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Alors que, pour alerter, des scientifiques désobéissent, avec de nouveaux projets, les pétroliers renchérissent.

Après le pétrole d’Ouganda, TotalEnergies lorgne le gaz au large de l’Afrique du Sud
Les bad gaz. La multinationale prévoit d'exploiter deux champs gaziers situés dans une zone riche en biodiversité. Une pétition vient d’être lancée pour demander l’abandon immédiat du projet.
Au large de la côte méridionale sud-africaine, un milliard de barils d’équivalent pétrole dorment entre 200 et 1 800 mètres de profondeur. Les champs de Brulpadda et de Luiperd constituent une réserve de gaz « de classe mondiale », selon TotalEnergies. Le 5 septembre, une licence de production a été demandée au gouvernement, rapportent les ONG Bloom et The Green Connection, qui exigent l’arrêt immédiat du projet.
Celui-ci est « une aberration économique et écologique totale », s’indigne auprès de Vert Swann Pommier, chargé de plaidoyer de l’association Bloom. Les gisements de Brulpadda et de Luiperd, découverts en 2019 et 2020, sont situés en plein cœur d’une zone riche en biodiversité. Corridor bleu sur la route migratoire de milliers de baleines, les eaux sud-africaines abritent de multiples espèces comme les otaries à fourrure, des manchots et d’autres oiseaux marins, parmi lesquels les pétrels et les albatros.

300 puits d'exploration ont été creusés au large du pays au cours de la dernière décennie par différentes compagnies. Selon les dernières estimations, l’Afrique du Sud possèderait ainsi l’équivalent d’environ neuf milliards de barils de pétrole.
Le projet menace aussi l’économie locale : de nombreux•ses habitant•es des côtes dépendent de la pêche pour leur survie. Or, les nuisances générées par l’exploration des fonds, la pollution sonore et la construction d’infrastructures risquent d'éloigner les poissons.
Pour The Green Connection et Bloom, il est encore largement temps d’agir concernant les champs de Brulpadda et de Luiperd : « le projet est en phase de consultation jusqu’au 20 janvier 2023, souligne encore Swann Pommier. Nous souhaitons que Total annonce l’abandon du projet avant la COP 27 » sur le climat, qui démarre le 6 novembre à Charm El-Cheikh (Égypte).
L'exploitation de ces champs de gaz est incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique. En mai 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé qu’il fallait mettre fin à tout nouveau projet fossile pour contenir le réchauffement à moins de 1,5°C d’ici la fin du siècle. Soit l’objectif partagé par la quasi-totalité des États du monde, dont la France et l’Afrique du Sud.
Pour lire cet article en intégralité, rendez-vous sur vert.eco

· Cette semaine, des scientifiques du mouvement Scientist Rebellion (notre article) se sont mobilisé·es dans plusieurs villes de France et d'Europe . Elles et ils ont interrompu un forum « zéro carbone » auquel participait TotalEnergies à Toulouse, perturbé la Fête de la science à Paris et organisé une conférence-occupation à Nice. Jeudi, plusieurs scientifiques ont également occupé pendant plus de 40h le musée Porsche en Allemagne, pour demander la décarbonation des transports. - Reporterre
· Mardi, la Commission européenne a reporté la révision du règlement Reach sur les substances chimiques, initialement prévue pour la fin de l’années. Pilier de la stratégie « zéro pollution » de l’UE (notre article), la réforme n’a désormais que très peu de chances d’aboutir sous la législature d’Ursula von der Leyen. Justifié par la nécessité de protéger la compétitivité des industries fragilisées par la guerre en Ukraine, ce report inquiète les associations, qui fustigent le poids des lobbys. - Le Monde
· Mercredi, un amendement de la majorité visant à supprimer un avantage fiscal dont bénéficient les jets privés pour leur carburant, a été conservé par le gouvernement lors du recours à l’article 49.3 pour l’adoption de son budget. Depuis cet été, plusieurs élu·es de l’opposition demandent l’interdiction ou la taxation de ces véhicules extrêmement polluants (lire notre article). - 20 Minutes (AFP)
· Vendredi,la première ministre Élisabeth Borne a révélé les contours de « France nation verte », l’outil de planification du gouvernement pour répondre à la crise écologique. Le gouvernement a déterminé 22 chantiers « qui couvrent les domaines de la vie quotidienne » pour lesquels des objectifs et actions, qui restent à définir, pourront être suivis au cours du temps. Notre article à lire sur vert.eco
· Vendredi également, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait se retirer du Traité sur la charte de l'énergie, jugé incompatible avec les objectifs de l'accord de Paris. Ayant pour but de sécuriser les approvisionnements en pétrole et en gaz, cet accord permet notamment aux compagnies fossiles d’attaquer en justice des États (notre article). Après la sortie initiée par les Pays-Bas, l'Espagne et la Pologne, le Haut conseil pour le climat et de nombreuses organisations de la société civile ont fait pression, cette semaine, pour que la France et l'Union Européenne s'en désengagent. - Le Monde

Électrique ou à hydrogène, la voiture « verte » est la star du Mondial de l'auto, qui a débuté ce lundi à Paris. Mais la meilleure voiture n’est-elle pas celle qui n’existe pas ?

