Masse carbone. Quelles actions quotidiennes pèsent le plus lourd dans votre impact sur la planète ? Où vous situez-vous par rapport à la moyenne française ? Quels leviers actionner pour réduire vos émissions ? Calculez votre empreinte carbone pour le savoir.
Empreinte carbone, ça veut dire quoi ?
Comme le poids ou la taille, l’empreinte carbone est un instrument de mesure. Elle permet d’évaluer nos émissions individuelles ou collectives sur une année et ainsi savoir comment les atténuer. Par souci de simplicité, on utilise pour tous les gaz à effet de serre une seule norme rapportée au CO2. La technique de mesure se fonde sur les données de la comptabilité nationale et prend en compte les trois principaux gaz à effet de serre (GES) : le dioxyde de carbone (CO2) fossile, le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O).
Si l’on s’intéresse uniquement aux émissions réalisées à l’intérieur des frontières du pays, on obtient le bilan carbone du pays. À ne pas confondre avec l’empreinte carbone, plus précise, qui prend aussi en compte les émissions importées, issues de notre consommation. L’empreinte carbone de la France est ainsi estimée à 605 mégatonnes équivalent CO2 en 2019, année la plus représentative avant la crise sanitaire.
En divisant ce chiffre par le nombre d’habitants, on obtient une moyenne de 9 tonnes par personne. Un niveau relativement stable depuis 1995, malgré des améliorations, contrebalancées par la délocalisation de nos productions, et donc de certaines émissions. Pour respecter l’Accord de Paris sur le climat et maintenir la hausse des températures à +2°C, voire à +1,5°C, en 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle, il faudrait que l’empreinte carbone des Français·es ne dépasse pas les 2 tonnes dès 2050.
Pour que chacun puisse prendre conscience de son impact individuel, l’Agence de la transition écologique (Ademe) a mis au point un simulateur. Réalisable en une petite dizaine de minutes, il permet d’évaluer les grands domaines d’émissions individuelles et donne des pistes d’actions pour les réduire.
Empreinte écologique VS empreinte carbone
L’empreinte écologique calculée par le ministère de la transition écologique ne prend pas en compte la déforestation importée, certains gaz à effet de serre (HFC, PFC et SF6), ainsi que la vapeur d’eau liée aux trainées de condensation des avions. En refaisant le calcul, le cabinet de conseil Carbone 4, table plutôt sur une moyenne de 9,9 tonnes par personnes.
L’empreinte écologique, un autre outil d’évaluation proposé par le WWF (attention, les prix sont affichés en francs suisses), permet en partie de répondre aux limites de l’empreinte carbone, en évaluant la surface de terre productive requise pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les déchets qui en découlent. Son utilisation la plus parlante est le nombre de Terres nécessaires pour absorber nos modes de consommation. On peut ainsi comparer les modes de vie des citoyens (d’un pays à l’autre par exemple). Et se représenter plus facilement le mode de vie à adopter pour respecter le renouvellement des ressources naturelles de notre planète.
Un outil limité
Mise en place à l’origine pour fixer les objectifs de réduction à atteindre pour les États, l’empreinte carbone s’applique de plus en plus à l’échelle individuelle. Un glissement encouragé par certaines compagnies pétrolières pour diluer leurs responsabilités. Depuis 2004, la compagnie pétrolière BP propose par exemple sur son site un calculateur d’empreinte carbone à destination du public.
Une façon d’orienter la recherche vers les comportements individuels, plutôt que vers l’organisation politique ou les stratégies d’entreprises. « C’est le discours de la consommation responsable et des petits gestes de chacun, considèrent Antonin Pottier et Emmanuel Combet, chercheurs à l’Ademe et au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED), dans la revue de l’OFCE. En outre, [l’empreinte carbone] rend responsables de manière égale des ménages dont le pouvoir d’action sur leurs émissions n’est pas comparable », ajoutent-ils pour nuancer son efficacité.
L’outil permet uniquement d’avoir accès à un certain ordre de grandeur, et n’est en aucun cas une évaluation précise. À moins de traquer chaque achat et action au quotidien, il est impossible de pouvoir estimer son empreinte carbone dans le détail.
Des calculateurs existent néanmoins pour combler les lacunes de l’empreinte carbone. Une grande part de nos émissions provient par exemple de nos activités bancaires, difficilement évaluable dans le questionnaire de l’Ademe. Des applications, comme Rift, proposent alors de les évaluer, au prix d’importants renseignements à compléter. Moins personnel, le Monde a mis sur pied un jeu pour tenter d’évaluer l’empreinte carbone de certaines activités emblématiques, comme prendre un jet privé ou regarder une vidéo en streaming.
Au final, l’empreinte carbone reste un préalable important pour se mettre en action. En donnant une représentation personnalisée des secteurs d’émissions et des ordres de grandeur, le calcul de son empreinte permet d’aller au-delà des idées reçues et de donner des clés pour agir à son échelle.
À lire aussi
-
Les Français·es émettent encore dix tonnes de CO2 par an, cinq fois trop pour le climat
Alourdie par la voiture, la consommation de viande et le chauffage des logements, l’empreinte carbone annuelle des Français·es a atteint 9,9 tonnes de CO2 en 2019, selon une nouvelle estimation. -
Carboniq rend l’empreinte carbone ludique
Jeu de maux. Une game-designeuse et deux experts du climat ont créé un jeu autour du concept d’empreinte carbone, qui permet de sensibiliser, sans braquer, aux questions environnementales.