Énergie des espoirs. Le nouveau gouvernement allemand veut atteindre 100% d’électricité renouvelable d’ici 2035, soit avec dix ans d’avance sur son objectif initial.
Depuis l’invasion de l’Ukraine, le 24 février dernier, l’Union européenne a promis de tourner le dos à la Russie et notamment à son gaz, qui représente pourtant 40% de son approvisionnement (Vert). En Allemagne, où la dépendance au gaz russe atteint plus de 50%, le nouveau gouvernement a annoncé, dimanche, des mesures spectaculaires pour se sevrer. Le pays pourrait ainsi passer de 50 à 100% d’électricité renouvelable d’ici à 2035, a annoncé le ministre écologiste de l’économie et du climat, Robert Habeck. À l’heure actuelle, le gaz représente encore 15% du mix électrique ; le charbon, presque 30%.
Selon Robert Habeck, se passer des énergies fossiles pour son électricité permettrait à l’Allemagne de se mettre enfin en ligne avec l’objectif de l’Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle). Les efforts pour y parvenir sont toutefois colossaux. Le gouvernement prévoit ainsi un doublement de la capacité éolienne terrestre pour atteindre 110 gigawatts installés, ainsi qu’un quadruplement des éoliennes en mer (objectif 30 gigawatts) et du solaire photovoltaïque (à 200 gigawatts). Au total, cela représente la capacité installée de 35 tranches nucléaires.
Outre une réforme de la loi de transition énergétique (EEG) attendue au printemps, le gouvernement promet une loi spécifiquement dédiée à l’éolien dès cet été pour lever les barrières juridiques et administratives à son déploiement massif.
À très court terme, Berlin examine l’opportunité de prolonger la durée de vie des trois dernières centrales nucléaires du pays, dont la mise à l’arrêt est prévue pour la fin 2022. D’autre part, la construction en urgence de deux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le nord du pays doit permettre de diversifier les pays fournisseurs. L’Allemagne continue d’être dépendante du gaz à hauteur de 50% pour son chauffage. En effet, la chaleur d’origine renouvelable — géothermie, biogaz ou solaire thermique, par exemple — est beaucoup moins mature que l’électricité renouvelable et ne représente que 11,5% de la chaleur totale consommée en Allemagne.