· Pollution de salaire. Lundi, le Conseil d’État a infligé à l’État deux astreintes de 10 millions d’euros chacune, à cause de dépassements répétés des seuils de pollution de l’air au dioxyde d’azote (NO2). Selon une étude de 2005 citée par un rapport du Sénat de 2015, la facture de la pollution de l’air s’élève entre 68 et 97 milliards d’euros par an ; soit 1 000€ à 1 400€ par Français·e et par an, pour un nombre de morts situé entre 40 et 100 000 personnes, selon les estimations.
· À prendre au premier degré. Le réchauffement de la France pourrait atteindre +3,8 °C d’ici à la fin du siècle, selon une récente modélisation inédite basée sur un scénario probable d’émissions de gaz à effet de serre. Un tel réchauffement serait particulièrement éprouvant en été, où il atteindrait +5,1 °C et s’accompagnerait de sécheresses et de pics de chaleur plus fréquents, longs et intenses. Un décryptage complet à lire sur vert.eco
· Fourmilière de rien. La fourmi électrique, une espèce dangereuse et envahissante, a été détectée pour la première fois en France, à Toulon (Var). Originaire d’Amérique du sud, l’insecte est qualifié d’« électrique » en raison de sa piqûre douloureuse. Il pourrait avoir été introduit dans le pays lors d’un transport de plantes. Le chercheur qui l’a identifié a indiqué que la fourmi, qui a déjà formé une super-colonie, est sûrement là depuis plus d’un an. - 20 Minutes (AFP)
· Le grand mix. Le gouvernement lance une concertation sur l’avenir de notre mix énergétique. Ouverte à tous·tes, celle-ci vise à préparer la feuille de route que la France doit présenter au plus tard fin 2024 afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Trois thèmes sont abordés : l’adaptation de notre consommation, les moyens de satisfaire nos besoins tout en sortant de notre dépendance aux énergies fossiles, et la planification et le financement de la transition. La concertation est disponible sur ce site jusqu’au 31 décembre.
· Les atomes de la colère. Jeudi, 11 centrales nucléaires sur les 18 que compte le pays étaient impactées par des grèves pour de meilleurs salaires. Des « blocages d'arrêt », qui risquent de rallonger la durée des travaux sur ces unités et de faire perdre de précieuses journées de production à EDF. Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France (RTE) craint des « conséquences lourdes » sur l'approvisionnement cet hiver - La Tribune

78 000 km²
Fil à retordre. D’après une publication sur les déchets de la pêche, publiée dans Science Advances le 12 octobre, 78 000 kilomètres carrés de filets de pêche sont perdus en mer chaque année, de quoi recouvrir l’Écosse. Selon les auteur·rices de cette étude, les lignes restées dans l’eau permettraient de faire 18 fois le tour de la Terre (The Guardian). Tous les ans, ce sont aussi environ 25 millions de casiers et de pièges, et 13 milliards d'hameçons qui restent dans les océans. Comme le note le journal suisse Le Temps, l'étude ne prend pas en compte la Chine, pourtant premier pêcheur du monde. Ces données reflètent une réalité désastreuse pour la biodiversité. Si ce matériel « fantôme » est souvent perdu en raison du mauvais temps, il n’en continue pas moins d’attraper et de tuer des animaux en dérivant pendant des années.

· Caisse qu’on se marre ! Comment continuer à vendre du rêve alors que la voiture individuelle – thermique ou électrique – est toujours plus vertement critiquée ? Petit florilège des initiatives fantaisistes imaginées par les exposant·es du Mondial de l’automobile. - Vert
· Mobiles idées. Le Réseau action climat (RAC) montre qu'utiliser une voiture n'a jamais été aussi cher et propose 19 mesures pour changer notre modèle en matière de mobilité et tourner le dos à l’auto dans le respect de la justice sociale. Parmi les propositions : ticket climat, leasing social ou encore droit à la mobilité pour tous. - Vert
· Masse carbone. Quelles actions quotidiennes pèsent le plus lourd dans votre impact sur la planète ? Quels leviers actionner pour le réduire ? Calculez votre empreinte carbone avec Vert pour le savoir.

Les carnets du scarabée pour (re)découvrir le vivant
Forêt vert. Avec Champignons et Géologie, les éditions Tana publient deux nouveaux ouvrages pratiques et pédagogiques de la collection « Les carnets du scarabée » pour poser un regard neuf sur le vivant qui nous entoure. Une chronique à lire sur vert.eco

Sacrifice paysan, retour sur le parcours de Jérôme Laronze, abattu par les gendarmes
Agriculture illogique. Dans un film-documentaire d’une petite heure, la réalisatrice Gabrielle Culland retrace le parcours d’un paysan de Saône-et-Loire qui, à la suite d’un contrôle sanitaire, a été abattu par les gendarmes en 2017. Jérôme Laronze avait 37 ans. Syndicaliste, éleveur bovin en bio, il avait alerté la presse sur le malaise des agriculteur·ces face à l’« ultraréglementation ». Une histoire qui a également inspiré l'autrice Corinne Royer dans son roman Pleine terre (notre chronique).

+ Aurélie Delmas, Loup Espargilière, Alban Leduc, Anne-Claire Poirier, Justine Prados, Sanaga et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro