Portrait

«Monsieur chasse», fidèle d’Emmanuel Macron, transfuge de la droite… Qui est Sébastien Lecornu, nouveau premier ministre ?

Fidèle est Sébastien. Quelques heures après la démission de François Bayrou, le président de la République a nommé son successeur à Matignon : le désormais ex-ministre des armées, Sébastien Lecornu. Fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron, figure de la droite, il est le seul à avoir été de tous les gouvernements depuis 2017. On rembobine.
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Cette fois, le choix d’Emmanuel Macron aura été rapide. C’est celui du cœur. Après avoir reçu la démission de François Bayrou en fin de matinée mardi, le président de la République n’a pas tergiversé comme il l’avait fait avant de nommer le Béarnais en décembre dernier : le soir même, il a nommé à Matignon Sébastien Lecornu, jusqu’alors ministre des armées.

«Je veux dire sincèrement à nos compatriotes que je mesure leurs attentes et que je connais les difficultés, a réagi dans la soirée le nouveau premier ministre sur X-Twitter. Nous sommes au travail, avec humilité, et nous allons tout faire pour y arriver.»

Sébastien Lecornu a été secrétaire d’État à l’écologie. © École polytechnique/ Institut Polytechnique de Paris/J.Barande

L’homme de 39 ans est l’un des proches d’Emmanuel Macron, le seul ministre rescapé des deux mandats, et il vient de la droite comme son ami Gérald Darmanin, désormais ex-ministre de la justice. Son nom avait déjà circulé pour remplacer Élisabeth Borne, Gabriel Attal et Michel Barnier en tant que chef du gouvernement. Emmanuel Macron n’a donc pas nommé un premier ministre issu du Nouveau Front populaire (NFP) malgré les appels du pied du Parti socialiste et des Écologistes.

Secrétaire d’État à l’écologie

Sébastien Lecornu fait ses premières armes en politique en tant que militant à l’UMP, à 16 ans, dès 2004. Il se frotte ensuite au suffrage universel, en 2014, et est élu maire de Vernon (Eure). Ancien soutien de François Fillon – jusqu’à l’affaire du «Pénélopegate» –, il finit par rejoindre la macronie et devient secrétaire d’État à l’écologie en juin 2017, auprès du ministre de la transition écologique Nicolas Hulot, puis François de Rugy.

Il est alors chargé des dossiers liés à l’énergie et au nucléaire : fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), ouverture de celle de Flamanville (Manche) ou encore projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo à Bure (Meuse).

Il pilote également la fermeture des quatre centrales à charbon encore présentes sur le territoire, comme le rappelle le média Contexte.

«Monsieur chasse»

Présenté comme le «Monsieur chasse» du gouvernement – une activité qu’il pratique dans sa vie privée –, il est ensuite chargé de la réforme de la chasse voulue par Emmanuel Macron. Toujours secrétaire d’État à l’écologie, il présente ainsi en mai 2018 un plan de «refonte» et réduit le coût du permis pour chasser de 400 à 200 euros. «C’est utile, car nous sommes confrontés aux problèmes des dégâts de gibier causés par les sangliers», précise-t-il dans un entretien au Figaro.

Il annonce dans la foulée la mise en place d’une contribution pour la biodiversité de cinq euros sur chaque permis de chasse. «L’État abondera ce fonds à hauteur de dix euros par chasseur. L’objectif est de le doter de 16 millions d’euros pour des actions concrètes en faveur de la biodiversité : restauration de haies, de chemins forestiers, de zones humides. Cela permettra de voir réapparaître du petit gibier qui est en train, malheureusement, de disparaître», détaille-t-il alors.

Ministre des armées

Après le ministère des collectivités territoriales (2018-2020) et celui des outre-mers (2020-2022), Sébastien Lecornu accède avec le gouvernement Borne au poste qu’il désire profondément : ministre des armées. Il occupe cette fonction sous les trois derniers gouvernements. «Ces questions me passionnent. J’ai de l’énergie à revendre à ce ministère», confie au Parisien, le 30 août 2025, celui qui est aussi colonel réserviste de la gendarmerie nationale.

Contre le mariage pour tous

Au journal le Monde, il se décrit comme «gaulliste» et «fondamentalement de droite». «Comme Gérald Darmanin, j’ai des origines popu et j’ai du mal avec l’excuse sociale», raconte-t-il au quotidien. Après avoir déclaré la «chasse aux tricheurs» en tant président du conseil départemental de l’Eure (élu en 2015), il refuse, en 2016, de tenir compte de l’augmentation du revenu de solidarité active (RSA) décidée par le gouvernement socialiste.

Opposé au mariage pour tous, il déclare en 2012 que «le communautarisme gay [l]’exaspère autant que l’homophobie». Il s’oppose en 2015 à l’ouverture de l’adoption pour les couples de même genre et défend qu’«une famille se construit entre un homme et une femme». Il est aussi contre la procréation médicale assistée (PMA) et à la gestation pour autrui (GPA), jusqu’à ce qu’il change d’avis en 2019.

Une personnalité «sympathique», selon Marine Le Pen

Le 9 juillet 2024, Libération révèle que Sébastien Lecornu a rencontré à plusieurs reprises Marine Le Pen, la cheffe de file des député·es Rassemblement national, au cours de dîners censés rester secrets. Cette dernière raconte à son entourage le «trouver sympathique». Lui, de son côté, reprend certains amendements du RN, comme s’ils provenaient du gouvernement, écrit le quotidien. À l’époque, Sébastien Lecornu dément ces rencontres confidentielles.

Dans le communiqué au moment de la nomination du nouveau premier ministre, ce mardi, l’Élysée annonce qu’Emmanuel Macron charge Sébastien Lecornu de «consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois». S’il ne s’appuie que sur sa jambe droite, la chute paraît inévitable.

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