Décryptage

La crise énergétique conforte plus que jamais les renouvelables

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Éner­gies des espoirs. Alors que les marchés de l’én­ergie devi­en­nent de plus en plus fous, les renou­ve­lables sont dev­enues une valeur refuge. En France, elles per­me­t­tent même de ren­flouer les caiss­es de l’État.

Les effets con­jugués de la reprise économique post-Covid et de l’in­va­sion russe en Ukraine ont mis les marchés mon­di­aux de l’én­ergie sens dessus dessous. La hausse démesurée des prix de l’énergie place d’ailleurs toute l’é­conomie en sur­chauffe. Dans la zone euro, par exem­ple, le taux annuel d’in­fla­tion a franchi en mars la barre des 7,5% selon Euro­stat — du jamais vu depuis vingt ans.

Dans la con­fu­sion actuelle, les éner­gies renou­ve­lables devi­en­nent une valeur refuge et tirent large­ment leur épin­gle du jeu, con­state l’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie (AIE) dans une récente note. Après 2020 et 2021, le secteur devrait bat­tre de nou­veaux records en 2022 pour attein­dre le seuil sym­bol­ique des 300 gigawatts (GW) instal­lés. La Chine représente à elle seule près de la moitié des éner­gies renou­ve­lables nou­velle­ment instal­lées, mais l’Eu­rope n’est pas en reste. Elle doit d’ailleurs détailler le 18 mai prochain son pro­jet REPowEU de réduc­tion de la dépen­dance au gaz russe via l’accélération des renou­ve­lables et de l’ef­fi­cac­ité énergé­tique.

Certes, le coût de développe­ment des éner­gies renou­ve­lables est, lui aus­si, repar­ti à la hausse en 2021 après une décen­nie de baisse con­tin­ue, recon­naît l’AIE. Le secteur souf­fre notam­ment des ten­sions sur cer­taines matières pre­mières, dont l’aci­er et le cuiv­re, ou encore de l’en­volée des prix du fret mar­itime. En 2022, les prix devraient même aug­menter de 15% à 25% selon les tech­nolo­gies. « Sig­ni­fica­tive dans l’ab­solu, cette hausse n’en­tam­era pas leur com­péti­tiv­ité car les prix des éner­gies fos­siles ont cru bien plus rapi­de­ment encore depuis le dernier trimestre 2021 », estime l’AIE. « Les évo­lu­tions récentes ont démon­tré une fois de plus le rôle essen­tiel des éner­gies renou­ve­lables dans l’amélio­ra­tion de la sécu­rité énergé­tique, en plus de leur effets déjà démon­trés sur la baisse des émis­sions de CO2 », s’est ain­si félic­ité Fatih Birol, le directeur de l’A­gence.

En France, les éner­gies renou­ve­lables sont même dev­enues depuis peu une source de revenus, grâce au sys­tème de sub­ven­tion­nement mis en place. En effet, de nom­breuses instal­la­tions d’én­er­gies renou­ve­lables béné­fi­cient d’un con­trat dit « de com­plé­ment de rémunéra­tion » avec l’État sur quinze ou vingt ans. À par­tir d’un prix cible con­venu à l’a­vance, l’État s’en­gage à vers­er un com­plé­ment de rémunéra­tion au pro­duc­teur si les prix de marché sont trop faibles.

À l’in­verse, quand ils sont supérieurs — comme c’est le cas actuelle­ment -, le pro­duc­teur doit revers­er à l’État ses sur­prof­its. Selon le lob­by éolien France Énergie Éoli­enne, les éner­gies renou­ve­lables devraient ain­si génér­er 14,4 mil­liards de revenus pour l’État en 2021–2022 (Noveth­ic). À ce rythme, elles pour­raient avoir rem­boursé en quelques années l’in­té­gral­ité des sub­ven­tions reçues depuis vingt ans.