La galerie dégaze. Alors que les combats font rage et que la situation humanitaire se dégrade en Ukraine, les États membres de l’Union européenne (UE) sont réunis à Versailles jusqu’à ce soir afin, notamment, de trouver des réponses face à la forte dépendance vis-à-vis du gaz russe, qui représente 40% des approvisionnements.
Jeudi, au premier jour du sommet, le président français Emmanuel Macron a annoncé son souhait que soient prises « des décisions en matière d’énergie » d’ici à un prochain rendez-vous prévu à la fin du mois. « Nous devons nous préparer à tous les scénarios », notamment en identifiant d’autres fournisseurs « à court terme », pour supprimer la « vulnérabilité » européenne sur cette question, a-t-il poursuivi.

Quelques jours plus tôt, la Commission européenne détaillait son plan REPowerEU « visant à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030 », avec un objectif à plus court terme de « réduire la demande de gaz russe de l’UE de deux tiers avant la fin de l’année » (notre article). Parmi les options sur la table : les économies d’énergie, la diversification des énergies – notamment en s’appuyant sur le gaz naturel liquéfié (L’Express), la création de réserves mutualisées, mais aussi la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires actuelles, suggérée par Thierry Breton, le commissaire européen responsable du marché intérieur ce vendredi (France info). Sur Twitter, la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen a ajouté que l’UE doit « faire face aux prix élevés de l’énergie et [se] préparer pour l’hiver prochain » alors que les tarifs s’envolent déjà depuis que l’armée russe a envahi l’Ukraine.
De son côté, la Russie n’a pas (encore) engagé une stratégie de pression sur ce sujet. Vladimir Poutine assure que son pays maintiendra toutes ses livraisons d’hydrocarbures. « Jusqu’à quand, en fonction de quoi, nul ne sait », a commenté Emmanuel Macron. La présidente de la Commission européenne a été dans le même sens en considérant que l’UE ne peut « tout simplement pas [se] fier à un fournisseur qui [la] menace explicitement ».
En France, Marine Le Pen (RN), estime que « bannir le pétrole ou le gaz russe, c’est sanctionner lourdement les Français, les entreprises françaises » ; Valérie Pécresse (LR) préfère une diminution des achats à un arrêt total et Yannick Jadot appelle, lui, à « un embargo sur le gaz et le pétrole russes » afin de « répondre à l’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky » (Le Monde). « Il nous faut sortir du gaz et du pétrole, et non créer de nouvelles dépendances. Le combat pour notre sécurité est bien, aussi, celui du climat », ajoute le candidat EELV à l’élection présidentielle.
Alors que ce vendredi marque le onzième anniversaire de l’accident nucléaire de Fukushima (Japon), France nature environnement (FNE) réclame que « la réduction de la dépendance de l’Europe aux hydrocarbures en général et en particulier à celles des Russes » se fasse « rapidement sans créer ou amplifier une nouvelle menace, sans tomber de Charybde climatique en Scylla nucléaire ».
La question des alternatives « propres » va se poser rapidement. Outre-Atlantique, le gouvernement nord-américain pousse d’ores et déjà l’industrie du pétrole à produire plus, après avoir instauré un embargo sur l’importation de brut russe… tout en promettant que cette situation ne remet pas en question son engagement vers une transition énergétique.
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