Portrait

Ancienne présidente du WWF France, négociatrice sur le climat… qui est Monique Barbut, la nouvelle ministre de la transition écologique ?

Vert dure ? Ancienne figure associative, Monique Barbut vient de prendre ses fonctions dans le nouveau gouvernement Lecornu. La nomination de cette routarde de la diplomatie environnementale ravive les espoirs d'une relance de la transition écologique, mais sa marge de manœuvre est limitée.
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Après sept ans de loyaux services sous la présidence d’Emmanuel Macron : à l’industrie, à l’agriculture et, plus récemment, à la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher passe la main. Cette macroniste de la première heure avait répété depuis plusieurs jours ne pas vouloir rempiler pour montrer l’exemple de la «rupture» demandée par les Français·es.

Monique Barbut est nommée ministre de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature. © Fadel Senna/AFP

Moins connue du grand public, sa successeure au ministère de la transition écologique – Monique Barbut – tranche par son passé associatif et apolitique. À 69 ans, cette routarde des politiques environnementales vient d’être nommée dans le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu, annoncé dimanche soir.

«Pas identifiée comme quelqu’un qui fait bouger les lignes»

De son passé, on retient d’abord et avant tout son poste de présidente du WWF France, qu’elle a occupé de 2021 à 2023. Cette association environnementale de notoriété mondiale est notamment connue pour son engagement en faveur de la transition écologique et de la protection de la biodiversité.

Ces derniers temps, la branche française de l’ONG (dont Monique Barbut n’est plus présidente depuis l’automne 2023) s’est distinguée pour ses alertes sur l’état de plusieurs populations d’espèces animales menacées, sa dénonciation du déclassement du statut européen de protection du loup ou encore son opposition à la très décriée loi Duplomb.

Monique Barbut hérite d’un poste qui a vu ses marges de manœuvre réduites, entre reculs environnementaux, coupes budgétaires et attaques contre les énergies renouvelables ou les agences nationales environnementales, largement dénoncées par sa prédécesseure. Quelles seront les options de la nouvelle ministre dans cette institution parfois qualifiée de «ministère de l’impossible» ? «Pas d’a prori négatif» la concernant, pour Benoît Biteau, député (Les Écologistes) de Charente-Maritime. Et de préciser : «Je ne la connais pas, mais le fait qu’elle ne soit pas dans mes radars me tracasse, je ne l’ai pas identifiée comme quelqu’un qui fait bouger les lignes.»

L’élu paysan annonce à Vert qu’il votera une potentielle motion de censure de ce nouveau gouvernement, tout comme les député·es de La France insoumise et du Rassemblement national. Il s’inquiète notamment des équilibres avec les autres ministres nommé·es : «Je suis curieux de savoir comment cette nouvelle ministre va tordre le bras à Annie Genevard, qui reste bloquée dans le 20ème siècle et dont les politiques relèvent d’un climatoscepticisme assez inquiétant.»

Une habituée des négociations internationales sur le financement de la transition écologique

Dans le nouveau gouvernement Lecornu II, Monique Barbut est placée au quatrième rang protocolaire dans l’ordre des ministères. L’intitulé exact de ses fonctions en dit long : ministre de la «transition écologique», de la «biodiversité», mais aussi des «négociations internationales sur le climat et la nature». Monique Barbu sera chargée de représenter la France dans les négociations de la conférence mondiale (COP30) sur le climat à Belém (Brésil), qui s’ouvre dans moins d’un mois.

La nouvelle ministre a pour elle un riche passé dans des postes internationaux au service de la protection de l’environnement. Titulaire d’une licence d’anglais et d’un diplôme d’études approfondies (DEA) de sciences économiques, Monique Barbut a commencé sa carrière en 1981 au sein de l’Agence française de développement (AFD), dédiée à l’aide aux pays étrangers.

Elle y occupe jusqu’en 2003 plusieurs postes de direction, notamment en lien avec les départements et territoires d’outre-mer. Membre de la délégation française lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, elle participe activement aux négociations sur le financement mondial de la protection de l’environnement.

De 2003 à 2006, elle dirige la division «technologie, industrie et économie» du Programme des Nations unies pour l’environnement. Elle poursuit son travail au service de l’aide à la transition écologique des pays en voie de développement en dirigeant jusqu’en 2012 le Fonds pour l’environnement mondial.

Elle occupe par la suite pendant six ans le poste de secrétaire exécutive de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, ce texte international adopté en 1992 à Rio, en même temps que les accords sur le climat et la diversité biologique. Plus récemment, elle devient envoyée spéciale du président de la République pour la biodiversité dans le contexte du One Planet Summit, un cadre de discussions internationales dédié au financement de la transition écologique.

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