Mobil idées. Alors que s’ouvre cette semaine le Mondial de l’auto à Paris, le Réseau action climat (RAC) propose 19 mesures pour changer notre modèle en matière de mobilité et tourner le dos à l’auto dans le respect de la justice sociale.
Utiliser une voiture n’a jamais été aussi cher
Fini, le temps des aménagements tout-voiture et de l’énergie pas chère. Dans son rapport, le RAC, qui rassemble une trentaine d’associations écologistes, a évalué que le coût de possession et d’usage d’une voiture avait atteint 4 210€ par an en 2022, soit près de 350€ par mois. En cause, l’explosion du prix des carburants, qui risque encore de grimper – l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) anticipe une hausse de 10 % rien qu’en 2023.
Dépenses de carburant, possession d’un véhicule vieillissant, longues distances à parcourir… plus de 27 % de la population de plus de 18 ans, est considéré comme précaire au niveau de la mobilité. 4,3 millions de personnes ne possèdent aucun équipement individuel de transport ou abonnement à un service de transport collectif – l’équivalent de la population du Nord et du Pas-de-Calais.
Le coût de possession et d’usage d’une voiture a atteint 4 210€ par an en 2022, soit près de 350€ par mois. Une facture qui ne va cesser d’augmenter d’après les projections du RAC.
Mettre le paquet sur le vélo et les transports en commun
En structurant l’aménagement autour de la voiture, les politiques publiques ont entraîné une augmentation considérables des distances parcourues au quotidien – la mobilité domicile-travail a été multipliée par quatre entre 1960 et 2019. Le RAC plaide pour une retournement complet des orientations, en limitant l’étalement urbain et en équilibrant l’offre de services en fonction des usages.
Pour accompagner la transition, le réseau propose une augmentation des budgets alloués aux mobilités « propres ». Inspiré par l’Autriche ou l’Allemagne, il suggère d’instaurer un « ticket climat » qui permettrait d’accéder à l’ensemble des transports en commun pour l’équivalent d’un euro par jour.
Les auteur·rices du rapport reconnaissent que la voiture restera nécessaire pour se déplacer au quotidien, dans certains territoires ou pour certains trajets. Mais elles et ils plaident en faveur d’aides plus justes pour l’achat de véhicules électriques. Alors que le président Emmanuel Macron vient d’annoncer une augmentation de 1 000€ du « bonus écologique », le Réseau l’invite plutôt à modifier la prime à la conversion pour éviter qu’elle ne finance l’achat de véhicules thermiques. L’association propose de mieux flécher cette prime vers les plus modestes et de l’ouvrir à d’autres modes de transport comme le covoiturage et l’autopartage pour créer un « titre mobilité », à l’image des titres restaurants.
Garantir un droit à la mobilité pour tous
Pour une transition équitable, le RAC souligne la nécessité de mettre en place des accompagnements aussi bien économiques que des plateformes de conseils en mobilité. Il propose aussi l’instauration d’un « leasing social », qui permettrait d’accéder à un vélo pour 1€ par jour.
20% des personnes qui se disent prêtes à changer de mobilités déclarent aussi avoir besoin de conseils ou d’informations. Le Réseau action climat préconise d’ajouter une branche « mobilités » dans les Maisons France Services (MFS), où sont regroupées plusieurs administrations comme La Poste ou Pôle Emploi. L’association souhaite ainsi garantir « un droit à la mobilité pour tous, parce que la mobilité se trouve à la croisée des enjeux écologiques, sanitaires et sociaux ».
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