Des feux «sans précédent à Los Angeles» : c’est par ces mots que le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a décrit les incendies qui se déchaînent autour de la ville américaine depuis deux jours. Au moins dix personnes sont mortes dans les brasiers féroces qui sévissent autour de Los Angeles et menacent le quartier d’Hollywood, dont les habitant·es ont été sommé·es d’évacuer.
Des flammes ont commencé à dévorer les collines mercredi soir, à quelques centaines de mètres de Hollywood Boulevard et du célèbre Chinese Theater. Un autre foyer s’est déclaré en soirée dans le quartier voisin de Studio City, ce qui inquiète les autorités.
Plus de 180 000 habitant·es de la mégapole américaine ont été forcé·es de fuir face aux flammes et au moins 12 000 hectares ont été détruits, selon le décompte des pompiers de Californie jeudi. Les autorités redoutent de découvrir de nouveaux morts. «Je suis très nerveuse, effrayée par tout ce qui s’est passé ailleurs», confie Sharon Ibarra, 29 ans, au milieu des bouchons créés par l’ordre d’évacuation d’Hollywood.
Los Angeles est balayée par «des vents de la force d’un ouragan, combinés à des conditions de sécheresse extrêmes», a résumé la maire Karen Bass, lors d’un point presse mercredi soir. Au milieu d’énormes panaches de fumée noire, les rafales ont soufflé jusqu’à 160 kilomètres heure mercredi, et transportent parfois les braises sur de grandes distances. La lutte s’annonce longue : les bourrasques faiblissent, mais les services météorologiques maintiennent l’alerte rouge aux vents forts jusqu’à vendredi.
«Pas assez de pompiers»
Un premier incendie s’est déclaré mardi matin, dans les collines du quartier huppé de Pacific Palisades, qui abrite des célébrités et de nombreuses villas à plusieurs millions de dollars en bord de mer. Là-bas, au moins 6 500 hectares ont été calcinés et plus d’un millier de bâtiments détruits. Les foyers se sont ensuite multipliés dans les banlieues au nord de la ville.
«Nous n’avons pas assez de pompiers dans le comté de Los Angeles pour faire face à cette situation», a déploré mercredi matin Anthony Marrone, le chef des soldats du feu du comté de Los Angeles. «Plus de 7 500» pompiers, parfois venus d’autres États américains, mènent le combat contre ces incendies, a fait savoir le gouverneur de Californie.
La ville d’Altadena, au nord de Los Angeles, ressemble à une zone bombardée, avec des bâtiments en feu et des habitations réduites en cendres. William Gonzales est revenu voir son domicile, évacué la veille. Il confie «avoir presque tout perdu» : «les flammes ont englouti nos rêves. Il n’y a plus que des cendres ici».
Bouches d’incendie vides et fake news
Les Californien·nes ont été invité·es par les autorités à économiser l’eau, car trois réservoirs qui alimentent des bouches d’incendie ont été vidés par le combat contre les flammes à Pacific Palisades.
Le président élu, Donald Trump, a répandu de fausses informations sur son réseau Truth social. Il affirme que la Californie manque d’eau à cause des politiques environnementales démocrates qui détourneraient l’eau de pluie pour protéger un «poisson inutile». En réalité, la plupart de l’eau utilisée par Los Angeles provient du fleuve Colorado, et est consommée en priorité par l’industrie agricole.
Son prédécesseur, Joe Biden, encore au pouvoir jusqu’au 20 janvier, est en visite en Californie. Après avoir débloqué des aides fédérales pour accroître la lutte anti-incendies, il a annulé son voyage prévu jeudi en Italie, a annoncé la Maison Blanche.
Le cinéma perturbé
Les feux perturbent également l’industrie du cinéma : plusieurs tournages de films et séries ont été arrêtés, et le parc d’attractions Universal Studios Hollywood a fermé. Les nominations aux Oscars ont été repoussées au 19 janvier, au lieu du 17.
Plusieurs célébrités hollywoodiennes figurent parmi les personnes forcé·es à évacuer. Connu pour son rôle de Luke Skywalker dans la saga Star Wars, Mark Hamill a indiqué sur Instagram qu’il avait dû quitter mardi sa maison à Malibu, ville prisée des stars.
Vents et sécheresse
Les vents de Santa Ana qui soufflent actuellement sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais, cette semaine, ils ont atteint une intensité jamais vue depuis 2011, selon les météorologistes.
C’est un véritable cauchemar pour les pompiers, car la Californie sort de deux années très pluvieuses, qui ont créé une végétation luxuriante, désormais asséchée par un hiver anormalement sec.
Les scientifiques rappellent que le dérèglement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes. Des avertissements qui prennent tout leur sens pour les résident·es touché·es par ces catastrophes. «C’est probablement le changement climatique qui affecte tout. Je suis sûre que ça a ajouté à tout ça, soupire Debbie Collins, devant sa boutique menacée par les flammes à Altadena. Le monde va vraiment mal et nous devons en faire plus.»