Des paroles et des actes ? Plusieurs mois après avoir été chargée de la planification écologique par Emmanuel Macron, la première ministre Élisabeth Borne s’apprête à révéler les contours de « France nation verte », l’outil de planification du gouvernement pour répondre à la crise écologique.
« Agir, mobiliser, accélérer » pour aller vers une « France nation verte » : voici l’objectif affiché par la première ministre Élisabeth Borne alors qu’elle doit dévoiler son nouvel outil de planification écologique ce vendredi à la Recyclerie (Paris 18ème). La cheffe du gouvernement aura pour mission de prouver que la planification promise par Emmanuel Macron durant l’entre-deux-tours de la présidentielle, en avril dernier, va au-delà des slogans.
Accompagnée de plusieurs ministres dont Agnès Pannier-Runacher (transition énergétique) et Christophe Béchu (transition écologique), la cheffe de gouvernement doit détailler 22 chantiers « qui couvrent les domaines de la vie quotidienne : la mobilité, le logement, notre façon de produire et de consommer » ainsi que « la restauration de la biodiversité et de nos écosystèmes (eau, sols, forêts, océans) », a‑t-elle expliqué dans un entretien (abonné·es) accordé à Libération, jeudi.
Pour chacun de ces chantiers, des objectifs et des stratégies seront fixées, puis déclinées en plans d’action adaptés à chaque filière et territoire. Avec un accent mis sur le rôle « crucial » des collectivités, notamment dans la gestion des ressources en eau ou des déchets, l’aménagement du territoire et les mobilités. Une première synthèse est prévue d’ici à la fin de l’année 2022, avec des points d’étape réguliers par les ministres concerné·es, et un site internet pour que chacun·e puisse suivre l’avancement des mesures. De quoi assurer la « mobilisation générale » pour atteindre les objectifs climatiques de la France.
Mais pour le moment, la planification ressemble surtout à une vaste méthode, et manque de mesures concrètes. « Pour l’instant, le problème est là : on multiplie les déclarations, les stratégies. Il faut sortir de cette schizophrénie d’annonces tandis que rien ne bouge au niveau des moyens », considère auprès de Vert Nicolas Dufrêne, économiste et directeur de l’Institut Rousseau, un think tank spécialisé dans les sujets d’écologie et de démocratie. Certaines mesures ont déjà été lancées, se défend Élisabeth Borne auprès de Libération, en mentionnant le plan sobriété, les projets de loi pour l’accélération du nucléaire et des renouvelables, et les nombreuses concertations en cours. « Il faut donner des alternatives, éviter de cliver » et « donner envie d’autre chose », abonde la première ministre. Mais on ne sait toujours pas bien de quoi.
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