Censure d’eux

Chères toutes, chers tous,

Ici Loup Espargilière, rédacteur en chef de Vert.

Ces derniers jours, la droite et l’extrême droite ont joint leurs forces pour désinformer… sur la désinformation. Une histoire complètement folle qui en dit très long sur le virage que prend notre démocratie.

Fin novembre, interrogé par des lecteur·ices de La Voix du Nord qui s'inquiétaient de la prolifération de fausses informations sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’un «label» pour «distinguer les réseaux et les sites qui font de l'argent avec la pub personnalisée» (comme X, Instagram, etc.) et «les réseaux, les sites d'information».

Précision très importante : «Il faut faire attention, ce n'est pas le gouvernement ou l'État qui peut dire, “ceci est une information, ceci n'en est pas” [...], parce que ce n'est pas ça, une démocratie. Ça devient assez rapidement, sinon, une autocratie.»

Ce sont les professionnel·les de l’info qui doivent créer ce label, selon le président. Ce n’est d'ailleurs même pas son idée : en 2021 déjà, Reporters sans frontières a lancé un label de ce type, et cette proposition fait son chemin dans les médias. Mais il n’en fallait pas plus pour lancer toute la machine à désinformer du milliardaire d'extrême droite Vincent Bolloré.

Pascal Praud, Bruno Retailleau, Emmanuel Macron et Jordan Bardella. © Montage Vert

👉 Le JDD, ce week-end, a dénoncé la «dérive totalitaire» d’un président qui «veut mettre au pas les médias qui ne pensent pas comme lui».

👉 Jordan Bardella, sur CNews, a tancé la «tentation autoritaire [...] qui correspond à la solitude d’un homme […] qui a perdu le pouvoir et cherche à le maintenir par le contrôle de l’information».

👉 Pascal Praud, lundi sur Europe 1, a combiné les éléments de langage pour en arriver à une «dérive autoritaire» d’un président qui souhaite «imposer un récit unique», se référant à George Orwell et à l'Union soviétique.

Les médias de Bolloré et le RN ont diffusé massivement, de concert, cette fausse information. Forçant même l'Élysée à réagir. Mais ce n’est pas tout.

👉 Bruno Retailleau (LR), ancien ministre de l'intérieur d’Emmanuel Macron, a carrément lancé une pétition contre le président, qu’il accuse de vouloir être le «censeur en chef»Il s'est fait le défenseur de «la liberté d’expression» : le refrain bien connu de l’extrême droite, qui revendique le droit absolu de tout dire au mépris des faits et de la vérité.

La droite et l’extrême droite ont donc uni leurs forces pour propager de fausses informations sur une proposition qui vise à révéler la différence entre information et business.

Autrement dit, ces forces politiques se battent contre les faits, quitte à falsifier les mots du président, écrits noir sur blanc, au vu et au su de tout le monde.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons nous engager pour contrer ce mouvement de destruction méthodique de l’information et des médias.

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