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Le plan de la Commission européenne pour sortir du gaz russe

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Ce mardi, la Commission européenne a publié les grandes lignes de son plan « REPowerEU », destiné à mettre fin à la dépendance au gaz russe, moteur de la guerre en Ukraine, bien avant 2030.

« Nous devons devenir indépendants du pétrole, du charbon et du gaz russes. Nous ne pouvons tout simplement pas compter sur un fournisseur qui nous menace explicitement », a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ce mardi. Au même moment, les Etats-Unis interdisaient l’importation d’hydrocarbures en provenance de Russie.

Le vaste plan présenté par l’exécutif européen, REPowerEu, a plusieurs objectifs sur le court, le moyen et le long terme. Il doit d’abord limiter les conséquences de la hausse des prix de l’énergie en Europe. Les achats de gaz russe doivent baisser de deux tiers d’ici à la fin de l’année. Puis, pour éviter les pénuries, les stocks de gaz seront reconstitués avant l’hiver prochain. Enfin, en parallèle d’un investissement dans les énergies renouvelables, le plan doit permettre de diversifier les sources d’approvisionnements.

Cette diversification passerait par une hausse des importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Parmi les autres fournisseurs de gaz avec lesquels l’Union européenne coopère, on trouve la Norvège, le Qatar, le Japon, la Corée du Sud, l’Algérie ou encore les États-Unis. Les États-membres seront encouragés à utiliser davantage de biométhane (du gaz produit à partir déchets agricoles, alimentaires, ou de boues de stations d’épuration) et d’hydrogène. Hélas, ce dernier n’est qu’un vecteur d’énergie, et pour en produire, il faut fabriquer de grandes quantités d’électricité – parfois d’origine fossile (nos explications).

Part du gaz russe dans les importations de l’Union européenne en 2021. © Commission européenne

Diversifier les sources d’approvisionnements cela signifie aussi potentiellement investir dans de nouvelles infrastructures. REPowerEu prévoit ainsi « d’accélérer les projets déjà prévus et d’analyser d’autres nouvelles infrastructures nécessaires avec une forte dimension transfrontalière et une compatibilité avec l’hydrogène. » L’hydrogène renouvelable est présenté comme l’une des solutions-phares par la Commission. Elle espère ainsi que 15 millions de tonnes supplémentaires d’hydrogène renouvelable – importé, mais aussi produit en Europe – pourront remplacer 25 à 50 milliards de mètres cubes par an de gaz russe importé d’ici 2030.

Outre la fin du gaz russe, qui représente toujours 40% des importations européennes, le plan vise à se passer de toute énergie fossile sur le long terme. RePowerEU mise sur une accélération de la rénovation énergétique des bâtiments, ainsi que sur un fort développement de l’éolien et du photovoltaïque. Alors que le gaz sert massivement à chauffer les foyers, la Commission veut installer 30 millions de pompes à chaleur d’ici 2030, ou encore, équiper les toits de panneaux pour fournir 15 TW d’énergie solaire en plus d’ici 2023.

Pour Neil Makaroff, responsable des politiques européennes au Réseau action climat, si la Commission prône des changements utiles à la transition énergétique, dont l’investissement dans les renouvelables et l’efficacité énergétique, « elle parle beaucoup moins de sobriété ». Or, une baisse immédiate de la consommation permettrait de faire des économies d’énergie à grande échelle : « La baisse de la température de 1 °C dans les bâtiments et les entreprises, la diminution de la vitesse sur les routes, les incitations à la mobilité active, etc., pourraient avoir un effet très rapide au cours des prochaines semaines et mois, pour rompre avec la dépendance au gaz, charbon et pétrole russes », dit-il à Vert.

« Le vrai sujet, c’est : est-ce qu’on passe d’une dépendance à une énergie fossile russe à une dépendance à une énergie fossile d’une autre puissance ? » Au-delà de la sortie des combustibles russes, le Réseau action climat – qui chapeaute une trentaine d’ONG – veut en finir avec toutes les énergies fossiles à moyen terme. Diversifier les approvisionnements de gaz est une stratégie « compréhensible pour ne plus fournir des revenus à Vladimir Poutine, mais c’est du très court terme », selon Neil Makaroff. Il sera attentif à la mise en place des mesures d’efficacité énergétique proposées par la Commission.

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