Mardi après-midi, le premier ministre François Bayrou a présenté son projet pour réduire le déficit public et réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies sur le budget 2026, qui sera débattu à l’Assemblée nationale à l’automne.
Le chef du gouvernement a confirmé le principe d’une «année blanche», à savoir le gel de toutes les prestations sociales et des pensions l’année prochaine. Concrètement, cela revient à reconduire à l’identique les dépenses publiques de 2025 en 2026, et ce sans prendre en compte les effets de l’inflation – comme c’est habituellement le cas.

Suppression de jours fériés, baisse des dépenses de santé… pendant une heure et quart, François Bayrou a discouru sur les efforts budgétaires à faire dans l’année à venir. Si le premier ministre a souligné que le changement climatique était «une menace en soi», cela ne s’est pas retrouvé dans ses priorités budgétaires pour 2026.
Il réclamera cinq milliards d’euros d’économies aux collectivités, alors même que le Haut conseil pour le climat exigeait un «sursaut collectif urgent» début juillet, et l’accélération du financement de la transition écologique à travers la rénovation énergétique des logements, le déploiement des transports en commun et du ferroviaire… De fait, les collectivités territoriales sont en charge de certaines de ces compétences, qui risquent d’être laissées de côté alors que l’action publique en matière de climat doit s’amplifier dans les années à venir.
Un choix «absurde» et «dangereux»
«Alors que les événements climatiques extrêmes se multiplient, choisir une année blanche pour la transition écologique est non seulement absurde, mais dangereux», a réagi le Réseau action climat, qui fédère 27 associations environnementales. De leur côté, les député·es Écologistes ont dénoncé «une année noire pour l’écologie, les services publics et les plus vulnérables».
Parmi les annonces de François Bayrou figure notamment la suppression d’agences «improductives qui dispersent l’action de l’État» – ce qui irait de pair avec la disparition de 1 000 à 1 500 emplois. Le chef du gouvernement n’a pas précisé quelles agences pourraient être concernées par cette décision, mais plusieurs pistes ont été étudiées ces dernières semaines : l’Agence de la transition écologique (Ademe), l’Agence bio ou encore le Conservatoire du littoral, qui protège et restaure des parcelles côtières.

Le budget 2026 devrait également intégrer une «contribution de solidarité» à destination «des plus hauts revenus» pour que l’effort de la population soit «équitable», ainsi qu’un dispositif de lutte «contre l’optimisation abusive des patrimoines non productifs». Des annonces «très vagues et non chiffrées» qui n’ont pas convaincu l’ONG Attac : «Ne nous y trompons pas : il s’agira d’une contribution purement symbolique des ultrariches, bien loin de ce que rapporterait la taxe Zucman» – une référence à cette proposition d’impôt qui aurait pu rapporter entre 15 et 25 milliards d’euros par an et qui a été rejetée par le Sénat il y a un mois.
Enfin, François Bayrou a évoqué la mise en place d’une «taxe sur les petits colis», qui viserait «un changement de mode de consommation en encourageant davantage les circuits courts et les commerces de proximité».
De la gauche à l’extrême droite, les annonces du chef du gouvernement ont provoqué une levée de boucliers. Les partis d’opposition ont immédiatement agité le spectre de la censure. Le budget pour l’année 2026 devrait être officiellement débattu à l’Assemblée nationale à la rentrée.
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