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Des centaines d’ONG réclament la fin des importations d’hydrocarbures russes qui « nourrissent la machine de guerre de Poutine »

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Argent fos­sile. Alors que les forces russ­es con­tin­u­ent de semer la ter­reur en Ukraine, plus de 500 organ­i­sa­tions human­i­taires et envi­ron­nemen­tales issues de 51 pays ont appelé, same­di, les dirigeants du monde en entier à stop­per leurs impor­ta­tions de gaz et de pét­role en prove­nance de Russie.

« Notre addic­tion aux éner­gies fos­siles nour­rit la machine de guerre de Pou­tine ». Le ton de la let­tre ouverte adressée aux Etats-mem­bres de l’U­nion européenne, aux Etats-Unis, au Cana­da, au Japon et « à tous les impor­ta­teurs de gaz et de pét­role russ­es » est sans ambages. « 40% du bud­get fédéral russe provient de la vente de pét­role et du gaz », rap­pel­lent-elles dans leur let­tre ouverte, jugeant cru­cial de « ne pas sous-estimer le rôle des éner­gies fos­siles dans la con­duite du con­flit ».

Par­mi les sig­nataires de la mis­sive « sol­idaire de l’Ukraine », on trou­ve une foule d’or­gan­i­sa­tions engagées dans la lutte con­tre la crise cli­ma­tique, pour la sol­i­dar­ité inter­na­tionale ou la sor­tie des fos­siles, dont 350.org, Green­peace, Attac, Glob­al Wit­ness, ain­si que de nom­breuses autres ONG ukraini­ennes, régionales et mon­di­ales. « Au nom de la paix » et pour « asséch­er les revenus de Vladimir Pou­tine », celles-ci récla­ment l’ar­rêt des échanges com­mer­ci­aux et des investisse­ments dans les entre­pris­es russ­es des éner­gies fos­siles telles que Gazprom, Ros­neft, LukOil, Russ­ian Coal et d’autres.

Pour l’heure, les économies mon­di­al­isées restent paralysées par leur dépen­dance à la manne russe et les sanc­tions qui visent Moscou épargnent encore large­ment le secteur des éner­gies fos­siles. En 2019, 41% des impor­ta­tions de gaz naturel de l’UE et 26,9 % des impor­ta­tions de pét­role brut prove­naient de Russie, selon Euro­stat (Vert).

La France n’est pas en reste ; elle importe 17% de son gaz depuis la Russie. Le pétroli­er tri­col­ore Total­En­er­gies pour­suit d’ailleurs ses activ­ités dans le pays, sans que le gou­verne­ment français ne lève un sour­cil. Same­di, des activistes de Green­peace ont d’ailleurs investi le port de Mon­toir-de-Bre­tagne (Loire-Atlan­tique) pour pro­test­er con­tre l’arrivée du méthanier Boris Vilk­it­sky avec, à son bord, du gaz naturel liqué­fié (GNL) en prove­nance du site Arc­tique de Yamal dont Total­En­er­gies est parte­naire à hau­teur de 20%. « Con­traire­ment à plusieurs multi­na­tionales pétro-gaz­ières (BP, Shell, Exxon, Equinor…), Total­En­er­gies a choisi de pour­suiv­re ses activ­ités en Russie », a dénon­cé Green­peace France.

L’ac­tion de Green­peace, same­di, dans le port de Mon­toir-de-Bre­tagne (Loire-Atlan­tique) © Bap­tiste Roman / Green­peace

Plusieurs pays européens se met­tent toute­fois en bran­le, en par­ti­c­uli­er l’Alle­magne dont la dépen­dance au gaz russe grimpe à plus de 50% (Vert). La Com­mis­sion européenne exam­ine actuelle­ment un plan en dix points présen­té la semaine dernière par l’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie pour se pass­er du méthane russe. Celui-ci repose sur la diver­si­fi­ca­tion des sources de gaz, ain­si que des investisse­ments mas­sifs dans la sobriété énergé­tique et les renou­ve­lables. Il per­me­t­trait au con­ti­nent de se pass­er d’un tiers de ses appro­vi­sion­nements en gaz russe à court terme.