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L’inquiétant traitement médiatique de la sortie du rapport du Giec

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Actu alitée. Lun­di, le Groupe d’ex­perts inter­gou­verne­men­tal sur l’évo­lu­tion du cli­mat (Giec) a pub­lié un rap­port con­sacré aux con­séquences du réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Ce qui aurait dû être bombe médi­a­tique, n’a même pas eu l’ef­fet d’un pétard mouil­lé.

Après la paru­tion, en août dernier d’un pre­mier volet sur l’évo­lu­tion du change­ment cli­ma­tique, les expert·es du Giec ont pub­lié lun­di un deux­ième volet con­sacré à ses con­séquences sur le vivant et les sociétés humaines (Vert). Cette com­pi­la­tion de six années de pub­li­ca­tions sci­en­tifiques issues du monde entier fait froid dans le dos. Par­mi les révéla­tions, 3,3 à 3,6 mil­liards d’êtres humains sont déjà exposés aux con­séquences dra­ma­tiques du change­ment cli­ma­tique, lesquelles men­a­cent à terme l’ensem­ble de l’hu­man­ité.

Or, sur les chaînes de télévi­sions français­es, les men­tions de ce rap­port ont var­ié « entre “rien” et “qua­si rien ” », selon l’as­so­ci­a­tion Plus de cli­mat dans les médias. Pas un mot aux JT de TF1, M6 et Arte ; une minute sur France 2 et quelques rapi­des men­tions dans les édi­tions régionales de France 3, résume Véronique Eti­enne, attachée de presse au CNRS et mem­bre de l’as­so­ci­a­tion. Surtout, « zéro auteur du rap­port invité ou inter­viewé, zéro jour­nal­iste envi­ron­nement en plateau ».

Si les grandes chaînes ont boudé pour la plu­part cet imposant rap­port, lui, au con­traire, men­tionne à de nom­breuses repris­es leur rôle cen­tral dans l’ap­pro­pri­a­tion poli­tique et citoyenne du change­ment cli­ma­tique. « Les réseaux soci­aux et les médias peu­vent avoir un impact sig­ni­fi­catif pour faire pro­gress­er la con­science cli­ma­tique et la légitim­ité des actions engagées », esti­ment les auteur·ices. Ils « cadrent et trans­met­tent les infor­ma­tions sur le change­ment cli­ma­tique. Ils ont un rôle cru­cial dans la per­cep­tion qu’en a le pub­lic, sa com­préhen­sion et sa volon­té d’a­gir », peut-on lire encore. Mais dans les faits, la cou­ver­ture du change­ment cli­ma­tique est large­ment insuff­isante, car presque exclu­sive­ment can­ton­née aux cat­a­stro­phes naturelles et, le plus sou­vent, défor­mée (notre analyse).

« La norme jour­nal­is­tique de « l’ob­jec­tiv­ité » (don­ner un poids égal aux sci­en­tifiques du cli­mat et à leurs con­tra­dicteurs) biaise la cou­ver­ture en ampli­fi­ant cer­tains mes­sages qui ne sont pas com­pat­i­bles avec la sci­ence, con­tribuant ain­si à poli­tis­er la sci­ence, à répan­dre la dés­in­for­ma­tion et à réduire le con­sen­sus pub­lic à agir », pointe encore le rap­port. Si vous lisez ces lignes, c’est que vous êtes sur un média qui, lui, ne compte pas en rester là : l’équipe de Vert vous con­vie mer­cre­di soir à la Base pour dis­cuter des con­clu­sions de ce rap­port en com­pag­nie de plusieurs expert·es.