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À Versailles, l’Europe se demande comment couper le robinet du gaz russe

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La galerie dégaze. Alors que les com­bats font rage et que la sit­u­a­tion human­i­taire se dégrade en Ukraine, les États mem­bres de l’U­nion européenne (UE) sont réu­nis à Ver­sailles jusqu’à ce soir afin, notam­ment, de trou­ver des répons­es face à la forte dépen­dance vis-à-vis du gaz russe, qui représente 40% des appro­vi­sion­nements

Jeu­di, au pre­mier jour du som­met, le prési­dent français Emmanuel Macron a annon­cé son souhait que soient pris­es « des déci­sions en matière d’én­ergie » d’i­ci à un prochain ren­dez-vous prévu à la fin du mois. « Nous devons nous pré­par­er à tous les scé­nar­ios », notam­ment en iden­ti­fi­ant d’autres four­nisseurs « à court terme », pour sup­primer la « vul­néra­bil­ité » européenne sur cette ques­tion, a‑t-il pour­suivi. 

Le prési­dent du Con­seil européen Charles Michel, Emmanuel Macron et Mario Draghi, pre­mier min­istre ital­ien, réu­nis ce ven­dre­di à Ver­sailles. © Sarah Meysson­nier / AFP

Quelques jours plus tôt, la Com­mis­sion européenne détail­lait son plan REPow­erEU « visant à ren­dre l’Eu­rope indépen­dante des com­bustibles fos­siles russ­es bien avant 2030 », avec un objec­tif à plus court terme de « réduire la demande de gaz russe de l’UE de deux tiers avant la fin de l’an­née » (notre arti­cle). Par­mi les options sur la table : les économies d’én­ergie, la diver­si­fi­ca­tion des éner­gies — notam­ment en s’ap­puyant sur le gaz naturel liqué­fié (L’Ex­press), la créa­tion de réserves mutu­al­isées, mais aus­si la pro­lon­ga­tion de la durée de vie des cen­trales nucléaires actuelles, sug­gérée par Thier­ry Bre­ton, le com­mis­saire européen respon­s­able du marché intérieur ce ven­dre­di (France info). Sur Twit­ter, la prési­dente de la Com­mis­sion Ursu­la Von der Leyen a ajouté que l’UE doit « faire face aux prix élevés de l’én­ergie et [se] pré­par­er pour l’hiv­er prochain » alors que les tar­ifs s’en­v­o­lent déjà depuis que l’ar­mée russe a envahi l’Ukraine. 

De son côté, la Russie n’a pas (encore) engagé une stratégie de pres­sion sur ce sujet. Vladimir Pou­tine assure que son pays main­tien­dra toutes ses livraisons d’hydrocarbures. « Jusqu’à quand, en fonc­tion de quoi, nul ne sait », a com­men­té Emmanuel Macron. La prési­dente de la Com­mis­sion européenne a été dans le même sens en con­sid­érant que l’UE ne peut « tout sim­ple­ment pas [se] fier à un four­nisseur qui [la] men­ace explicite­ment ». 

En France, Marine Le Pen (RN), estime que « ban­nir le pét­role ou le gaz russe, c’est sanc­tion­ner lour­de­ment les Français, les entre­pris­es français­es » ; Valérie Pécresse (LR) préfère une diminu­tion des achats à un arrêt total et Yan­nick Jadot appelle, lui, à « un embar­go sur le gaz et le pét­role russ­es » afin de « répon­dre à l’appel du prési­dent ukrainien Volodymyr Zelen­sky » (Le Monde). « Il nous faut sor­tir du gaz et du pét­role, et non créer de nou­velles dépen­dances. Le com­bat pour notre sécu­rité est bien, aus­si, celui du cli­mat », ajoute le can­di­dat EELV à l’élec­tion prési­den­tielle.

Alors que ce ven­dre­di mar­que le onz­ième anniver­saire de l’ac­ci­dent nucléaire de Fukushi­ma (Japon), France nature envi­ron­nement (FNE) réclame que « la réduc­tion de la dépen­dance de l’Europe aux hydro­car­bu­res en général et en par­ti­c­uli­er à celles des Russ­es » se fasse « rapi­de­ment sans créer ou ampli­fi­er une nou­velle men­ace, sans tomber de Charybde cli­ma­tique en Scyl­la nucléaire ».

La ques­tion des alter­na­tives « pro­pres » va se pos­er rapi­de­ment. Out­re-Atlan­tique, le gou­verne­ment nord-améri­cain pousse d’ores et déjà l’in­dus­trie du pét­role à pro­duire plus, après avoir instau­ré un embar­go sur l’im­por­ta­tion de brut russe… tout en promet­tant que cette sit­u­a­tion ne remet pas en ques­tion son engage­ment vers une tran­si­tion énergé­tique.