les indispensables chantiers climatiques qui attendent le prochain gouvernement

Bayrou tourne. Alors que François Bayrou, premier ministre mutique sur les questions environnementales, quittera vraisemblablement Matignon au lendemain du vote de confiance de l’Assemblée le 8 septembre, voici quelques-uns des chantiers climatiques les plus vitaux après un nouvel été cauchemar, selon Loup Espargilière.
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En trois mois à peine, la France a connu deux des pires canicules de son Histoire. Des centaines de personnes sont mortes de la chaleur. 36 000 hectares sont partis en fumée dans des incendies-monstres. La réponse de François Bayrou à ces défis majeurs ? Sa seule sortie estivale fut de dire benoîtement que le changement climatique était une «menace», au moment de présenter un projet de budget 2026 à nouveau calamiteux pour l’écologie.

François Bayrou pourrait perdre son poste de Premier ministre suite au vote de confiance qu’il a convoqué le 8 septembre prochain. © Jean-François Fort/Hans Lucas via AFP

Après avoir lié son destin à un vote de confiance perdu d’avance (toute la gauche et le Rassemblement national – RN – ont juré de ne pas la lui accorder) le 8 septembre à l’Assemblée, celui qui a largement passé sous silence les problématiques environnementales pendant les huit mois passés à la tête du gouvernement est sur un siège éjectable. À l’usage de ce gouvernement ou du prochain, voici une liste non exhaustive des chantiers colossaux qui ne doivent plus être remis aux calendes grecques. 

Réduire nos émissions et protéger la population

Après des années de baisse plus ou moins satisfaisante, la France en fait de moins en moins depuis 2023 pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, qui aggravent la crise climatique. C’est ce qu’a souligné le Haut conseil pour le climat, organisme d’expert·es qui doit éclairer l’action publique, dans son rapport annuel publié le 3 juillet. La volonté politique manque cruellement, tout comme l’argent.

Ensuite, cet été nous a montré une fois encore que la France était largement impréparée aux conséquences du bouleversement du climat alors que le pays est sur la trajectoire d’un réchauffement de 4°C d’ici à la fin du siècle (par rapport au 19ème siècle). Nous en sommes pour l’heure à moins de 2°C. Pour protéger la population, le gouvernement doit impérativement accélérer en matière d’adaptation.

Incendies : Nos forêts deviennent des boîtes d’allumettes et au rythme actuel, la quasi-totalité du pays vivra en zone à risque d’incendies en 2100, selon Météo-France. Ce que nous voyons cet été en Espagne et au Portugal sera bientôt notre lot commun. Pourtant, les moyens alloués à la prévention et la lutte contre les feux sont insuffisants face à des étés de plus en plus inflammables.

Evolution du nombre annuel de jours de risque élevé de feux (IFM supérieur à 40) pour les niveaux de réchauffement à +2°C, +2,7°C et +4°C. © Météo-France

Agriculture : Pendant que le gouvernement soutenait le passage en force de la loi Duplomb, qui prétend protéger la production alimentaire à grands renforts de pesticides, de mégabassines et d’élevages géants (voici ce qu’elle contient), la chaleur détruisait champs et prairies. Les cultures de demain ne sont pas assurées et les réponses actuelles sont en décalage complet avec l’urgence climatique. 

Logements et bâtiments : Des millions de Français·es vivent dans des passoires thermiques qui deviennent des «bouilloires» l’été. Alors que la santé physique et mentale de ces personnes est en danger, les aides à la rénovation thermique ont été quasiment été divisées par deux dans le budget 2025 voté en avril dernier.

Écoles, hôpitaux, bureaux ; cet été nous a montré à quel point notre bâti était inadapté à ce qui nous attend.

Justice sociale : Les personnes les plus précaires sont les moins responsables de la crise climatique, mais elles sont les premières victimes de ses effets, notamment lors des épisodes caniculaires à répétition. Or, le projet budgétaire de François Bayrou fait peser sur elles de manière disproportionnée les efforts de réduction de la dette (réforme de l’assurance-chômage, jour fériés travaillés, mais non payés, baisse des dépenses de santé, etc.) par rapport aux plus nantis. De quoi rendre intolérable son projet et susciter une colère sociale toujours plus grande qui nourrit l’extrême droite.

Une politique qui adapterait le pays aux bouleversements en faisant contribuer de manière juste les différentes couches de la population pourrait cesser d’alimenter l’emballement climatique comme le vote RN.

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