À quelques jours du premier tour des élections législatives, et alors que tout le monde ne jure plus que par l'écologie, nous nous poserons tou·tes ensemble cette folle question : l'écologie de droite peut-elle nous sauver ?
📅 Ce lundi 6 juin, à 19h à la Recyclerie (Paris 18ème), nous échangerons avec le politiste Bruno Villalba, spécialiste de l'écologie politique ; Olivier Blond, fondateur d'un think tank qui veut créer un récit écologique de droite ; la députée (Horizons) Valérie Petit, qui a théorisé « l'écologie turquoise », ainsi qu'avec la candidate (Nupes) à Boulogne-Billancourt Pauline Rapilly Ferniot, habituée à ferrailler avec la droite locale sur l'écologie et fondatrice du collectif Ibiza (oui, celui qui a fait naître le faux Jean-Michel Blanquer). Pour tout savoir de cette soirée et vous inscrire, cliquez ici.
Taxons et déchargeons les bateaux ivres d'hydrocarbures qui aliment les guerres et un climat toujours plus dur.

Taxer les superprofits du gaz et du pétrole : qu'est-ce qu'on attend ?
Faire profit bas. Avec la flambée des cours, les grands groupes énergétiques enregistrent des profits records tandis que des millions d'Européen·nes basculent dans la précarité. L'idée de taxer les uns pour aider les autres fait (difficilement) son chemin.
Le malheur des uns... La reprise économique post-Covid et les prémices de la guerre en Ukraine ont fait les bonnes affaires des majors pétrogazières en 2021. Profitant de la flambée des cours du gaz et du pétrole, TotalEnergies a ainsi annoncé en février un bénéfice inédit de 14 milliards d’euros pour l'exercice 2021. Son confrère anglo-néerlandais Shell a empoché 18,8 milliards d’euros, le britannique BP 7,1 milliards. La situation actuelle laisse présager d'autres records.
Dans le même temps, la hausse inédite des factures d'énergies - +25% en moyenne en 2021 selon Eurostat - met en difficulté près de 80 millions d’Européen·es selon le Réseau action climat. En France, où la hausse des prix des produits énergétiques atteint 28% en mai selon l'Insee, les signaux indiquant une précarisation grandissante de certains foyers se multiplient.

La Commission européenne, l’AIE et même l'OCDE (l’organisation de coopération économique des pays développés) ont suggéré aux États européens de mettre en place un prélèvement exceptionnel sur les surprofits des grands groupes d’énergie afin de financer des mesures de soutien aux ménages. D'abord seule à passer le pas, l'Italie a été rejointe par la Hongrie puis, mercredi, par le Royaume-Uni. Le gouvernement de Boris Johnson a cédé face à la volonté populaire et annoncé une taxe de 25% sur les bénéfices des producteurs pétrogaziers. Elle pourrait rapporter jusqu’à 5,8 milliards d’euros et contribuer à la transition écologique.
En France, le gouvernement a indiqué avoir déboursé 30 milliards d'euros dans des mesures à larges spectres (c’est-à-dire non ciblées sur les ménages les plus pauvres), telles que le bouclier sur les tarifs réglementés du gaz et de l'électricité ou la ristourne de 15 centimes d'euros à la pompe.
Tout en excluant fermement de taxer sur les superprofits des entreprises énergétiques, l'État a tout de même mis à contribution les acteurs des énergies… décarbonées. Il a ainsi contraint EDF à céder de l’électricité issue du nucléaire à prix cassé aux fournisseurs alternatifs, afin de limiter la hausse des factures. L'énergéticien estime le manque à gagner à huit milliards d'euros.

· En fin de semaine dernière, les ministres du climat et de l’énergie des membres du G7 (qui réunit sept des plus grandes puissances mondiales, sans la Chine) se sont engagé·es à décarboner leur secteur électrique à horizon 2035 et à mettre fin au subventionnement des énergies fossiles à l’étranger d’ici à la fin de l’année 2022. Ces promesses devraient être concrétisées à l’occasion du sommet du G7 qui se tiendra fin juin en Allemagne en présence des chef·fes d’État. - Vert
· Lundi, l’Union européenne s’est accordée sur un embargo sur la quasi-totalité sur le pétrole russe, dans le cadre du sixième volet de sanctions à l’encontre de Moscou. L’importation de pétrole par bateau sera interrompue tandis que quelques pays enclavés, comme la Hongrie, pourront continuer d’utiliser les oléoducs dont ils dépendent. - Vert
· Lundi encore, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a conclu que le glyphosate n’est ni cancérogène, ni mutagène, ni toxique pour la reproduction. L’autorisation de mise sur le marché de cet herbicide controversé, parmi les plus utilisés dans le monde, arrive à terme en 2022 et doit être réévaluée. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait considéré que l’herbicide était un « cancérogène probable » pour les humains. Plus d’informations sur cet épineux dossier dans le Monde (abonné·es).
· Mardi, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné a pris la présidence de l’association Entreprises pour l’environnement (EpE), succédant à ce poste au patron de BNP Paribas Jean-Laurent Bonnafé. Le dirigeant de la major pétrogazière a reconnu que cette nomination pouvait être perçue « comme une provocation », mais estime qu’elle intervient à un moment où son groupe « entame une transformation » pour faire face à l’urgence climatique. Quant à EpE, elle revendique « d’améliorer la crédibilité des entreprises en matière d’environnement », mais compte au sein de son conseil d’administration plusieurs firmes au lourd impact écologique comme Vinci, Suez, Primagaz, Airbus. - AEF info (abonné·es)

« À la fin, c’est un jeu de perdant-perdant : avant de frapper, le réchauffement climatique ne demandera pas qui a financé et qui n’a pas financé. »
Il y a trente ans, le 2 juin 1992, s’ouvrait le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro (Brésil). Cette première conférence universelle a posé les jalons de la diplomatie climatique pour des décennies à venir : c’est notamment à Rio que l’on a instauré le principe des conférences mondiales de l’ONU (les COP) annuelles sur les changements climatiques, la biodiversité et la désertification. Dans un riche entretien à Vert, Bettina Laville, ex-conseillère d’État et organisatrice du Sommet de la Terre en 1992, revient sur l’héritage de cette conférence et évoque l’avenir de la diplomatie climatique.

· Ça fout les poules. Depuis novembre dernier, 77 millions d’oiseaux ont été abattus préventivement à travers le monde à cause de la grippe aviaire, dont 16 millions en France selon le ministère de l’agriculture. Dans un article récemment paru dans la revue scientifique Nature, des chercheur·ses s’inquiètent de la propagation inédite des maladies aviaires au sein des populations d’oiseaux sauvages. Les scientifiques craignent des mutations incontrôlées qui pourraient mettre en danger des espèces en danger d’extinction ou, à terme, contaminer les êtres humains. - Vert
· L'heure du bilan. Matthieu Orphelin, député écologiste ex-LREM, a publié un petit ouvrage pour faire le bilan de ses cinq années passées à l'Assemblée nationale. Le parlementaire, qui n'est pas candidat à sa réélection, raconte ses déceptions et explique sa vision du mandat de député, dans l'espoir d'inciter celles et ceux qui le remplaceront à prendre leur rôle autant à cœur que lui. Un entretien à lire sur vert.eco
· On est dans le Pétra. Manque d’eau, pics de chaleur, inondations ravageuses : le changement climatique menace le patrimoine archéologique inestimable de Pétra, ville troglodyte du sud de la Jordanie qui détient le titre de « septième merveille du monde ». Les bouleversements du climat affectent aussi fortement le mode de vie des habitant·es, très dépendant·es du tourisme. Un grand reportage à découvrir sur vert.eco


· Cour toujours ! La cour administrative d’appel de Toulouse a confirmé l'annulation du dernier permis de construire du méga centre commercial Val Tolosa en Haute-Garonne. Lancé au début des années 2000 dans l’ouest toulousain, ce projet devait s'étaler sur plus de 100 000 m² pour accueillir jusqu'à 160 magasins, des entrepôts logistiques et un lac artificiel sur quelque 44 hectares de terres agricoles. - Vert
· Into the wild. Le programme Wild Legal, qui milite pour la reconnaissance des droits de la nature dans la législation française, en appelle au public pour trouver le thème de son quatrième « procès simulé ». Les juristes de l’association ont déjà fait le procès de l’orpaillage illégal en Guyane, des rejets de boues rouges en Méditerranée et celui, qui devrait s’achever le 25 juin, de l’impact de l’élevage sur les algues vertes en Bretagne. - Vert
· Bas les pattes. Mercredi, le Conseil d’État a validé un moratoire de cinq ans sur la chasse au grand tétras des Pyrénées, le plus imposant oiseau terrestre d’Europe. La plus haute juridiction administrative avait été saisie il y a un an par les associations de lutte pour la biodiversité, après le refus du ministère de la transition écologique de s’opposer à la chasse de l’animal. La population du volatile a été divisée par cinq depuis 1960. - Le Monde (abonné·es)
· Niveau élémentaire. À quelques jours des élections législatives (les 12 et 19 juin), l’association Agir pour l’environnement (APE) a réalisé un classement des député·es sortant·es à partir de 17 scrutins publics reliés à l’écologie au cours du quinquennat. Outre les classements individuels, Agir pour l’environnement révèle surtout une forte abstention des parlementaires sur ces votes clés pour l’environnement, avec un taux de présence moyen de 14,8%. - Vert

Les carnets du scarabée : tout savoir sur nos camarades à plumes et à feuilles
C’est le printemps ! Le rossignol chantonne en pleine nuit, le chèvrefeuille dégage ses effluves sucrés et les cigognes alsaciennes nichent sur les platanes des boulevards. Mais au-delà des plus communs, savez-vous reconnaître arbres et oiseaux, en ville comme aux champs ? Pour vous prêter main forte, les éditions Tana publient deux ouvrages, sobrement intitulés Oiseaux et Arbres, de leur nouvelle collection Les carnets du scarabée. Une chronique à lire sur vert.eco

Forêts françaises en quête d’avenir
Promenons-nous dans les bois, tant que le climat n’y change pas. Malheureusement, c’est de plus en plus le cas, comme le constatent les forestiers rencontrés dans le documentaire Forêts françaises, en quête d’avenir. Face à la multiplication des crises et des risques, ces spécialistes veulent montrer de quel bois elles et ils se chauffent : replantations de « régénération », multiplication des espèces, gestion arbre par arbre. Mais les aléas climatiques révèlent aussi à quel point l’économie de toute la filière repose sur un financement public insuffisant, mal distribué et encore trop fortement tourné vers le seul objectif de produire du bois.

+ Aurélie Delmas, Loup Espargilière, Lyse Mauvais, Anne-Sophie Novel, Juliette Quef et Anna Sardin ont contribué à ce numéro