Look up. Excédé·es par le peu de cas que leurs gouvernements ont fait des préconisations des rapports successifs du Giec, des centaines de scientifiques de plus de 25 pays appellent à la désobéissance civile pour préparer le terrain à une « révolution climatique ».
Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) multiplie les alertes dans une indifférence plus ou moins totale, les blouses blanches réunies sous la bannière du collectif « Scientist rebellion » (Rébellion scientifique), créé en 2020, ont décidé de sortir de leur réserve. « Limiter le réchauffement à 1,5 degré et répondre à l’urgence climatique nécessitent une transformation immédiate dans tous les secteurs et toutes les strates de la société, une mobilisation aux proportions historiques », constatent-elles et ils dans un communiqué publié mardi.
« Les faits détaillant la complicité des pays les plus riches du monde dans l’alimentation de la crise climatique ont été édulcorés par le processus de révision politique du Giec », ajoutent les scientifiques, proches du mouvement « Extinction Rebellion ». Avant de conclure : « L’heure est venue. Rejoignez-nous. »
En Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique, les scientifiques rebelles ont organisé « la plus grande grève scientifique et académique de l’histoire » du 4 au 9 avril, et aussi d’autres actions non violentes. Mercredi, elles et ils ont bloqué un pont à Berlin (Allemagne) et ont annoncé un nouveau « passage à l’action » ce jeudi. À Los Angeles (États-Unis), les rebelles ont occupé l’entrée d’une banque. À la Hague (Pays-Bas), c’est l’entrée du ministère des affaires économiques et de la politique climatique qui a été barrée. À Madrid (Espagne), le siège du Parlement a été repeint en rouge (El Pais, en espagnol). Et la liste est encore longue.
« Cela ne suffit plus de faire des rapports, cela ne suffit plus d’être dans des commissions », explique un biologiste français anonyme au micro de France Inter. « Normalement, ce n’est pas le rôle des chercheurs et des chercheuses [mais] on est vraiment contraints » de sortir des laboratoires, car « la situation est grave ».
Il y a deux ans, mille scientifiques avaient signé une tribune dans le Monde pour en appeler, déjà, à la désobéissance civile. Alors que le Giec met un point final au sixième cycle de ses rapports, certain·es de ses auteur·rices, comme le Belge François Gemenne, veulent désormais que les scientifiques prennent une part plus importante dans le débat politique, comme Vert l’avait raconté.
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