L'hebdo

Fallait s’en mêlée

Chères toutes, chers tous,

🎉 Cette semaine, l'équipe de Vert s'est agrandie et a accueilli trois nouvelles recrues ! Nous avons été rejoints par Jennifer Gallé, jusqu’alors cheffe de rubrique environnement chez The Conversation, et deux apprenti·es journalistes scientifiques à l’École supérieure de journalisme de Lille, Juliette Mullineaux et Alexandre Carré.


Le Mondial de rugby a promis de devenir plus écolo mais il reste encore pas mal de boulot.


Coupe du monde de rugby : événement à «impact positif» ou greenwashing ?

Rugby or not to be. Les organisateurs de la Coupe du monde de rugby ont promis d’en faire une compétition «à impact positif sur la société et sur la planète». Malgré des efforts certains, ces engagements sont parfois trop ambitieux pour être réalistes. Et certains sponsors, comme TotalEnergies ou la Société générale, très gênants.

Tout le monde a vu les images des All Blacks descendre d’un TGV, quelques jours avant le match d’ouverture de la Coupe du monde contre les Bleus. Ce n’était pas qu’un coup de com’, mais bien le reflet d’une politique assumée de la part du comité d’organisation. Pour faire du train le mode de transport le plus utilisé, il a déterminé certaines règles : les déplacements réalisables en moins de 5h30 porte-à-porte, doivent se faire en train et en bus (pour les derniers kilomètres). Au moins 70% des trajets des équipes doivent passer par le rail, d’après la SNCF.

L’équipe des All Blacks arrivant à Paris Gare de Lyon mercredi 6 septembre. © Hannah Peters / Getty images via AFP

À titre de comparaison, lors de l’Euro de football 2016, dernière compétition sportive d’ampleur comparable à avoir été organisée en France, seule une équipe (la Roumanie) avait choisi le train, selon la SNCF. Si le transport des équipes peut sembler anecdotique face à celui des spectateur·ices, ce symbole normalise l’usage du rail.
 

Une empreinte carbone loin d’être anodine

Un événement d’une telle ampleur, organisé sur six semaines, avec 20 équipes et deux millions de spectateur·ices (dont 600 000 étranger·es), implique un lourd bilan carbone, estimé entre 350 000 et 650 000 tonnes de CO2, selon un porte-parole de World Rugby contacté par Vert. Une estimation plus ou moins raccord avec celle réalisée par Sami, une start-up d’évaluation d’empreinte carbone, qui les a évaluées à 640 000 tonnes de CO2 dans un vaste rapport. Cela correspond peu ou prou aux émissions annuelles de 64 000 Français·es, soit le nombre d’habitant·es d’une ville comme Valence (Drôme) ou Bourges (Cher).

Le comité d’organisation a promis de compenser les émissions de gaz à effet de serre de l'événement. Un engagement qui n’est pas acquis pour l’instant, car tout dépendra de la capacité de l’organisation à boucler leur budget pour la compensation carbone, «ce qui n’est pas le cas à date», a indiqué à Vert un porte-parole de World rugby.


Vous pouvez lire ce décryptage en intégralité, où il est notamment question des sponsors encombrants du Mondial et des réflexions pour organiser un tel événement de manière durable en cliquant ici

· Vendredi dernier, l’ONU a publié son évaluation de huit années de lutte contre le réchauffement climatique depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015 sous la forme de son premier «bilan mondial». Ce compte rendu cinglant, largement inspiré des conclusions du Giec, servira de base à la 28ème conférence mondiale (COP28) sur le climat à Dubaï en novembre. - Vert

· Lundi, les Bahamas, Tuvalu, Antigua-et-Barbuda, Vanuatu et d’autres États insulaires ont saisi le tribunal maritime des Nations unies. Jusqu’au 25 septembre, ils plaideront pour une accélération de la lutte mondiale contre le réchauffement, responsable de l’acidification de l’océan et de la montée des eaux. Dans cette action en justice inédite, ils réclament notamment que les émissions de gaz à effet de serre soient désormais considérées comme de la pollution marine. - Libération (AFP)

· Au dernier bilan, daté du 8 septembre, 40 000 personnes réparties dans 189 communes françaises étaient privées d’eau courante à cause de la sécheresse, a annoncé Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, dans un entretien accordé à Libération ce jeudi. La situation est toutefois moins mauvaise que l’année dernière : à la même période, 700 communes n’avaient pas d’eau au robinet.

· La France n’a pas tout à fait respecté ses objectifs en matière de gaz à effet de serre en 2022, conclut le dernier rapport de l’Observatoire énergie-climat, une instance développée par les ONG du Réseau action climat, publié jeudi. Si le compte est bon en matière d’émissions «brutes», ce n’est pas le cas pour les objectifs d’émissions «nettes» (c’est-à-dire le total national, moins le CO2 absorbé par les puits de carbone comme les sols, les forêts, etc) fixés par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) - la feuille de route climatique du gouvernement. Ceux-ci ont été dépassés de 19,9 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e), notamment à cause de l’affaiblissement des puits de carbone, fragilisés par les sécheresses, les incendies et le changement d’usage des terres. - Reporterre

· En grève de la faim depuis maintenant deux semaines, le militant Thomas Brail a investi un platane du boulevard Saint-Germain de Paris depuis jeudi matin. Il exige d’être reçu par l’exécutif pour demander la suspension du chantier de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse. - Vert

