Ce chiffre rappelle que la lutte contre le réchauffement climatique est aussi un impératif économique. En 2025, les dix plus grosses catastrophes liées au climat ont engendré environ 122 milliards de dollars (103 millions d’euros) de pertes à l’échelle mondiale, selon un rapport de l’ONG britannique Christian Aid, publié ce samedi. Un montant colossal, bien que moins élevé que celui de 2024, qui s’élevait à 200 milliards de dollars (169 milliards d’euros).

Vagues de chaleur, incendies de forêt, sécheresses, tempêtes… Ces catastrophes et leur ampleur ont témoigné, cette année encore, de «la réalité actuelle de l’effondrement climatique», a réagi le climatologue Davide Faranda, alors même que le seuil de +1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle est sur le point d’être franchi.
Ce chiffre de 122 milliards a été calculé à la baisse : pour parvenir à ces estimations – encore partielles, certains dégâts n’ayant pas pu être pleinement chiffrés – l’ONG s’est appuyée sur les seules pertes assurées. «Cela signifie que les coûts financiers réels sont probablement bien plus élevés», souligne le rapport.

Des incendies particulièrement ravageurs aux Etats-Unis
En tête des catastrophes les plus couteuses figurent les incendies de janvier en Californie, qui ont à eux seuls représenté plus de 60 milliards de dollars (50 milliards d’euros) de pertes. En seconde place arrivent les typhons et les inondations qui ont frappé l’Asie du Sud-Est en novembre, causant 25 milliards de dollars de dégâts et la mort de plus de 1 750 personnes en Thaïlande, en Indonésie, au Sri Lanka, au Viêt Nam et en Malaisie.
Viennent ensuite les inondations dévastatrices en Chine, qui ont contraint des milliers de personnes à se déplacer, causé 11,7 milliards de dollars (10 milliards d’euros) de dégâts et fait au moins 30 morts au mois de juillet. Puis l’Ouragan Melissa, qui a touché les Caraïbes fin octobre, provoquant des pertes d’une valeur estimée à 8 milliards de dollars (6,7 milliards d’euros) en Jamaïque, à Cuba, et dans les Bahamas.

Cette année, «aucune région du monde n’a été épargnée par les catastrophes climatiques paralysantes», conclut le rapport, qui pointe également les désastres causés par l’épisode de sécheresse sévère qui a touché le Brésil au premier semestre, les incendies de cet été en Espagne et au Portugal, ou encore les cyclones de février en Australie et sur l’île de La Réunion.
Les pays pauvres particulièrement touchés
Si le top 10 s’est concentré essentiellement sur les coûts financiers – qui sont généralement plus élevés dans les pays riches en raison de la valeur plus élevée des biens et de l’accès à l’assurance –, certains des événements météorologiques extrêmes les plus dévastateurs de 2025 ont frappé des pays plus pauvres, insiste Christian Aid. Des pays qui «ont peu contribué à la crise climatique et disposent de moins de ressources pour y faire face», souligne l’ONG.
Il pointe notamment les inondations au Nigeria en mai et en République démocratique du Congo en avril, qui ont touché des milliers de personnes et causé potentiellement jusqu’à 700 morts au Nigeria seulement. Ainsi que la sécheresse sévère en Iran et en Asie occidentale, qui a menacé, fin novembre, les 10 millions d’habitant·es de Téhéran d’une possible évacuation en raison d’une crise de l’eau.

Dans ce contexte, Christian Aid appelle à une «action urgente pour réduire les émissions de gaz à effet de serre mondiales» et renforcer le soutien aux communautés vulnérables. «Les impacts de ces catastrophes peuvent être atténués si des mesures appropriées sont prises», martèle l’association.
La professeure émérite Joanna Haigh, de l’Imperial College London, abonde : «Ces catastrophes ne sont pas “naturelles”. Elles sont le résultat prévisible de l’expansion continue des combustibles fossiles et des retards politiques». Et de conclure : «À moins que les gouvernements n’agissent dès maintenant pour réduire les émissions et financer des mesures d’adaptation, cette souffrance ne fera que se poursuivre.»