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Une nouvelle «occasion manquée» : la COP30 accouche d’un accord «sans ambition» et sans mention des énergies fossiles

COP un goût amer. Le 30ème sommet mondial (COP30) sur le climat s’est achevé samedi à Belém (Brésil) par l’adoption d’un texte «plat» et «sans ambition» sur l’action climatique. Faute de consensus sur un plan de sortie des énergies fossiles, le Brésil a promis de continuer le travail avec les pays volontaires. Ils seraient plus de 80.
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«Effectivement, tout ça pour ça», a commenté sans détour la ministre française de la transition écologique, Monique Barbut, à quelques minutes du dernier coup de marteau clôturant la 30ème conférence mondiale (COP30) sur le climat samedi à Belém (Brésil). Treize jours de négociations – dont 24 heures de prolongation et une quasi-nuit blanche pour les négociatrices et négociateurs – n’auront donc pas permis d’obtenir le sursaut collectif espéré. «Aucun d’entre nous ne part d’ici avec un sentiment de triomphalisme», a confirmé Monique Barbut, déplorant un «texte assez plat» et «sans ambition»«Je ne pourrais pas appeler cette COP une réussite», a-t-elle ajouté.

Pas de mention des énergies fossiles, mais un «accélérateur» volontaire

Le texte adopté par consensus ne mentionne pas les énergies fossiles, responsables de plus de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Seul un pompeux «accélérateur mondial de mise en œuvre» tout juste lancé doit permettre aux pays volontaires de prolonger l’engagement négocié à Dubaï (Émirats arabes unis) en 2023. Les pays s’étaient alors engagés pour la première fois à collectivement «transitionner hors des énergies fossiles» (notre article).

Le président brésilien de la COP30, André Correa do Lago, a fait adopter un accord a minima. © Pablo Porciuncula/AFP

Tout au long du sommet, la proposition du président brésilien Lula d’établir une feuille de route pour «surmonter la dépendance aux combustibles fossiles» a rencontré un écho grandissant et plus de 82 États se sont explicitement prononcés en sa faveur. Mais de nombreux pays producteurs, dont l’Arabie saoudite et la Russie, s’y sont fermement opposés.

«En tant que président de la COP30, je vais préparer deux feuilles de route : l’une pour la déforestation, l’autre pour une sortie des fossiles», a promis le Brésilien André Correa do Lago. «Et nous rendrons compte», a-t-il promis, mentionnant la COP31 qui aura lieu en Turquie et, avant cela, la première conférence internationale sur la sortie des énergies fossiles, que la Colombie organisera en avril.

«L’éléphant dans la pièce, c’était le manque de financement des pays riches»

«Nous ne pouvons pas soutenir un texte qui ne mentionne pas une feuille de route pour mettre en œuvre une sortie juste, ordonnée et équitable des énergies fossiles», avaient pourtant prévenu une trentaine de pays, notamment européens, vendredi (notre article). Ils ont finalement soutenu l’accord sans avoir eu gain de cause : «On n’avait pas envie d’entendre le procès fait aux Européens disant qu’on s’opposait à ce texte parce qu’on ne voulait pas payer pour les pays les plus pauvres», a justifié Monique Barbut.

Pour Joe Ware, de l’ONG caritative chrétienne Christian Aid, c’est une lecture inverse qui doit être faite : «L’éléphant dans la pièce, c’était le manque de financement des pays riches pour financer la transition énergétique et abandonner les énergies fossiles, et pour aider les communautés vulnérables à s’adapter à une crise climatique qu’elles n’ont en rien provoquée. Si les pays riches avaient été disposés à honorer leurs engagements financiers, un plan de sortie progressive des énergies fossiles aurait été envisageable. Mais, sans les fonds nécessaires, cette tâche est devenue impossible», explique-t-il.

Aide aux pays les plus pauvres : «On a obtenu cinq ans de délai»

En matière d’engagements financiers, les pays du Sud n’ont remporté qu’une seule et maigre victoire avec l’inscription d’un appel aux économies développées «à au moins tripler le financement de l’adaptation [au changement climatique] d’ici à 2035», soit 120 milliards de dollars (104 milliards d’euros). Et encore : alors que cette hausse devait advenir en 2030 dans les brouillons d’accord, «on a obtenu cinq ans de délai», s’est félicité Monique Barbut. La France fait partie des pays qui ont fait preuve d’intransigeance sur les sujets financiers tout au long de la COP30 (notre article). «Dans l’ensemble, le sommet de cette année a été une occasion manquée de s’attaquer de front au défi climatique», a conclu Joe Ware, de l’ONG Christian Aid.

«Ce résultat décevant ne rend pas justice à ce qui s’est passé à Belém, a tenu à souligner Greenpeace. «Le sommet a été marqué par la plus grande participation autochtone à une COP sur le climat, mais aussi par les marches et manifestations organisées aux portes des négociations. Elles ont conduit à la démarcation de 14 territoires autochtones, sécurisant les droits de ces peuples sur plus de 2,4 millions d’hectares de terres au Brésil.» Sur ce point, la COP30 aura bien mérité son surnom de «COP des peuples».

Lundi 24 novembre, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a déploré les «faibles résultats» de la COP30, avertissant que l’«inaction fatale» des dirigeant·es pourrait un jour être considérée comme un «crime contre l’humanité».

«Je me demande souvent comment les générations futures jugeront les actions – et l’inaction fatale – de nos dirigeants face à la crise climatique dans 50 ou 100 ans», a-t-il déclaré lors d’un forum sur les entreprises et les droits de l’homme à Genève (Suisse), tout en s’interrogeant : «La réponse inadéquate d’aujourd’hui pourrait-elle être considérée comme un écocide, voire un crime contre l’humanité ?»

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