· Caisse qu’on fait ? Dévoilée mardi, une enquête conduite par les laboratoires d’idées la Fabrique écologique et le Forum Vies Mobiles révèle que la pratique du covoiturage quotidien peine à s’imposer en France. Au premier semestre 2023, les trajets covoiturés chaque jour représentaient un peu moins de 3% des trajets présents sur les plateformes numériques. - Vert

· Sarkommence. Invité de l’émission C à vous sur France 5 la semaine dernière, Nicolas Sarkozy a multiplié les sorties fausses et problématiques au sujet de la crise climatique qui serait, à son «avis» et au mépris de la science, principalement due à la démographie des pays du Sud. Décryptage de cette odieuse séquence à lire sur le site de Vert.

· Limite limite. Six des neuf «limites planétaires», soit les seuils à ne pas dépasser pour assurer la stabilité des écosystèmes et l’habitabilité de la Terre, ont été franchies et deux supplémentaires sont en passe de l’êtreconclut une étude internationale publiée dans la revue Science mercredi. L’utilisation de l’eau douce est la sixième limite a avoir été dépassée, tandis que l’acidification des océans et la concentration de particules fines dans l’atmosphère (autrement dit la pollution de l’air) approchent dorénavant des seuils limites. - Vert

· Suriname et conscience. Mercredi, TotalEnergies a dévoilé un nouveau projet pétrolier au large du Suriname, pays voisin de la Guyane. Objectif : extraire environ 200 000 barils par jour, soit autant que le projet controversé Tilenga en Ouganda. Le «Bloc 58», où deux champs ont été découverts, recèlerait l’équivalent de 700 millions de barils. Les Amis de la Terre avaient estimé l’impact du projet en Ouganda (pour une même production de 200 000 barils par jour) à 34,3 millions de tonnes de CO2 par an soit 17 fois les émissions nationales du Suriname. 

177

Au moins 177 défenseur·ses de l’environnement ont été tué·es dans le monde en 2022dévoile l’ONG Global Witness ce mercredi. La Colombie a, de loin, été le pays le plus meurtrier avec 60 morts en 2022, soit un tiers des assassinats enregistrés, tandis que l’Amérique latine dans son ensemble a totalisé neuf meurtres sur dix l’année dernière. Le rapport souligne la vulnérabilité particulière des communautés autochtones, en première ligne face à l'extraction de minerai ou l'exploitation forestière illégale. Elles sont victimes du tiers des assassinats recensés en 2022, alors qu’elles ne représentent que 5% de la population mondiale. Au total, près de 2 000 personnes ont été tuées dans le monde pour avoir protégé l’environnement entre 2012 et 2022. Plus d'informations sont à retrouver sur vert.eco

· Un train d’avance ? Mardi, l’association Mollow a publié des dizaines d’itinéraires réalisables en train et à vélo sur sa plateforme en ligne. Elle cherche à devenir un véritable guide du routard écolo, en agrégeant les forces d’autres acteurs du secteur du tourisme et des loisirs. Une initiative à découvrir sur vert.eco

· Vin du monde. L’Inrae et l’université de Bordeaux ont établi le classement des cépages les plus susceptibles de résister aux sécheresses à répétition, dans une étude parue cette année. À l’heure des vendanges, tour d’horizon des vins les plus résilients à lire sur vert.eco.

· On joue charte sur table. La Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique a soufflé sa première bougie jeudi. Le monde médiatique aura-t-il basculé en un an ? Un édito du rédacteur en chef de Vert à lire juste ici

Après la Grèce et la Turquie, la tempête Daniel s’est transformée en «medicane» et s’est déversée sur la Libye dimanche, faisant au moins 3800 morts et des milliers de disparu·es, selon des bilans provisoires. Contraction de «Méditerranée» et de «hurricane» («ouragan» en anglais), un «medicane» est une dépression qui prend des caractéristiques de cyclones tropicaux, alimentée par l’énergie contenue dans les eaux anormalement chaudes de la mer Méditerranée. Sous l’effet du réchauffement planétaire, celle-ci a battu des records de chaleur cet été. Plus d’informations à lire sur vert.eco

«L’hypocrisie de la France est affligeante dans le domaine de la protection de l’océan»

L'amer à boire. Dans la revue Nature, la communauté scientifique a récemment dénoncé l’hypocrisie de certains États, qui s'autoproclament «champions de l’océan» tout en sabotant des politiques visant à protéger les mers. La France en fait partie, explique Raphaël Seguin, chercheur en écologie marine, dans une tribune à Vert.

Comment l'agrochimie a tué les insectes

Ils ont fait mouche. Comment expliquer le déclin massif des insectes, lourd de conséquences pour la biodiversité terrestre ? Notamment par l’usage massif de pesticides néonicotinoïdes, substance au cœur de Comment l'agrochimie a tué les insectes, documentaire de 2021, à nouveau disponible en replay sur le site d'Arte. Basé sur le livre du journaliste Stéphane Foucart, Et le monde devint silencieux (2019), il offre un tour d’horizon pour mieux comprendre ce désastre imputable aux géants de l’agrochimie.

© Arte

+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux, Anne-Claire Poirier, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro