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L’Union européenne engage un embargo sur le pétrole russe

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Voy­age en eau rou­bles. La déci­sion a été prise dans la nuit à Brux­elles : dans le cadre du six­ième volet de sanc­tions à l’encontre de la Russie, le robi­net du pét­role achem­iné par bateau vers l’U­nion européenne sera bien­tôt coupé

Les livraisons mar­itimes représen­tent deux tiers des impor­ta­tions européennes d’or noir depuis la Russie. Leur arrêt per­met à l’U­nion européenne (UE) de sanc­tion­ner Moscou, après l’in­va­sion de l’Ukraine le 24 févri­er dernier. Le prési­dent du Con­seil européen, Charles Michel, a estimé que cet embar­go allait « couper une énorme source de finance­ment de la machine de guerre » russe. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Union européenne a ver­sé 29,9 mil­liards d’euros à la Russie pour lui acheter du pét­role, selon le décompte en direct du groupe de recherche indépen­dant CREA (Cen­ter for Research on Ener­gy and Clean Air — Vert).

Le boy­cott européen doit désor­mais s’appliquer en deux temps : dans les six mois pour le pét­role brut, et d’i­ci à huit mois pour les pro­duits raf­finés, comme les car­bu­rants. La Hon­grie, qui s’op­po­sait à cette déci­sion prise par les chef·fes d’É­tat et de gou­verne­ment réuni·es en som­met, a finale­ment levé son veto. Ce pays enclavé, qui n’a pas accès à la mer, béné­ficiera en échange d’une excep­tion tem­po­raire et reste ali­men­té par l’oléo­duc Drou­j­ba dont il est dépen­dant pour 65% de sa con­som­ma­tion.

L’embargo devrait s’é­ten­dre pro­gres­sive­ment aux four­ni­tures de pét­role par pipelines, l’UE enten­dant « met­tre fin aux impor­ta­tions de pét­role russe à 90% d’i­ci fin 2022 », a pré­cisé Emmanuel Macron. 

En 2020, les livraisons russ­es représen­taient 29% des impor­ta­tions extra-com­mu­nau­taires de pét­role brut, d’après les don­nées fournies par Euro­stat. L’U­nion européenne devra ain­si se tourn­er vers d’autres pays expor­ta­teurs, comme les États-Unis, la Norvège, l’Ara­bie Saou­dite ou le Roy­aume-Uni, miser sur les éner­gies renou­ve­lables (Vert). Mais aus­si (surtout) réduire sa con­som­ma­tion de pét­role. Dans un plan en ce sens présen­té en mars dernier, l’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie a notam­ment pré­con­isé d’abaisser de 10 km/h la lim­i­ta­tion de vitesse sur les autoroutes, de ren­dre les trans­ports en com­mun plus abor­d­ables et d’adopter la cir­cu­la­tion alternée dans les grandes villes. « La Russie est le troisième pro­duc­teur de pét­role et le plus grand expor­ta­teur de pét­role au monde », souligne l’or­gan­i­sa­tion, qui rap­pelle que les États-Unis et le Cana­da ont déjà annon­cé l’in­ter­dic­tion de toute impor­ta­tion de pét­role russe.

Par­mi les autres mesures de ce six­ième « paquet de sanc­tions » con­tre la Russie, trois ban­ques russ­es ont égale­ment été exclues du sys­tème financier inter­na­tion­al Swift et la liste noire des per­son­nal­ités sanc­tion­nées a été allongée. La dépen­dance au gaz russe — 43% des impor­ta­tions européennes de gaz naturel en 2020 — et la crise ali­men­taire liée au blocage des expor­ta­tions de céréales ukraini­ennes qui men­ace en par­ti­c­uli­er le con­ti­nent africain devraient être abor­dées lors du som­met qui se pour­suit ce mar­di.